29/07/2015
Plus je me flatte monsieur d'être une de vos plus anciennes connaissances, moins j'espère le bonheur de vous revoir
... Ce qui fait deux personnes fragiles, ou dites "à risque", qui de toute façon ne peuvent plus se voir avant la saint Glinglin, confinement Covid 19 oblige .
Mis en ligne le 13/11/2020 pour le 29/7/2015
« A Charles-Guillaume Le Normant d'Etioles
Au château de Tournay pays de Gex
par Genève 28 juillet 1760
Mme de Winterfeld 1, monsieur, m'apprend avec quelle bonté vous voulez bien vous souvenir de moi . J'en suis pénétré jusqu'au fond du cœur . Vous savez combien j'ai toujours été attaché à toute votre famille, et surtout à M. de Tournehem 2. Plus je me flatte monsieur d'être une de vos plus anciennes connaissances, moins j'espère le bonheur de vous revoir . Mon âge avancé et le parti de la retraite que j'ai pris depuis longtemps m'interdisent la consolation de me rapprocher de vous . C'en est une pour moi bien grande et bien sensible, de savoir que vous daignez vous intéresser à moi, et je goûte un plaisir infini à vous en remercier . Mme de Winterfeld m'assure que vous permettrez que je vous adresse un paquet pour elle et un autre pour M. Thieriot 3 . Je ne prendrais pas cette liberté si je n'y étais autorisé par la lettre de Mme de Winterfeld , par l'amitié qu'elle m'a conservée et par celle qu'elle a pour vous .
Mes terres qui sont situées sur la frontière m'ont valu quelquefois un peu de correspondance avec messieurs vos confrères . Je n'ai éprouvé de leur part que des procédés nobles et de bons offices dont je suis extrêmement reconnaissant . Quand je me trouverais dans votre département, je n’aurais pas été traité avec des attentions plus polies .
Comptez, monsieur, que je vous conserve les mêmes sentiments que j'avais pour monsieur votre oncle, et que j'ai l'honneur d'être avec la sensibilité la plus vive et un dévouement entier
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi . »
1 Mme de Winterfeld est l'ancienne Olympe du Noyer (Pimpette ); elle était apparentée avec Le Normant d'Etioles, mari de Mme de Pompadour (voir lettre du 5 février 1754 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/05/j... )
2 Charles-François-Paul Le Normant d'Etioles, seigneur de Tournehem, oncle du destinataire de cette lettre .
3 Le Normant d'Etioles s'était vu attribuer une haute fonction dans l'administration des postes ; la lettre à Thieriot est celle du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/13/c-est-dommage-a-la-verite-de-passer-une-partie-de-sa-vie-a-d-6276868.html
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