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05/02/2011

je remets le tout à votre volonté, à votre prudence . Peut-être ne faut-il rien faire du tout.

 

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Volti fait confiance à celle qui sera sa compagne pendant encore 24 ans .

Il est encore dans le doute sur son avenir et se fie à ce fameux , -trop fameux ? -, sixième sens féminin . Pour combien de temps ? Est-ce bien raisonnable ?

 

Douce histoire de courrier : Poste restante :http://www.deezer.com/listen-2891209

Petite dédicace à Mam'zelle Wagnière , une chanson qui me donne le sourire :http://www.deezer.com/listen-6473468

Avec sa formule de salutation , Volti aurait-il pu chanter  :  http://www.deezer.com/listen-6473468  ?

 

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

Ce 5 février [1754] à Colmar, au matin

 

Je vous ai envoyé plusieurs paquets, ma chère enfant, par M. Thiroux, par M. Bouret, et par M. de La Reynière i. Vous ne m'avez jamais accusé que la réception du premier tome de ces tristes Annales de l'Empire. Je vous adressai il y a plus de quinze jours un petit paquet pour Mme de Winterfelt ii, rue Sainte Anne aux Nouvelles catholiques . Il y avait dans ce paquet une lettre pour le président d'Auneuil qui me doit quatre années d'une rente, ainsi que beaucoup d'autres débiteurs qui ont tous profité de mon absence pour ne point payer. Mme de Winterfelt n'a point reçu ce paquet. Elle est cousine de Mme de Pompadour . Elle avait eu il y a quelque temps une conversation sur mon compte , et Mme de Pompadour lui avait témoigné de la bonté pour moi. Elle m'en instruisait et je lui répondais . Il est triste que cette mettre n'ait pas été rendue. Voilà le troisième ordinaire que je ne reçois point de vos nouvelles . Je vous ai suppliée deux fois de m'envoyer le manuscrit de l'Histoire universelle iii. Je n'ai point de réponse sur cet article . Je vous ai adressé un paquet pour Lambert iv. J'ignore encore si vous l'avez reçu . Je vous ai demandé une malle de tous mes papiers de quelque nature qu'ils soient, et en quelque endroit de mon appartement qu'ils puissent être v. Je vous réitère mes prières, et mes excuses pour toutes ce importunités, mais j'ai compté sur la pitié que vous auriez de moi. Un peu d'occupation m'est nécessaire dans les petits intervalles de mes souffrances continuelles, et il faut absolument que je mette de l'ordre dans mes papiers parmi lesquels il y en a de nécessaires. Si j'étais l'homme le plus sain du royaume comme vous me le disiez dernièrement, je serais déjà parti . Mais la rigueur de l'hiver, mon peu de forces, et la continuité de mes maux m'obligent d'attendre un temps plus doux. J'avais eu l'idée d'une retraite à quelques lieues de Paris, mais la nouvelle bombe qui m'est tombée sur la tête a dérangé mes desseins et mes espérances vi. Il ne me reste à présent d'autre parti que d'arranger mes affaires de façon que je puisse aller mourir paisiblement dans la solitude que ma destinée me permettra d'habiter.

 

J'attendais le paquet de Cadix vii que vous m'aviez promis par M. Bouret . Je ne l'ai point reçu. Ainsi je reste dans l'incertitude de toutes mes affaires . Je vous demande encore pardon de ces détails . Que votre amitié les excuse, et que cette même amitié me tire de ces petits embarras. Je ne sais encore quel parti vous prendrez au sujet de la maison viii, mais si vous avez la bonté de prendre un homme entendu pour emballer mes meubles et mes livres, ce ne sera point une fatigue pour vous. Cet homme que vous aurez choisi, avec qui vous aurez eu la bonté d'établir un marché, prendra sur lui toute la peine. Il y a un nommé Pagni qui fait des expériences comme Nolet, et qui m'a fourni beaucoup de machines. Il demeure sur le quai des Quatre-nations, il est adroit, il emballera tous mes instruments de physique si Bordier ix n'est plus au logis. Le portier peut servir à chercher quelque magasin où l'on puisse déposer mes effets bien emballés que je ferai transporter par la rivière selon le parti que ma douloureuse situation me forcera de prendre. Je suis trop convaincu des sentiments que vous me conservez et qui font ma consolation pour douter que vous ne vouliez bien me rendre tous ces petits services que je vous demande. Voici des occasions où un peu d'exactitude et d'ordre est nécessaire. Ne pourriez-vous pas avoir un commissionnaire que nous chargerions de tous les détails ?

