26/01/2019
Ce n’est pas un petit renversement du droit divin et humain que la perte d’un conte à dormir debout, et d’un 5è acte qui pourrait faire le même effet sur le parterre, qui a le malheur d’être debout à Paris
... C'est un petit renversement du droit législatif et présidentiel que la tenue de comptes à dormir debout , et une 11è mobilisation ictérique ne peut faire le même effet sur les badauds qui ont le malheur d'être encore debout à Paris .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Aux Délices près de Genève,
le 20 janvier 1764
Ce n’est pas un petit renversement du droit divin et humain que la perte d’un conte à dormir debout, et d’un 5è acte qui pourrait faire le même effet sur le parterre, qui a le malheur d’être debout à Paris. J’ai écrit à mes anges gardiens une lettre ouverte que j’ai adressée à M. le duc de Praslin 1; j’adresse aussi mes complaintes douloureuses et respectueuses à M. Jeannel, qui, étant homme de lettres, doit favoriser mon commerce. Je conçois après tout que, dans le temps que l’Anti-financier causait tant d’alarmes, on ait eu aussi quelques inquiétudes sur l’Anti-intolérant . Ce dernier ouvrage est pourtant bien honnête, vous l’avez approuvé. MM. les ducs de Praslin et de Choiseul lui donnaient leur suffrage ; Mme de Pompadour en était satisfaite. Il n’y a donc que le sieur évêque du Puy et ses consorts qui puissent crier. Cependant, si les clameurs du fanatisme l’emportent sur la voix de la raison, il n’y a qu’à suspendre pour quelque temps le débit de ce livre, qui aurait le crime d’être utile ; et, en ce cas, je supplierais mes anges d’engager frère Damilaville à supprimer l’ouvrage pour quelque mois, et à ne le faire débiter qu’avec la plus grande discrétion. Ah ! si mes anges pouvaient m’envoyer la petite drôlerie de l’hiérophante de Paris, qu’ils me feraient plaisir ! car je suis fou des mandements depuis celui de Jean-George. Mes anges me répondront peut-être qu’ils ne se soucient point de ces bagatelles épiscopales, qu’ils veulent qu’Olympie meure au cinquième acte, que c’est là l’essentiel . Je leur enverrai incessamment des idées et des vers. Mais pourquoi avoir abandonné la conspiration ? pourquoi s’en être fait un plaisir si longtemps pour y renoncer ? Si vous trouvez les Roués passables, que ne leur donnez-vous la préférence que vous leur aviez destinée ? Si vous trouvez les Roués insipides, il ne faut jamais les donner. Répondez à ce dilemme : je vous en défie ; au reste, votre volonté soit faite en la terre comme au ciel 2! Je me prosterne au bout de vos ailes.
N.B. – J’ai écrit une lettre fort bien raisonnée à M. le duc de Praslin sur les dîmes 3.
Respect et tendresse. »
1 Cette lettre n'est pas connue, non plus que celle que V* dit envoyer à Jeannel . M. Besterman se demande si la correspondance de V* n'était pas à cette époque systématiquement interceptée, mais on voit mal pourquoi on aurait visé des lettres adressées à des officiels, de la perte desquelles V* a beau jeu de se plaindre auprès de ses correspondants . On peut se demander si ce ne sont pas ces derniers qui ont préféré ne pas faire état des lettres reçues de V*.
2 Rappel du pater noster rapporté par Matthieu, VI, 10, etc.
3 Lettre non connue .
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