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24/06/2022

Je vous passe l’émétique , comme vous me passez la saignée

... Quel renvoi d'ascenseur sera demandé pour que le plus avide parti d'opposition cède une place prestigieuse et rémunératrice au parti le plus morpionnant ( chacun est libre de répartir ces qualificatifs selon son goût ) : https://www.midilibre.fr/2022/06/22/assemblee-nationale-pourquoi-la-nupes-et-le-rn-tiennent-tant-a-presider-la-commission-des-finances-10389850.php

 

 

 

« A Augustin Marie, marquis de Ximénès

11 février 1767 à Ferney

J’aime tout à fait, monsieur, à m’entendre avec vous. Je vous passe l’émétique 1, comme vous me passez la saignée. Sans doute les deux vers dont vous me parlez sont un peu ridicules, et en général Cornélie vise quelquefois au plus sublime galimatias ; mais aussi il y a de bien beaux éclairs, des traits de génie, des morceaux même de sentiment qui enlèvent.

Le peu de remarques que j’ai pu faire sur vos remarques sont sur un petit cahier séparé ; j’ai respecté votre ouvrage. Ce que j’ai écrit ne consiste que dans des notes abrégées pour aider ma mémoire lorsque je travaillerai sérieusement à en faire une espèce de poétique de théâtre qui puisse être utile aux jeunes gens. Je pense qu’il y faut mettre beaucoup d’objets de comparaison, tant des anciens que des modernes, et que le tout doit être nourri d’un grand fonds de littérature. Je me livrerai à cet ouvrage avec un très grand plaisir, lorsque vous m’aurez envoyé le reste de vos remarques. Je ne puis rien faire sans ce préalable. Il ne faut pas que vous abandonniez une entreprise qui peut être très avantageuse aux lettres, très honorable pour vous, et me procurer avant ma mort l’honneur de vous avoir pour confrère ; mais dépêchez-vous, je me porte fort mal, et j’entre dans ma soixante-quatorzième année. Je conserverai jusqu’à mon dernier moment les sentiments qui m'attachent à vous .

V. »

Je sais que chaque province a ses embarras, et qu’il est bien difficile que le ministère remédie à tout

... Combien d'électeurs , sur-gonflés par des extrêmistes de l'acabit de Mélenchon, Marine Le Pen et Zemmour, ne sont plus capables d'avoir ce simple bon sens ?

Trop !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

11è février 1767, à Ferney

Comme je dictais, monseigneur, les petites instructions nécessaires pour la représentation de la pièce dont je vous offrais les prémices pour Bordeaux, j’apprends une funeste nouvelle 1 qui suspend entièrement mon travail, et qui me fait partager votre douleur. J’ignore si cette perte ne vous obligera point de retourner à Paris . En tout cas, je serai toujours à vos ordres. Je voudrais que ma santé et mon âge pussent me permettre de vous faire ma cour dans quelque endroit que vous fussiez . Mais mon état douloureux me condamne à la retraite, et si j’avais été obligé de quitter Ferney, ce n’aurait été que pour une autre solitude, et je ne pourrais jamais quitter la solitude que pour vous. Mon petit pays, que vous avez trouvé si agréable et si riant, et qui est en effet le plus beau paysage qui soit au monde, est bien horrible cet hiver ; et il devient presque inhabitable, si les affaires de Genève restent dans la confusion où elles sont. Toute communication avec Lyon et avec les provinces voisines est absolument interrompue, et la plus extrême disette en tout genre a succédé à l’abondance. Nos laboureurs, déjà découragés, ne peuvent même préparer les socs de leurs charrues. Notre position est unique : car vous savez que nous sommes absolument séparés de la France par le lac, et qu’il est de toute impossibilité que le pays de Gex puisse se soutenir par lui-même.

Je sais que chaque province a ses embarras, et qu’il est bien difficile que le ministère remédie à tout. Les abus sont malheureusement nécessaires dans ce monde. Je sens bien qu’il n’est pas possible de punir les Genevois sans que nous en sentions les contre-coups.

Je vous demande pardon de vous parler de ces misères, dans un temps où la perte que vous avez faite vous occupe tout entier, mais je ne vous dis un mot de ma situation que pour vous marquer l’envie extrême que j’aurais de pouvoir servir à vous consoler, si je pouvais être assez heureux pour vous revoir encore, et pour vous renouveler mon tendre et profond respect.

V. »