05/10/2021
Le ministère ne s’occupe pas sans doute de ces pauvretés : il n’est occupé que du soin de faire fleurir l’État
... On va pouvoir le constater ce jour : https://actu.orange.fr/france/les-syndicats-dans-la-rue-mardi-pour-les-salaires-et-envoyer-un-signal-fort-CNT000001EZRYg.html
Mais n'y a-t-il rien de mieux à faire dans les deux camps , ministère et syndicats ?
« A Etienne-Noël Damilaville
12 juillet 1766 1
Mon cher frère, Polyeucte et Néarque 2 déchirent toujours mon cœur ; et il ne goûtera quelque consolation que quand vous me manderez tout ce que vous aurez pu recueillir.
On dit qu’on ne jouera point la pièce de Collé 3 , je m’y intéresse peu, puisque je ne la verrai pas ; et, en vérité, je suis incapable de prendre du 4 plaisir après la funeste catastrophe dont on veut me rendre en quelque façon responsable. Vous savez que je n’ai aucune part au livre 5 que ces pauvres insensés adoraient à genoux. Il pleut de tous côtés des ouvrages indécents, comme La Chandelle d’Arras 6, le Compère Matthieu 7, l’Espion chinois 8 ; et cent autres avortons qui périssent au bout de quinze jours, et qui ne méritent pas qu’on fasse attention à leur existence passagère. Le ministère ne s’occupe pas sans doute de ces pauvretés : il n’est occupé que du soin de faire fleurir l’État . L’intérêt réduit à quatre pour cent me paraît 9 une preuve d’abondance. Je ne crois pas que cet édit ait un effet rétroactif . Je vous prie de vouloir bien m'en instruire, et si les rentes sur l'hôtel de ville seront sujettes à cette réduction .
Je suis bien plus embarrassé de Voltaire des Sirven 10. Je tremble que M. de Beaumont ne se décourage . Je vous conjure d’exciter son zèle. J’ai pris des mesures qui m’embarrassent 11 beaucoup s’il abandonne cette affaire . Parlez-lui, je vous prie, de celle d’Abbeville ; il s’en sera sans doute informé. Je ne connais point de loi qui ordonne la torture et la mort pour des extravagances qui n’annoncent qu’un cerveau troublé. Que fera-t-on donc aux empoisonneurs et aux homicides 12?
Adieu, mon cher ami ; adoucissez, par vos lettres, la tristesse où je suis plongé. »
1 L'édition de Kehl , suivant la copie Beaumarchais, suivie des éditions comporte une suppression et des variantes de détail ; voir notes .
2 Le chevalier de La Barre et le chevalier d’Étallonde.
3 La Partie de chasse de Henri IV, voir lettre du 17 avril 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/18/2-5922869.html
4Variante : aucun .
5 Le Dictionnaire philosophique.
6 Poème en dix-huit chants , 1765, in-8°, par l'abbé Du Laurens : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5846131s
7 Le Compère Matthieu, ou les Bigarrures de l'esprit humain, 1766, de l'abbé Henri.-Joseph. Du Laurens . Sur son exemplaire conservé à Ferney, V* a noté : « ce livre est d'un nommé Laurent, moine défroqué, c'est en plusieurs endroits et même pour le fonds une imitation de Candide [...] » Cette remarque est juste .Roman du même auteur, 1766, trois volumes in-8°.
8 Ouvrage d'Ange Goudar : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107571f.texteImage ;
voir lettre de janvier 1765 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/20/ne-vous-affligez-pas-pour-la-prevarication-impudente-d-un-miserable-librair.html
et voir lettre du 30 mai 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/30/m-6266808.html
9 Variante : est .
10 Depuis Je ne crois pas que cet édit […], passage supprimé sur le manuscrit Beaumarchais et absent des éditions . Effectivement , la dernière phrase comporte une erreur de copie qui la rend incompréhensible et interdit même toute conjecture ; sauf la suppression pure et simple des mots de Voltaire .
11 Var. : vont m'embarrasser .
12 Var. : parricides.
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