29/08/2015
la punition est douce , s'il est coupable de toutes les choses dont on l'accuse
... Je vous laisse choisir votre victime .
Mis en ligne le 17/11/2020 pour le 29/8/2015
« A Etienne-Noël Damilaville
29 d'auguste 1760
Je réponds, monsieur, à votre lettre du 12 . Je vois avec plaisir l'intérêt que vous prenez à l'honneur des belles-lettres . Plus la place que vous occupez semblait devoir vous interdire le goût de la littérature, plus vous y avez de mérite . La publication de l'Histoire de Russie sous Pierre le Grand est une nouvelle prématurée . Vous me feriez plaisir, monsieur, de me dire quel est ce M. Do... dont vous n'achevez pas le nom : les Suisses comme moi ne sont pas au fait de l'histoire de Paris et n'entendent pas à demi-mot . Je n'ai point encore vu l'imprimé qui a pour titre Requête de Jérôme Carré aux Parisiens . Vous me feriez plaisir de me l'envoyer ; on dit qu'il est différent de celui qui courait en manuscrit . On m'a mandé qu'on jouait L’Écossaise à Lyon, à Bordeaux et à Marseille avec le même succès qu'à Paris . Je ne sais pas pourquoi le sieur Fréron s'est obstiné à se reconnaître dans le Frélon de M. Hume . Il est certain que ce n'est pas la faute de Jérôme Carré, qui n'est qu'un simple traducteur, et qui est l'innocence même . Il ignorait absolument qu'on eût jamais parlé d'envoyer le sieur Fréron aux galères . C'est le sieur Fréron lui-même qui a appris cette anecdote au public : il doit savoir ce qui en est .
En attendant il est exécuté sur tous les théâtres de France ; la punition est douce , s'il est coupable de toutes les choses dont on l'accuse . On m'a envoyé des mémoires sur sa vie 1, dont il y a, dit-on, plusieurs copies dans Paris . Il paraît par ces mémoires que cet homme appartient plus au Châtelet qu'au Parnasse . Au reste je ne l'ai jamais vu ; je n'ai lu que deux ou trois de ses misérables feuilles qu'on oublie à mesure qu'on les lit .
Je m'occupe bien plus agréablement de vos lettres et des sentiments que vous me témoignez que des sottises de ce gredin . Comptez, monsieur, sur la vive sensibilité de votre etc. »
1 Voir lettre du 20 août 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/16/continuez-a-combattre-en-faveur-du-bon-gout-et-du-sens-commu-6277712.html
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