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11/12/2021

Vous ne refuserez pas sans doute de rendre gloire à la vérité

... C'est certain, ce refus serait indigne . Il est malheureux cependant que nous soyons inondés d'affaires où les mensonges, que beaucoup se plaisent à nommer contre-vérités (comme : aveugle = non voyant, sourd = malentendant,etc. ) fleurissent comme la vérole sur le bas clergé breton . Une chatte n'y retrouverait pas ses petits . Ô vérité, sous combien de voiles es-tu désormais cachée ? De quel puits sans fond doit-on te sortir ?

Merci quand même à Trierweiler et Zemmour pour ces moments de vérité sur le  suicide assisté des Français(es) | Renaud Favier : Café du matin à Paris

 

 

 

« A G. L. Déodati de Tovazzi

À Ferney, 9è septembre 1766

Vous souviendrez-vous, monsieur, qu’à l’occasion de votre dissertation sur la langue italienne, j’eus l’honneur de recevoir quelques lettres de vous, et de vous répondre 1? On vient d’imprimer une de mes lettres à Amsterdam, sous le nom de Genève, dans un recueil de deux cents pages.

Ce recueil contient plusieurs de mes lettres, presque toutes entièrement falsifiées. Celle que je vous adressai de Ferney, le 24 de janvier 1761 , est défigurée d’une manière plus maligne et plus scandaleuse que les autres. On y outrage indignement un général d’armée 2, ministre d’État, dont le mérite est égal à la naissance. Il est, ce me semble, de votre intérêt, monsieur, du mien, et de celui de la vérité, de confondre une si horrible calomnie. Voici comme je m’explique sur la valeur de ce général :

« Nous exprimerions 3 encore différemment l’intrépidité tranquille que les connaisseurs admirèrent dans le petit-neveu du héros de la Valteline, etc. »

Voici comme l’éditeur a falsifié ce passage 4:

« Nous exprimerions encore différemment l’intrépidité tranquille que quelques prétendus connaisseurs admirèrent dans le plus petit-neveu du héros de la Valteline, lorsque ayant vu son armée en déroute par la terreur panique de nos alliés à Rosbach qui causa pourtant la nôtre ; ce petit-neveu ayant aperçu, etc. »

Cet article, aussi insolent que calomnieux, finit par cette phrase non moins falsifiée : « Il eut encore le courage de soutenir tout seul les reproches amers et intarissables d’une multitude toujours trop tôt et trop bien instruite du mal et du bien.5 »

Une telle falsification n’est pas la négligence d’un éditeur qui se trompe, mais le crime d’un faussaire qui veut à la fois décrier un homme respectable et me nuire. Il vous nuit à vous-même, en supposant que vous êtes le confident de ces infamies. Vous ne refuserez pas sans doute de rendre gloire à la vérité. Je crois nécessaire que vous preniez la peine de me certifier que ce morceau de ma lettre, depuis ces mots, nous exprimerions, jusqu’à ceux-ci, du mal et du bien, n’est point dans la lettre que je vous écrivis ; qu’il y est absolument contraire, et falsifié de la manière la plus lâche et la plus odieuse. Je recevrai avec une extrême reconnaissance cette justice que vous me devez ; et le prince qui est intéressé à cette calomnie sera instruit de l’honnêteté et de la sagesse de votre conduite, dont vous avez déjà donné des preuves 6.

Recevez celle de mon estime, et de tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur .»

3 La lettre porte en réalité, exprimerons .

4 Voir Lettres à ses amis du Parnasse page 98.

5 Ibid. page 99 .

6 En réponse à V*, Déodati lui renvoya la lettre qu’il avait fait imprimer « à la suite de [sa] dissertation sur la langue italienne, avec [sa] réponse », en la certifiant « en tout conforme à l'original » qu'il avait reçu, voir le certificat de M. de Tovazzi imprimé dans les journaux. (Kehl) , page 581 : https://fr.wikisource.org/wiki/Appel_au_public/%C3%89dition_Garnier#581

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