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14/05/2021

il est utile même que le peuple soit persuadé que la vie et la mort dépendent du Créateur

... Utile ? Oui, pour ceux qui gouvernent par la trouille et appâtent le troupeau des croyants à grandes portions de paradis mirifiques .

Où en est le Créateur en Israël ces jours-ci ?

Il est confiné ! Il n'est pas vacciné, bien qu'étant prioritaire . Il n'a pas coché la case "Motif familial impérieux, assistance aux personnes vulnérables, garde d’enfants, situation de handicap " ; tout s'explique .

Il passe la main à Poutine, grand défenseur de la paix s'il en est ; nos sénateurs peuvent en témoigner : https://www.senat.fr/rap/r07-416/r07-4165.html

et 

https://www.lefigaro.fr/international/vladimir-poutine-celebre-la-grandeur-russe-et-la-fete-sacree-de-la-victoire-contre-le-nazisme-20210507.

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

25 janvier 1766 1

Mon cher frère, vous souvenez-vous d’un certain mandement de l’archevêque de Novogorod, que je reçus de Paris la veille de votre départ ? J’en ignore l’auteur, mais sûrement c’est un prophète. Figurez-vous que la lettre de M. le prince de Galitzin en renfermait une de l’impératrice qui daigne m’apprendre qu’en effet l’archevêque de Novogorod a soutenu hautement le vrai système de la puissance des rois2 contre la chimère absurde des deux puissances. Elle me dit qu’un évêque de Rostow, qui avait prêché les deux puissances, a été condamné par le synode auquel l’archevêque de Novogorod présidait, qu’on lui a ôté son évêché, et qu’il a été mis dans un couvent. Faites sur cela vos réflexions, et voyez combien la raison s’est perfectionnée dans le Nord.

Notre grand Tronchin ne vous apporte rien, parce que je n’ai rien. Les chiffons dont vous me parlez ont été bien vite épuisés. Boursier jure qu’il vous a envoyé les numéros 18 et 19 3. Fauche n’envoie point les ballots ; je ne reçois rien, et je meurs d’inanition.

Il pleut tous les jours à Genève de nouvelles brochures 4; ce sont des pièces du procès qui ne peuvent être lues que par les plaideurs.

La querelle de Rousseau sur les miracles a produit vingt autres petites querelles, vingt petites feuilles dont la plupart font allusion à des aventures de Genève, dont personne ne se soucie. On m’a fait l’honneur de m’attribuer quelques-unes de ces niaiseries. Je suis accoutumé à la calomnie, comme vous savez.

J'oubliais de vous dire que l'impératrice de Russie est étonnée de la sensibilité que M. d'Alembert passe pour avoir marquée dans l’affaire de sa pension . Il faut qu'elle ait lu de mauvaises gazettes . Je l’ai mise au fait et je l'ai rassurée sur la manière de penser de notre philosophe . Vous auriez bien dû lui dire quelque chose des procédés généreux de M. le duc de Choiseul. 5

Je ne saurais finir sans vous parler de sainte Geneviève. Il est bon d’avoir des saints, mais il est encore mieux de se résigner à Dieu ; il est utile même que le peuple soit persuadé que la vie et la mort dépendent du Créateur, et non pas de la sainte de Nanterre. C’est le sentiment de tous les théologiens raisonnables, et de tous les honnêtes gens éclairés. Écr. l’inf. »

1 Dans l'édition Darmstadt manquent les trois derniers mots .

2 Note de Beuchot (en 1879 ): « Une copie qui m’est parvenue récemment de la lettre de Catherine, du 17-28 novembre 1765 (, contenait, après le second alinéa, le passage inédit que voici :

« Les sujets de l’Église souffrant des vexations souvent tyrannique, auxquelles les fréquents changements de maîtres contribuaient encore beaucoup, se révoltèrent vers la fin du règne de l’impératrice Élisabeth, et ils étaient à mon avènement plus de cent mille en armes. C’est ce qui fit qu’en 1762 j’exécutai le projet de changer entièrement l’administration des biens du clergé, et de fixer ses revenus. Arsène, évêque de Rostou, s’y opposa, poussé par quelques-uns de ses confrères, qui ne trouvèrent pas à propos de se nommer. Il envoya deux mémoires où il voulait établir le principe des deux puissances. Il avait déjà fait cette tentative du temps de l’impératrice Élisabeth. On s’était contenté de lui imposer silence. Mais son insolence et sa folie redoublant, il fut jugé par le métropolitain de Novogorod et par le synode entier, condamné comme fanatique, coupable d’une entreprise contraire à la foi orthodoxe autant qu’au pouvoir souverain, déchu de sa dignité et de la prêtrise, et livré au bras séculier. Je lui fis grâce, et je me contentai de le réduire à la condition de moine. »

Le passage de la lettre de Voltaire à Damilaville prouve, ce me semble, l’authenticité du fragment que je viens de transcrire. (Beuchot.)

L'éditeur Garnier ajoute : « On pourrait croire aussi, d’après l’avant-dernier paragraphe de la lettre 6367 ( 21 juin 1766 ), que ce fragment faisait partie d’un mémoire, distinct de la lettre du 28 novembre 1765 , adressé par Catherine à Voltaire. »

Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/11/la-tolerance-est-etablie-chez-nous-elle-fait-loi-de-l-etat-et-il-est-defen.html

4 Rivoire en compte une vingtaine pour le mois de janvier 1766 .

5 Ce paragraphe manque dans l'édition Garnier .

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