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24/07/2020

Il est fort à son aise, nous lui avons fait bâtir une jolie église, nous lui avons donné des ornements d'évêque, et s'il ne boit pas d'aussi bon vin que moi, il en boit beaucoup davantage

... Ah ! l'heureux temps où l'on pouvait boire, vin de messe ou autre, sans inviter ce fumeux "modération" !

Si les musulmans m'agacent par leurs invocations incessantes à Allah au début, au milieu , à la fin de chaque phrase, les présentateurs de télévision et tous journalistes de l'audio-visuel me gonflent sérieusement par leur "avec modération" dès qu'on parle, peu ou prou, de boisson, peu ou prou, alcoolisée . On croirait qu'ils jouent leur place s'ils ne se plient pas à la sacro-sainte formule . Ridicule ! 

En toute logique médicale, la modération devrait être aussi impérative pour toutes les boissons sucrées, sodas et autres mixtures qui tuent plus sournoisement mais aussi à coup sûr que le picrate de nos anciens . Maintenant que nous avons des élus écologistes patentés , quand vont-ils pondre un texte de loi étendant le "modération" aux boissons mortelles non alcoolisées ?

https://www.pressesante.com/sodas-un-pied-dans-la-tombe-s...

 

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

A Ferney , 10 avril 1765

Monsieur,

Ce que vous avez bien voulu m'écrire dans la dernière lettre dont vous m'honorez 1, concernant les justices subalternes, est digne d'un magistrat tel que vous . Je vis, il y a un an, le parlement de Bourgogne, sous la juridiction duquel j'ai le bonheur de me trouver, donner un bel exemple qui doit contenir ces justices dans les bornes des lois . Une pauvre fille de mon voisinage qui n'avait point celé sa grossesse, et qui était accouchée entre les mains de trois femmes d'un enfant mort en naissant, fut condamnée à être pendue par des juges de village : elle fut amenée par-devant votre Tournelle qui la déclara innocente, et trouva la sentence très inique .

Quelques-uns de vos magistrats me firent plusieurs mois après, l'honneur de venir dîner à Ferney . Le juge qui avait porté cette malheureuse sentence s'y trouvait, on en parla ; un de vos messieurs, indigné, lui dit : « Quel est le butor qui a prononcé cette sentence ? Il mériterait qu'on le prît à partie, et qu'on le punît sévèrement . »

Le butor à qui on adressait la parole ne répondit rien, et je ne lui fis pas l'affront de le découvrir . Je peux vous assurer, monsieur, que la justice de Gex aurait besoin quelquefois d'être éclairée par ses supérieurs . M. Dupuits qui a épousé Mlle Corneille et qui aura l 'honneur de vous rendre ma lettre, est appelant d'une sentence de Gex, rendue contre lui en faveur d'un Genevois 2. Je crois que vous serez son juge ; je ne prends pas la liberté inutile de vous solliciter ; la sollicitation ne doit être que dans l'évidence du bon droit . Il vous expliquera sa cause . Peut-être est-elle d'une nature que les ordonnances sur substitution n'ont ni assez éclaircie, ni même assez prévue : car l’ordonnance ressemble assez, comme vous savez, au conte de La Fontaine : On ne s'avise jamais de tout 3.

Je crois que je serai bientôt au nombre de vos clients . Ma nièce, du moins, à qui j'ai donné le château de Ferney, pourra être obligée de plaider par-devant vous contre son curé pour les dîmes ; c'est une affaire dont nous n'avons pas encore la moindre connaissance ; elle était pendante au Conseil du roi du temps des prédécesseurs du seigneur et du curé . Les principaux documents sont à Turin et à Berne ; tout ce que j'en sais, c'est que nous avons contre nous le concile de Latran, et pour nous Henri IV ; c'est lui qui sollicite en notre faveur, et je crois même que vous avez déjà fait gagner notre cause, en enregistrant des lettres patentes de ce prince qui maintiennent les seigneurs de Gex dans la possession de leurs dîmes, en vertu des traités faits avec les ducs de Savoie et le canton de Berne . Je ne sais si ces traités furent enregistrés au parlement . Il serait bien étrange qu'on eût omis une formalité si essentielle .

M. de Fontette négocie actuellement avec M. le duc de Praslin, pour prendre des arrangements convenables . Je n'en sais pas davantage . Oserais-je vous supplier, monsieur, d'en parler à M. de Fontette ? Il paraît que messieurs de Berne et de Genève ayant les mêmes intérêts que nous dans ce qui regarde le maintien des traités, c'est une affaire d’État autant que de jurisprudence .

Au reste , les petits délais que doit nécessairement éprouver le curé de Ferney, ne lui sont pas bien préjudiciables . Il est fort à son aise, nous lui avons fait bâtir une jolie église, nous lui avons donné des ornements d'évêque, et s'il ne boit pas d'aussi bon vin que moi, il en boit beaucoup davantage .

J’ai l'honneur d'être, avec beaucoup de respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire . »

1 Lettre inconnue .

2 Vers cette époque Mme Denis écrit à Ruffey : « [M. Dupuits] vient à Dijon pour un procès qui doit être jugé incessamment . […] Faites-nous l'amitié de le conduire et de lui dire les démarches qu'il faut faire . »

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