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28/01/2022

ce bon public ; c’est une assemblée de fous qui devient sage à la longue

... Mais alors vraiment, vraiment à la longue si je me fie aux programmes qui trainent depuis des décennies faute d'avoir l'accord de la foule des électeurs , ou, exemple plus récent, l'opposition au vaccin anti-covid . Les fous sont encore parmi nous . Les sages galèrent .

Les fous et leurs casseroles – Blagues et Dessins

 

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

À Ferney, 29 octobre 1766

Puissiez-vous, mon chevalier, passer par chez nous en allant en Italie avec M. Duclos ; et quand vous serez à Ferney, puissent les neiges et les glaces vous boucher tous les chemins !

J’ai lu le procès de l’ingratitude contre la générosité 1. Ce Jean-Jacques me paraît un charlatan fort au-dessus de ceux qui jouent sur les boulevards. C’est une âme pétrie de boue et de fiel. Il mériterait la haine, s’il n’était accablé du plus profond mépris.

On ma mandé beaucoup de bien de Mlle Durancy 2. Le public, qui d’abord l’avait mal reçue, a changé d’avis. Cela lui arrive souvent à ce bon public ; c’est une assemblée de fous qui devient sage à la longue.

Recevez, mon chevalier, mes tendres remerciements de votre souvenir, et les sincères compliments de Mme Denis, et de tout notre petit ermitage. »

2 Madeleine-Céleste de Frossac, connue sous le nom de Mlle Durancy, née en 1746, avait débuté en 1759, au Théâtre-Français, qu’elle abandonna pour l’Opéra, où elle parut en juin 1762. Elle rentra, le 13 octobre 1766, sur la scène française, qu’elle quitta de nouveau en 1767 pour retourner à l’Opéra, où elle resta jusqu’à sa mort, arrivée le 28 décembre 1780. (Beuchot.)

Voir lettre du 25 juillet 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/28/mon-dieu-qu-on-a-ete-bete-6362996.html

Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues

... Ce n'est pas demain la veille que cela se réalisera, l'intolérance et l'inhumanité étant le moteur de trop de chefs d'Etats dont la liste est longue comme un catalogue de La Redoute . Pour l'instant les yeux sont tournés vers l'Ukraine et l'ogre russe, Xi Jin Ping et Taïwan, le Burkina Faso, le Brésil, et tutti quanti , et plus brouillés de larmes que fermés de rigolade .

http://les-lectures-de-lilas.l.e.pic.centerblog.net/o/28b0e12c.jpg

http://les-lectures-de-lilas.centerblog.net/rub-petit-tra...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29 octobre 1766 1

Point de nouvelles de Meyrin, mon cher ami ; mais j’en ai du moins reçu du prophète Élie. Il dit qu’il a fini à la fin son factum pour les Sirven 2; qu’à son retour à Paris, il va le faire signer par des avocats, et le faire imprimer. Dieu le veuille ! Je vois qu’il est occupé d’affaires intéressantes et épineuses. Son procès devenu personnel contre Mme de Roncherolles, son autre procès pour les biens que réclame madame sa femme 3, me font une extrême peine. Mais enfin nous avons entrepris l’affaire des Sirven, il faut en venir à bout. Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues.

Mandez-moi ce qu’on pense du procès de l’ingratitude contre la bienfaisance. Ce charlatan de Jean-Jacques n’est-il pas le mépris de tous ceux qui ont le sens commun, et l’exécration de ceux qui ont un cœur ? Mes deux conseillers 4 sont partis, mais l’un s’en va à sa terre d’Hornoy, l’autre à son abbaye. J’espère que vous les verrez cet hiver. Puisque je ne jouis pas de la consolation de votre société, il faut au moins que ma famille en jouisse.

Informez-vous, je vous prie, de ce qu’est devenu le paquet de Meyrin. Ne l’aurait-on pas fait partir par les rouliers, au lieu de le mettre à la diligence ? Délivrez-moi de cette inquiétude.

On annonce un livre qui me tente ; il est intitulé Recherches des découvertes attribuées aux modernes 5. Envoyez-le moi, je vous prie, s’il en vaut la peine.

Voulez-vous bien faire dire à Merlin qu’il se prépare à payer, au commencement de l’année prochaine, les mille livres qu’il doit à son correspondant de Genève ? Ces mille livres appartiennent au sieur Wagnière. Merlin en devait payer cinq cents au mois de juin passé. J’en ai le billet ; je le chercherai quand je me porterai mieux, et je vous l’enverrai.

Bonsoir, mon cher ami. Voici une lettre 6 que je vous prie de faire remettre chez M. Élie de Beaumont.

Renvoyez-moi donc les lettres de Jean-Jacques. »

1 L'édition Correspondance littéraire ne donne pas le destinataire .

5Louis Dutens : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Dutens

Recherches sur l’origine des découvertes attribuées aux modernes, où l'on démontre que nos plus célèbres philosophes ont puisé la plupart de leurs connaissances dans les ouvrages des anciens , 1766, deux volumes in-8°, réimprimés en 1776, 1812. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76020g/f3.item.texteImage

Vejanius armis Herculis ad postem fixis latet abditus agro / Véjanius ayant suspendu aux portes les armes d'Hercule, se tint caché dans la campagne

... Et moi je dis Emmanuel perit abditus agro . Wait and see , OK , mais il va bien falloir se déclarer .

La tactique de laisser grouiller la meute de candidats qui se bouffent les uns les autres peut être payante, tout comme de peaufiner un programme en écrémant ceux des autres, il y en a tant qu'ils ne peuvent pas tous être entièrement mauvais . Fini de se cacher dans la campagne, fut-elle la jolie Creuse .

En Creuse, Emmanuel Macron évoque sa candidature : "J'annoncerai ma  décision en temps voulu" - Opera News

Il est vrai que tout le monde avance masqué de nos jours .

 

 

« A Giuseppe Colpani

29è octobre 1766, au château de Ferney

Vejanius armis

Herculis ad postem fixis latet abditus agro 1.

Et moi, monsieur, je dis : Perit abditus agro 2. Je perds la vue, je perdrai bientôt la vie ; je n'ai pu lire qu'avec une extrême peine vos beaux vers, et lorsqu'enfin je les ai déchiffrés, j'ai admiré, mais j'ai rougi, honteux de mériter si peu vos éloges 3, plus honteux encore de n'y répondre que par cette malheureuse prose que je suis obligé de dicter , mais pénétré d'estime pour votre mérite , et de reconnaissance pour vos bontés ; tout ce que je puis faire, c'est de vous assurer que vous me serez cher jusqu'au dernier moment de ma vie ; je vous remercie, je vous embrasse, et je suis du fond de mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi . »

1 Horace, Epîtres, I, 1, 4-5 : Véjanius ayant suspendu aux portes les armes d'Hercule, se tint caché dans la campagne.

2 Il périt caché à la campagne .