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18/02/2016

croyez que dans nos affaires les hommes nous conseillent fort mal , parce qu'ils ne se mettent jamais à notre place ; il ne faut prendre des conseils que de soi-même et des circonstances où l'on se trouve

... Quant à se faire conseiller par des femmes !... mais où irions nous ? [sic]

Oups ! je pense que les dites dames n'attendront pas le 8 mars pour me descendre en flammes .

Bon, ma minute misogyne annuelle est largement écoulée, je n'abuserai pas plus .

NDLR - L'auteur de ce blog prend des libertés intolérables que nous ne saurions cautionner , une retenue sur salaire est en cours, faute de retenue de langage .

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« A Ponce-Denis Ecouchard Le Brun

Au château de Ferney 19è février 1761

Plus j'y fais réflexion, plus je suis sûr, monsieur, que nous ne trouverons personne à Paris qui prenne intérêt à Mlle Corneille, et à son nom . Vous ne trouverez que ceux qui ont été outragés par Fréron assez justes pour le poursuivre ; les autres en rient . Dites à un de vos amis qu'on vient de faire un libelle contre vous, la première idée qui lui viendra sera de vous demander où il se vend et s'il est bien salé .

Je pense que ce qu'il y aurait de plus honnête, de plus doux et de plus modéré à faire, ce serait d'assommer de coups de bâton le nommé Fréron, à la porte de M. Corneille . Le second parti, est celui que j'ai eu l'honneur de vous proposer, c'est que vous vouliez bien dicter une requête à M. Corneille pour le lieutenant-criminel ; n'est-il pas en droit d'attendre quelque attention pour son nom ? n'est-il pas en droit de dire qu'il demande réparation de l'insulte faite à sa fille et à lui ? On lui reproche dans des lignes diffamatoires, d'avoir fait sortir sa fille du couvent pour la faire élever par un bateleur de la foire . Il est faux que ce L'Écluse ait été bateleur . Il est depuis vingt ans chirurgien du roi de Pologne . Il est faux qu'elle soit élevée par lui . Il est faux qu'il soit dans la maison où le calomniateur suppose qu'il est ; il est faux que le sieur L’Écluse soit même venu dans cette maison depuis plus de cinq mois . Mlle Corneille est dans la maison la plus honnête et la plus réglée, auprès d'un vieillard presque septuagénaire qui lui a assuré tout d'un coup de quoi être à l'abri de l'indigence le reste de sa vie ; elle est auprès d'une dame de cinquante ans qui lui tient lieu de mère , et qui ne la perd pas un instant de vue . Un homme très estimable, qui a servi de précepteur à Mme la marquise de Tessé, veut bien à présent lui donner des leçons ; elle mérite tous les soins qu'on prend d'elle ; son cœur paraît digne de l'esprit de son grand-oncle , et je vous assure qu'on ne peut avoir de conduite plus noble et plus décente que la sienne .

Voilà, monsieur, l'éducation de bateleur qu'on lui donne . Le père du grand Corneille était noble ; Mlle Corneille a près de deux cents ans de noblesse ; elle est alliée aux plus grandes maisons du royaume, et on la laisse outrager impunément dans des lignes diffamatoires d'un Fréron ; et des gens ont la bêtise de m'écrire que je dois mépriser les petits traits que Fréron a la bonté de me décocher, comme si c'était moi dont il s'agit dans cette affaire, comme si j'étais une jeune demoiselle à marier .

Ah monsieur ! croyez que dans nos affaires les hommes nous conseillent fort mal , parce qu'ils ne se mettent jamais à notre place ; il ne faut prendre des conseils que de soi-même et des circonstances où l'on se trouve .

Il n'est point du tout hors d'apparence, qu'il se présente bientôt un parti pour Mlle Corneille, et je peux vous assurer que les feuilles de Fréron qu'on lit dans les provinces lui feront grand tort, et pourront empêcher son établissement . Je ne vous avance rien ici, monsieur, sans de très justes raisons . Voyez donc s'il n'est pas convenable que le père qui nous a confié sa fille repousse hautement les bruits qui la déshonorent ?

Il est indubitable que le lieutenant de police fera comparaitre le coquin, et cette scène produira une relation de vous qu'on pourra mettre dans tous les papiers publics ; elle sera vraie ; elle sera forte et touchante, parce que vous l'aurez faite ; elle convaincra Fréron de calomnie, et décréditera ses indignes feuilles, indignement soutenues par M. de Malesherbes .

Pardonnez, monsieur, si je dicte toutes mes lettres . Mon état est bien languissant, mais je me sens encore de la chaleur dans le cœur, et surtout pour vous à qui je dois les sentiments de la plus tendre estime .

De tout mon cœur votre très humble et très obéissant serviteur

Volt. »

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