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15/01/2020

Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois

... Ceci peut-il rassurer et consoler notre Stéphane Bern national , effondré par la "trahison" d'Harry envers sa grand'ma Lizbeth the II ?

 

 

« A Sébastien Dupont , Avocat au Conseil

souverain d'Alsace, etc.

à Colmar 1

Vous voilà , mon cher ami, du conseil de M. le duc de Virtemberg mais songez que vous êtes aussi à la tête du mien . Soyez arbitre entre lui et moi, entre la grandeur et l'amitié .

Il me semble que quelques publicistes allemands prétendent que toute les terres dépendantes du comté de Montbéliard sont substituées à perpétuité par des pactes de famille . Si cela était, comme je le présume, ma famille risquerait beaucoup ; ma nièce surtout, aurait à se plaindre, et il se trouverait que je l'aurais dépouillée de mon bien en voulant le lui assurer . Je sais que M. le duc de Virtemberg s’oblige pour lui et pour ses hoirs, mais ces hoirs pourront fort bien ne se point croire obligés . M. le prince Louis-Eugène de Virtemberg, frère du duc régnant, semble même refuser de s'engager par une simple parole d'honnêteté et de générosité qu'on lui demandait . Peut-être avec le temps pourrait-on obtenir de lui cette démarche que l'âme noble d'un prince ne doit pas refuser . Mais enfin nous n'avons fait jusqu'ici auprès de lui que de vains efforts .

Vous sentez bien, mon cher ami, que ce n'est pas mon intérêt qui me guide . Je tombe dans une décrépitude infirme, et le duc régnant me survivra sans doute, mais Mme Denis peut lui survivre, et vous savez que j'étais prêt de passer un autre contrat avec lui, en faveur de mon autre nièce et de mes neveux . La difficulté qui se présente arrête la conclusion de cette affaire, et fait trembler pour les précédentes .

Vous êtes à portée de savoir si en effet le duc régnant a pu stipuler pour ses hoirs, si les domaines de Franche-Comté et d'Alsace répondent de la dette, et quelles mesures on pourrait prendre pour nous donner toutes les sûretés nécessaires . J'avoue que je n'avais jamais douté que M. le prince Louis qui m'a honoré de ses bontés depuis son enfance, et qui est aujourd'hui mon voisin, pût faire la moindre difficulté d'acquitter un jour une dette si légitime, en cas qu'on eût le malheur de perdre son frère aîné . Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois que de la volonté des hommes .

Je m'en remets à vous, mon cher ami ; je vous prie de conduire ce pauvre aveugle, qui l'est surtout en affaires, et qui vous aime de tout son cœur .

V.

 

20è novembre 1764 à Ferney.

N.B. – Je présume que les terres du duc de Virtemberg qui sont en France, sont régies selon les lois de la France, et il me semble que nos lois ne permettent plus les substituions perpétuelles, excepté sur les duchés-pairies, mais j'ai cherché en vain ces règlements dans les conférences de Bornier 2. Il est rare de trouver dans les livres ce qu'on y cherche . Je vous supplie de conférer de tout cela avec M. de Bruge, qui doit être depuis longtemps au fait des affaires de la maison de Virtemberg. »

1 Le manuscrit original porte le cachet « Strasb[ourg] » ; Dupont a porté sur le manuscrit « répondu le 1er décembre 1764 » et « Struve Corp[us] juris public [academicum, Jena, 1734] p. X, 196. Alsatia illustrata t. 2, P. 78 ordonn[ance] d'Orléans oct [obre] 17] 59 la Novelle 159 »

2 Philippe Bornier , Conférences des nouvelles ordonnances de Louis XIV […] avec celles des rois prédécesseurs de sa Majesté, 1681 .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9607069f.texteImage