14/12/2016
les damnés sont ceux qui n'aiment rien
... Ni personne .
« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore
Au château de Ferney, pays de Gex, par Genève
15 décembre 1761 1
Mon amour-propre est vivement flatté
De votre écrit . Mon goût l'est davantage .
On n'a jamais par un plus doux langage,
Avec plus d'esprit blessé la vérité .
Pour Gabrielle en son apoplexie
D'aucuns diront qu'elle parle longtemps 2 .
Mais ses discours sont si vrais, si touchants,
Elle aime tant qu'on la croirait guérie .
Tout lecteur sage avec plaisir verra
Qu'en expirant la belle Gabrielle
Ne pense point que Dieu la damnera
Pour trop aimer un amant digne d'elle .
Avoir du goût pour le roi très chrétien
C'est œuvre pie ; on n'y peut rien reprendre .
Le paradis est fait pour un cœur tendrement
Et les damnés sont ceux qui n'aiment rien . »
1 Copie par Blin de Sainmore . L'original fait partie de la collection G. Bodin . Ed. Trésor du Parnasse ou le Plus Joli des recueils, 1762 (voir : https://books.google.com.pk/books/about/Le_Tr%C3%A9sor_du... ) . En tête du manuscrit, Blin de Sainmore a écrit : « Quelque temps après avoir reçu la réponse ci-dessus [lettre du 23 septembre 1761 à Blin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/09/06/c... ] je fus très étonné de voir courir dans les sociétés l'autre réponse en vers qu'on va lire et dont l'original ne m'est parvenu que longtemps après sa date . »
2 Sainmore fait ici un commentaire piqué : « La remarque de Voltaire n'est pas juste . Gabrielle n'est supposée écrire qu'après et non pas pendant une attaque d'apoplexie . Les premiers vers de l'héroïde le désignent assez clairement . »
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