 

A l'égard du placet que je vous ai adressé x, et de la lettre à Mme de Pompadour xi, je remets le tout à votre volonté, à votre prudence . Peut-être ne faut-il rien faire du tout. C'est trop demander grâce. Il faut faire son paquet, souffrir en silence, et attendre la fin de mes peines de la mort. Je vous embrasse, je vous souhaite une vie aussi heureuse, ma chère enfant, que la mienne est infortunée.

 

V. »

 

i Thiroux de Mauregard, page 201 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k352230/f208.image.p... ,

Etienne-Michel Bouret : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne-Michel_Bouret ,

Gaspard de La Reynière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Gaspard_Grimod_de_La... ,

tous trois fermiers généraux.

 

 

ii Olympe du Noyer, « Pimpette », dont il fut amoureux à 19 ans, lors de son séjour à La Haye en 1713 ; cf. lettre de décembre 1713 à elle adressée : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/05/a...

 

iii Il a fait quatre demandes , 17, 24, 27 et 29 janvier : « Le travail seul p(ouvant) diminuer la cruauté de (s)a situation ... (il) (s') occuperai(t) à finir cet ouvrage et à le rendre plus digne de paraitre un jour. » Il aurait également « par devers (lui) de quoi (se) justifier » en faisant comparer le texte de l'original à celui de l'édition de Néaulme. Il recevra le manuscrit en question le 28 février.

 

iv V*, le 5 janvier la « suppliait d'envoyer » à Lambert une lettre où il proposait à celui-ci de s'entendre avec l'imprimeur de Colmar, Schoepflin, pour débiter Les Annales de l'Empire, dont le second tome est sous presse, et où il lui promettait l'Histoire universelle et les Œuvres mêlées . Par la suite, il enverra des corrections à Lambert pour le premier tome des Annales.

 

v Il les a déjà demandés le 22 août 1753.

 

vi Le 27 janvier, à Mme Denis , il disait que ce qu'elle lui mandait était « un coup de foudre bien accablant », car elle lui avait appris « les volontés du maître », donc la volonté du roi qui ne veut pas de son retour à Paris ; Louis XV l'avait dit à Mme de Pompadour . Cf. lettre du 20 février à d'Argenson : lettre MMXXXV page 11 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f115.image.p...

 

 

vii Argent et papiers d'affaire qui viennent de Cadix.

 

viii Dès le 27 janvier il manifesta le désir de ne pas garder la maison qu'il occupait avant son départ en Prusse, rue Traversière avec sa nièce . Il conseillait à celle-ci d'en louer la moitié, de faire emballer meubles et tableaux, faire vendre ou lui laisser les deux tiers de la vaisselle, après en avoir pris un tiers.

 

ix Le physicien Du Bordier .

Voir aussi : http://jfgauvin2008.wordpress.com/2009/03/

 

x Adressé vers le 29 janvier à Malesherbes, placet qu'il devait présenter au roi par l'intermédiaire de son père le chancelier de Lamoignon . Malesherbes était censé savoir par Mme Denis que V* lui avait demandé de supprimer l'édition pirate incriminée de l'Histoire universelle.

 

xi Le 27, V* adressait aussi une lettre, pour Mme de Pompadour, qu'il demandait à Mme Denis de cacheter et d'envoyer si elle le jugeait à propos.

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