23/06/2015
sept ou huit personnes de génie bien unies doivent, à la longue, écraser leurs adversaires, et éclairer leurs contemporains
... Les recherches sont lancées . Voltaire est homme à chercher la qualité, plus que la quantité . Et nous, électeurs ? Sept ou huit personnes de génie, sur plus de 62 millions de Français, ça devrait exister ! A moins que le génie soit parfaitement incompatible avec la politique . Dans ce cas il va falloir se contenter du tout venant de classes partisanes et affairistes .
Pour l'instant on grince des dents à l'écoute d'un soi-disant humoriste, grassement payé pour pondre des super-con... : Super Nico ! qui question "fuite" est bien placé, doué d'une incontinence (verbale seulement ?) hors pair à faire se pâmer un urologue . Si , dans une caricature (nullement prophétique), on représente notre Sarko heureux de coucher avec un top model, je rajouterais volontiers le commentaire de Carla désolée de coucher avec un guignolo, futur ex-candidat bis aux présidentielles .
Sarko-Mario, même combat : gagner le plus de pièces d'or possible en écrasant les petits ! Qui veut être mené par un énergumène pareil ?
« A Charles Pinot Duclos 1
A Tournay, 20 juin 1760.
Je crois, monsieur, devoir vous informer de ce qui s'est passé entre M. Palissot et moi. Il vint aux Délices, il y a plus de deux ans 2; il m'envoya depuis, par le canal d'un jeune prêtre de Genève, sa comédie jouée à Nancy, qui ne ressemblait point à celle qu'il a donnée depuis à Paris. Je l'exhortai à ne point attaquer de très-honnêtes gens qui ne l'avaient point offensé. Le prêtre de Genève, qui est un homme de mérite, lui écrivit en conformité 3.
M. Palissot m'a envoyé sa pièce des Philosophes imprimée. Il a depuis donné au public une lettre pour servir de préface à sa comédie. Dans cette préface, il me fait l'injustice de dire que je suis au-dessus des philosophes qu'il outrage; je ne sens l'intervalle qui me sépare d'eux que par mon impuissance d'atteindre à leurs lumières et à leurs connaissances.
Il vous rend encore moins de justice qu'à moi, en attaquant sur le théâtre votre livre des Mœurs 4. Je lui ai mandé que je regarde ce livre comme un très-bon ouvrage ; que votre personne mérite encore plus d'égards 5; que, si M. Helvétius et tous ceux qu'il offense l'ont outragé publiquement, il fait très-bien de se défendre publiquement ; que, s'il n'a point à se plaindre d'eux, il est inexcusable. Telle est la substance de ma lettre, que j'ai envoyée à cachet volant à M. d'Argental. Voilà, monsieur, les éclaircissements que j'ai cru vous devoir touchant cette aventure, et je vous prie de les faire passer à M. Helvétius.
Quant à la persécution qui s'élève contre les seuls hommes qui fassent aujourd'hui honneur à la nation, je ne vois pas sur quoi elle est fondée. Je soupçonne qu'elle ressemble à celle qui s'éleva contre Pope, Swift, Arbuthnot, Gay 6, et leurs amis. Ils en triomphèrent aisément; je me flatte que vous triompherez de même, persuadé que sept ou huit personnes de génie bien unies doivent, à la longue, écraser leurs adversaires, et éclairer leurs contemporains.
Je pourrais me plaindre du Discours de M. Lefranc à l'Académie; il m'a désigné injurieusement. Il ne fallait pas outrager un vieillard retiré du monde, surtout dans l'opinion où il était que ma retraite était forcée ; c'était, en ce cas, insulter au malheur, et cela est bien lâche. Je ne sais comment l'Académie a souffert qu'une harangue de réception fût une satire.
Il est triste que les gens de lettres soient désunis: c'est diviser des rayons de lumière pour qu'ils aient moins de force. Un homme de cour s'avisa d'imaginer que je vous avais refusé ma voix à l'Académie 7; cette calomnie jeta du froid entre nous, mais n'a jamais affaibli mon estime pour vous. Jugez de cette estime par le compte exact que je vous rends de mon procédé; il est franc, et vous me rendrez justice avec la même franchise. »
2 En octobre 1755; voir lettre du 29 octobre 1755 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/11/point-de-lieux-communs-sur-la-promesse-de-mourir-sur-des-pri.html
3 Jacob Vernes .
4 Voir : http://lekti.net/liseuse/9782904227134/index.html?r=Charles%20Pinot%20Duclos%20Consid%C3%A9rations%20sur%20les%20m%C5%93urs%20de%20ce%20si%C3%A8cle,%201751
5 Voir lettre du 4 juin 1760 à Palissot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/04/il-y-a-des-articles-pitoyables-sans-doute-et-les-miens-pourr-5634190.html
6 Ces quatre hommes étaient effectivement amis, mais John Arbuthnot et John Gray ne furent jamais persécutés .
7 V* fait certainement allusion à l'élection du 22 septembre 1746 dans laquelle Duclos obtint 23 voix sur 24 . Dans les élections intérieures de la même année, V* , de notoriété publique avait soutenu La Ville contre Duclos parce que le premier était le protégé du marquis d'Argenson .
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