06/03/2018
Vous avez demandé qu’on vous louât un appartement à Genève, dans le voisinage de M. Tronchin ; non seulement il n’y en a point, mais s’il y en avait, il serait d’une cherté excessive
... Vrai du temps de Voltaire, toujours vrai de nos jours, ce qui fait d'ailleurs le bonheur des propriétaires des zones limitrophes qui eux aussi peuvent se permettre de louer fort cher leurs biens, et le Pays de Gex a de ce côté un furieux air parisien , hélas .
Je ne crois pas que je serais preneur pour louer un caleçon, fût-il suisse, réputé "propre en ordre" !
« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon
Aux Délices 15 mars 1763
M. Tronchin, mademoiselle, m’a dit que votre état demande les plus grands ménagements et l’attention la plus scrupuleuse, et que vous risquez beaucoup si vous voyagez dans le temps de vos accès.
Vous avez demandé qu’on vous louât un appartement à Genève, dans le voisinage de M. Tronchin ; non seulement il n’y en a point, mais s’il y en avait, il serait d’une cherté excessive. Il y a même une famille considérable de Genève qui, ne pouvant trouver à se loger cette année, est obligée d’aller habiter un petit château que je possède à une lieue de la ville. Genève d’ailleurs n’est pas un séjour qui vous convienne, et on n’y honorerait pas vos talents comme à Paris.
Nous sommes actuellement, madame Denis et moi, aux Délices. C’est une maison de campagne assez agréable ; mais les appartements que nous pouvons donner sont bien mal disposés. Vous choisirez celui qui vous conviendra le mieux : ce sont plutôt des chambres que des appartements. Madame Denis est malade, je le suis aussi . M. Tronchin viendra dans notre hôpital pour nous trois. Nous irons passer la belle saison dans le petit château de Ferney, où vous serez beaucoup plus commodément logée. Ferney est à deux lieues de Genève ; on rendra compte tous les jours de votre état à M. Tronchin, qui veillera sur votre santé.
Voilà, mademoiselle, ce que je vous propose : l’état de madame Denis et le mien nous condamnent à un régime et à une retraite convenables à votre situation présente. Cependant, si vous voulez apporter un habit de fête pour le temps de votre convalescence, nous mettrons aussi les nôtres pour la célébrer. Il est juste que la descendante de Corneille voie la personne du monde qui fait le plus d’honneur à son grand-père, et que j’aie la consolation, dans ma vieillesse, de me trouver entre vous et elle.
J’ai l’honneur d’être, mademoiselle, avec tous les sentiments qui vous sont dus, etc. »
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