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07/04/2020

Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono . Je n’en dis pas de même de votre amitié et de l’envie de vous voir

... A Mam'zelle Wagnière

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Nous y retournerons

 

 

« A Jacques-François-Paul Aldonce de Sade

Le second volume 1 m’est arrivé, monsieur : je vous en remercie de tout mon cœur ; mais M. Fréron vous doit encore plus de remerciements que moi. Il doit être bien glorieux : vous l’avez cité 2, et c’est assurément la première fois de sa vie qu’on l’a cru sur sa parole. Mais, comme je suis plus instruit que lui de ce qui me regarde, je puis vous assurer que je n’ai pas seulement lu cet extrait de Pétrarque dont vous me parlez. Il faut que ce Fréron soit un bien bon chrétien, puisqu’il a tant de crédit en terres papales. Vous m’avez traité comme un excommunié. Si la seconde édition de l’Histoire générale était tombée entre vos mains, vous auriez vu mes remords et ma pénitence d’avoir pris 3 la rime quaternaire pour des vers blancs. Ces rimes de quatre en quatre n’avaient pas d’abord frappé mon oreille, qui n’est point accoutumée à cette espèce d’harmonie. Je prends d’ailleurs actuellement peu d’intérêt aux vers, soit anciens, soit modernes . Je suis vieux, faible, malade.

 Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono 4.

Je n’en dis pas de même de votre amitié et de l’envie de vous voir : ce sont deux choses pour lesquelles je me sens toute la vivacité de la jeunesse.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, du meilleur de mon cœur, et sans cérémonie, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire.

23 janvier 1765 au château de Ferney. »

2 Dans son introduction au second volume des Mémoires pour la vie de Pétrarque, Sade cite une déclaration de Fréron dans l'Année littéraire du 31 juillet 1764, selon laquelle le compte-rendu de la Gazette littéraire de l'Europe sur l'ouvrage de Sade est de V* (voir lettre du 18 juin 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/27/j... ) . Fréron a bien entendu raison et le démenti que donne ici V* est pur mensonge !

3 Dans l'édition de 1761 d'un passage de l'Essai sur les mœurs (chapitre actuel LXXXII) V* dit que l'ode de Pétrarque à la fontaine de Vaucluse est en vers blancs . Il corrigera cette erreur dans l'errata du même volume et dans les éditions suivantes .

4 C'est pourquoi je renonce maintenant aux vers et aux autres amusements ; Horace, Épîtres, I, i, 10.

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