13/08/2021
c’est la cause de la nation, c’est celle de la tolérance, c’est le combat de la raison contre le fanatisme
... Entendez-vous anti-vax bornés et dangereux ? Vous n'avez pas encore compris en voyant la situation d'outre-mer où la croyance en l'irrationnel mène à la tombe ? Le mensonge au service de la trouille que vous diffusez est criminel . Continuez à manifester : 250 000 bas de plafond attendus sur 200 villes ! Vous vivrez les prémices de votre disparition après votre quart d'heure de célébrité télévisé . RIP .
https://www.mesapress.com/opinion/2019/05/09/anti-vaxxers...
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
21è mai 1766 1
Mon cher Cicéron, je suis pénétré de vos attentions, et très affligé de la maladie que vous avez essuyée. Je vous félicite de n’avoir point été chargé de la cause de Lally, qui a été si malheureuse. Vous n’êtes fait que pour les triomphes. J’augure très bien du procès de M. de La Luzerne, puisque vous l’avez entrepris 2. Quant à celui des Sirven, le mémoire paraîtra toujours assez tôt pour faire un très grand effet dans le public. Ce public est toujours juge en première et dernière instance. Un mémoire attachant, éloquent, bien raisonné, le persuade ; et quand le cri public s’élève et persévère, il force les juges à faire justice. D’ailleurs, ce mémoire pour les Sirven ne se borne pas à une seule famille . Tous les pères de famille y sont intéressés ; c’est la cause de la nation, c’est celle de la tolérance, c’est le combat de la raison contre le fanatisme. Vous écrasez la dernière tête de l’hydre. Enfin je suis toujours persuadé que votre factum mettra le sceau à la grande réputation que vous vous êtes déjà faite. Je ne sais quel sentiment m’intéresse davantage, ou la pitié pour les Sirven, ou mon zèle pour votre gloire.
Mille respects à votre illustre et aimable compagne.
V. »
1 Le même jour, Mme Du Deffand écrit à Walpole à propos de Voltaire : « Ah ! Quel esprit m'a-t-il donné, celui qui fait qu'on ne peut être ni content de soi ni des autres ! »
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Les tracasseries de Genève continuent toujours . Je crois qu’on ne s’en soucie guère à Paris
... Et pourtant, Mme Hidalgo voici un modèle selon votre coeur de bienfaitrice :
https://www.geneve.ch/fr/actualites/defi-quotidien-entret...
La poutseuse en chef
« A Etienne-Noël Damilaville
21 mai 1766 1
En réponse à votre lettre du 15, mon cher ami, je vous dirai que je viens de lire l’article 2 dont vous m’avez parlé ; tout mon petit troupeau et moi, nous en sommes transportés. J’ai fait l’acquisition, dans mon bercail, d’un jeune avocat qui est notre bailli 3, et qui est homme à plaider vigoureusement contre les intolérants.
Le buste en ivoire 4 d’un homme très-tolérant partit à votre adresse le 13 de ce mois. Il est vrai que c’est un vieux et triste visage, mais ce morceau de sculpture est excellent.
Je ne sais si vous avez lu une Vie de Henri IV, par un M. de Bury, qui s’est avisé, je ne sais pourquoi, de comparer notre héros à Philippe, roi de Macédoine, auquel il ne ressemble pas plus qu’à Pharaon. Je vous ai déjà dit que cet homme s’était déchaîné dans sa préface contre le président de Thou. Nous avons trouvé un vengeur 5 . Un de mes amis s’est chargé de la cause de de Thou contre Bury. Il a inséré dans cette défense quelques anecdotes assez curieuses. Je crois que cet ouvrage peut s’imprimer à Paris. Je le ferai transcrire, je vous l’enverrai, et vous en pourrez gratifier l’enchanteur Merlin.
Croyez-vous qu'en effet M. de Calas vienne faire un tour à Genève ?
Voici un petit mot pour son défenseur et celui des Sirven . Nos pauvres Sirven trouveront la pitié du public bien épuisée ; mais enfin nous serons contents si nous obtenons quelque justice . J'espère toujours que le factum de M. de Beaumont sera un chef-d’œuvre et un coup terrible porté au fanatisme .
J'attends les mémoires pour et contre Lally et le factum pour M. de La Luzerne 6. J'attends surtout le Fréret dont vous m'avez tant parlé .
Je n’ai point encore pu parvenir à me procurer un exemplaire du Philosophe ignorant 7. On dit qu’il est imprimé à Londres. Dès que je l’aurai, je ne manquerai pas de vous le faire parvenir.
Les tracasseries de Genève continuent toujours . Je crois qu’on ne s’en soucie guère à Paris, et je commence à ne m’en plus soucier du tout. Genève est une grande famille qui faisait fort mauvais ménage, et à qui le roi a fait beaucoup d’honneur en daignant lui envoyer un plénipotentiaire ; mais il sera aussi difficile d’inspirer la paix 8 aux Genevois que de remplacer Mlle Clairon à Paris.
Je vous prie, mon cher ami, de vouloir bien envoyer vingt-et-une livres à M. Duclos pour ma quote-part du service que nous avons fait pour monseigneur le dauphin . Il me semble que c'est une dette sacrée dont je dois m'acquitter au plus vite . Je vous aurai bien de l'obligation . Votre amitié sert dans toutes les occasions à la consolation de ma vie ; vous ne sauriez croire à quel point je vous regrette .
Il faut que je vous dise encore que M. le chevalier de Neuville, à qui vous avez eu la bonté d’envoyer à Angers une édition de mes œuvres, ne l'a point reçue ; le paquet devait être adressé, autant qu'il m'en souvient, à M. de Foureau, libraire à Angers . Je me flatte que M. Thomas a reçu le sien, mais pour celui de Racine, je crois que les éditeurs se sont moqués de nous . Je suis bien fâché qu'on n'ait pas commenté ce grand homme .
Ayez encore la charité, je vous en prie, de faire parvenir ce petit billet à Du Molard qui dit que vous savez sa demeure, laquelle j'ignore parfaitement . »
1 Copie contemporaine Darmstadt B., incomplète du début de l'avant-dernier paragraphe, Il faut que je vous dise […] Angers .
2 Sur le manuscrit, ce mot est suivi de tolérance, qui est une glose d'éditeur .
3 Ce bailli est Christin, voir lettre du 12 mai 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/31/tout-cet-affreux-desert-s-est-change-en-paradis-terrestre-6329903.html
5 Voltaire lui-même, dans son opuscule intitulé le Président de Thou justifié ; voir https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Pr%C3%A9sident_de_Thou_justifi%C3%A9/%C3%89dition_Garnier
6 Henri-Gabriel de Briqueville, comte de La Luzerne, ayant pour adversaire Charles-Joseph Mauger de La Maugerie, aux démêlés durant de 1764 à 1780 . Voir : https://books.google.fr/books/about/Requ%C3%AAte_%C3%A0_M_le_lieutenant_g%C3%A9n%C3%A9ral_de.html?id=ks1BQwAACAAJ&redir_esc=y
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6552979w.r=cardinal+de+richelieu.langFR.textePage
8 Mot remplacé par concorde dans les éditions suivant la copie Beaumarchais-Kehl .
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