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27/04/2016

je n’ai jamais prétendu que vous hasardassiez le bout d'un ongle en écrasant l’infâme

... Ne pas mettre le doigt entre le marteau et l'infâme (clou, caillou, prêtre de tout poil, politicard, fanatique, truand, etc., etc. !

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« A Jean Le Rond d'Alembert

[vers le 31 mai 1761] 1

Non mon cher philosophe je n’ai jamais prétendu que vous hasardassiez le bout d'un ongle en écrasant l’infâme . Ne peut-on pas lancer la foudre et retirer la main ? Qui peut, mieux que vous, écrire avec force et sagesse, et montrer la turpitude de la carogne en feignant de raccommoder sa jarretière ? Le nom d'un homme est-il écrit au bas des pages ? Les honnêtes gens vous entendent et vous soupçonnent . Les sots sont forcés de se taire .

Je connais fort M. Dardelle ; il me semble que vous l'avez vu quelquefois . Vous ne le décèlerez pas . Vous pourrez montrer à quelque ami, à Mme du Deffand sa besogne . Mais sûrement vous ne la ferez pas courir . Je vous jure par la direction d'intention 2, et par tous les casuistes jésuites que je n'ai aucun commerce avec M. Dardelle, que je n'ai pas la plus légère part à la conversation de l'intendant des menus . Je suis en peine de savoir quel est le plus plat de maître Huerne, de maître Le Dains, et de maître Omer .

Je ne voudrais être à Paris que pour vous dire à quel point je vous estime et à quel point je méprise un maître Omer .

Écrasez l’infâme adroitement et vous aurez paradis . »

1 Cette lettre est une réponse à celle de d'Alembert du 19 mai 1761 ; « Écrasez l’infâme ; écrasez l’infâme ! Cela est bientôt dit, quand on est à cent lieues des fripons et des fanatiques, quand on a cent mille livres de rente, quand on a su par sa réputation et par sa fortune se rendre indépendant de tout . Mais un pauvre diable comme moi, n'écrase point les serpents de peur qu'en retournant la tête, les serpents ne le piquent au talon […] la bonne manière de les tuer , c'est de leur donner envie de crier, et que la voix leur manque ; et c'est à quoi on parviendra en ne parlant jamais d'eux, ni en bien ni en mal, en perfectionnant la morale naturelle, en montrant qu'elle est seule raisonnable, seule nécessaire au bonheur des hommes […] Tout le monde applaudit avec justice à votre projet de l'édition des œuvres de Corneille au profit de sa nièce . Je vous conseille de faire comme en Angleterre, de mettre les noms des souscripteurs à la tête du premier volume . Vous intéresserez par là la vanité de bien des gens […] Mme du Deffand me charge de vous dire qu'elle ne se contente pas de vos compliments, qu'elle aimerait bien mieux une de vos lettres, que vous lui avez promis de lui envoyer bien des choses qu'elle n'a pas reçues, que vous avez grand tort de la négliger […] J'oubliais de vous dire que le libraire Duchesne implore votre protection auprès des Cramer, pour qu'ils le chargent de débiter à Paris la nouvelle édition qu'ils préparent de vos ouvrages . On dit que ce Duchesne est un galant homme, et vous ferez bien de le préférer à Lambert, l'ami et le libraire de Fréron, et qui après tout ce que vous avez fait pour lui, imprime toutes les semaines des injures contre vous et vos amis . »

2 L'emploi de ce terme de casuistique signifie que V* fait un faux serment .

 

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