27/10/2018
La terre de Ferney étant toujours de l'ancien dénombrement elle tombera nécessairement quelque jour, entre les mains d'un citoyen de Genève, et il est important qu'elle conserve ses droits
... Mon cher Voltaire , tu as vu juste, notre pays de Gex est mité, émietté par nos voisins Genevois (entre autres ) qui ne trouvant plus de terre dans la parvulissime République deviennent propriétaires de maisons, appartements, terres que nos Gessiens sont heureux de céder à ces clients aisés , les plus offrants . On n'entend plus alors , chez les notaires, ces "Sales Suisses" et "Sales frouzes" qui claquaient sous la bise et le joran il y a peu encore . On peut trouver encore des partisans de la fusion pays de Gex -Genève , tant du côté suisse que du côté français ; sottise dont le but n'est que parfaitement financier, sans aucun sentiment amical, je vous assure . On verra ça le jour où on aura réalisé la traversée de la rade de Genève, en projet depuis dix lustres, et les poules auront des dents plus tôt je crois .
https://www.lepoint.fr/villes/des-terres-tres-convoitees-...
« A Jacob Favre
5è novembre 17636 à Ferney 1
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous adresser la lettre que je reçois de M. le premier président de Bourgogne , et de la soumettre à la prudence et à la discrétion du magnifique Conseil .
Je dois en même temps l'avertir que les curés de Gex prétendent toujours revenir contre toutes les aliénations des dîmes , et que la lettre de M. le duc de Praslin, quoique écrite au nom du roi, ne sera pas reçue par le parlement de Dijon, comme un ordre auquel il doive obéir . Les parlements du royaume ont des formalités dont ils ne se départent jamais . Vous voyez les deux ouvertures que donne M. le premier président de La Marche . C'est au magnifique Conseil de peser si le parti de demander que les traités soient enregistrés au parlement de Dijon n'est pas le plus convenable . En ce cas, je crois que M. Crommelin obtiendra aisément du ministre cette démarche qui paraît nécessaire, et qui est peut-être la seule qui puisse assurer à Genève, et aux seigneurs du pays de Gex la possession des droits et des dîmes dont ils jouissent . Je n'ai, monsieur, de volonté dans cette affaire, que celle du Conseil de Genève ; je me réglerai par ses ordres et par ses lumières .
La terre de Ferney étant toujours de l'ancien dénombrement elle tombera nécessairement quelque jour, entre les mains d'un citoyen de Genève, et il est important qu'elle conserve ses droits .
Je suis trop heureux et trop flatté que mes intérêts dépendent de ceux de votre République .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 La lettre fut lue au conseil le 7, « dont opiné l'avis a été de renvoyer, d'en délibérer après les fériés, et cependant d'envoyer copie de ces deux lettres au sieur Crommelin. »
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