30/12/2023
nous mettrons tout cela au net dans un mois
... Soutenir ou non Gégé Depardieu, that's the question . Son comité de soutien me semble être du même tonneau que celui qui est capable de voter pour Trump . Ecoutons ceux et celles qui lui répondent : https://www.bfmtv.com/people/cinema/affaire-depardieu-ang...
« A Marie-Louise Denis
27 avril 1768
Ma chère nièce, nous ne parlerons point aujourd'hui de M. de Laleu, je vois que tout s'arrangera dans un mois à votre satisfaction et à celle de toute ma famille à qui je fais les plus tendres compliments . Je remercie les deux conseillers des lettres qu'ils m'ont écrites . Il y avait en effet une petite erreur dans le premier mémoire pour M. de Laleu ; je m'en aperçus, et je la corrigeai dans le second mémoire plus détaillé que je vous envoyai ; nous mettrons tout cela au net dans un mois .
Il faut en attendant, que je vous parle du devoir que j'ai rempli à Ferney . Vous savez que je m'en étais déjà acquitté avec vous, et je ne pouvais m'en dispenser lorsque je suis seul à Ferney chargé de la manutention de la terre et de l'édification publique . Je ne sais pas pourquoi l'action du monde la plus simple, et la plus convenable à mon âge a pu paraître singulière . Vous voyez que la calomnie s'attache à tout . Je ne dois sans doute compte à personne de mes sentiments ni des fonctions nécessaires que j'ai remplies ; mais comme vous avez déjà rempli avec moi ces mêmes fonctions, je suis sûr que vous parlerez de cette affaire d'une manière convenable . Ceux qui veulent envenimer les motifs de ma conduite, ceux qui me calomnient, ceux qui m'imputent des ouvrages dont la religion peut s'alarmer, doivent être confondus . Je n'ai, Dieu merci, aucun ouvrage dans ce goût à me reprocher . Je ne m'appelle ni Bolingbroke, ni Fréret, ni Du Marsais, ni Saint-Hyacinthe, ni La Mettrie . Je ne suis ni l'ex-capucin Maubert, ni l'ex-mathurin Laurent, et vous savez, de plus, que nous n'avons jamais lu aucun de ces livres .
L'abbé Adam qui a été quatre ans notre aumônier 1 et qui est encore au château peut rendre un témoignage authentique de ma conduite . Je me trompe beaucoup ou les derniers jours de ma vie ne seront point troublés par les impostures des Frérons et des gens de cette espèce .
Je vous ai mandé sur la terre de Ferney, tout ce que je pouvais vous en dire, elle rapporte certainement fort peu, mais elle peut devenir pour vous une retraite fort agréable lorsque vous serez lasse de Paris . Vous aurez d'ailleurs quelque bien dans ce pays-là, comme la rente de la tontine sur M. de Beaumont, et quelques autres petites rentes .
Le parti que vous prenez de vous loger agréablement près du rempart 2 avec Mme Dupuits vous fera mener une vie fort douce ; vos amis viendront vous voir quand ils sauront qu'on vous trouve chez vous, et en vérité, cette compagnie-là vaut mieux que celle de Gex . Pour moi qui suis entièrement voué à la solitude, et qui passe mes journées entières ou a souffrir ou à travailler, comment pourrais-je contribuer aux agréments de votre vie ? Les jours de tumulte et de fêtes sont passés, et ne reviendront plus . Je me couche à l'heure où vous soupiez ; je me lève à l’heure où vous vous endormiez, enfin je touche à ma soixante-quinzième année avec une santé languissante qui demande le régime et la retraite . Soyez à Paris ma consolation, écrivez-moi quand vous n'aurez rien à faire ; vos lettres me soulagent du fardeau de mes inutiles correspondances .
M. Dupuits est à Châlons avec son régiment . Quand il viendra il trouvera M. Christin qui gouvernera ses affaires . Daumart est toujours dans le même état 3. La Fanchon 4 qui était auprès d'Adélaïde a toujours la fièvre . Le chirurgien la traite et consulte M. Joly 5, nous espérons qu'on la sauvera .
M. Bourcet va donner ses ordres à Versoix 6 . Les coches et les rouliers y arrivent régulièrement . Si on bâtit une ville comme je l'espère, ce sera une raison de plus pour ne point vendre Ferney, ou pour mieux vendre cette terre un jour . J'y achèverai ma vie en vous aimant, et en vous donnant toutes les preuves d'amitié qui seront en mon pouvoir .
N. B. – On n'a fait que rire de La Guerre de Genève ; et en effet, ce n'est qu'une pure plaisanterie qui ne peut déplaire qu'à Vernet et à Jean-Jacques .
Dîtes-moi, je vous en prie, ce que vous pensez de la musique de M. de La Borde, et assurez-le bien de l'intérêt que je prends à sa personne et à son procès 7.
V. »
1 Plus de quatre ans même ; en janvier 1763, le père Adam disait déjà la messe à Ferney ; voir lettre du 18 janvier 1763 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/16/jean-jacques-fait-des-lacets-dans-son-village-avec-les-monta.html
2 Rue Bergère, près de l'ancien rempart .
3 Petit neveu infirme après accident dont V* s'occupe depuis 1757 . Voir lettre du 7 septembre 1760 à Th. Tronchin : et du 9 mai 1764 à Mme Du Deffand :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/je-crois-qu-il-est-impossible-d-aimer-veritablement-le-neant.html
4 Fanchon était une des servantes de Mme Denis, restée avec V*.
5 Gaspard Joly, auteur , en collaboration avec Jean-Antoine Cramer, d'une « Lettre […] sur l'inoculation de la petite vérole », Le Nouvelliste suisse , août 1751.Voir : https://www.academia.edu/36328437/_La_bataille_du_si%C3%A..._
6 Le 16 avril, Dupan écrit : « Il est arrivé depuis plusieurs jours un nouvel ingénieur à Versoix, on attend à Gex le 1er mai le bataillon de Cambrésis, et M. Bourcet viendra ensuite donner les derniers ordres pour le port », (Genève , Suppl. 1544 )
7 Voir lettre du 16 avril 1768 à Chabanon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/17/tous-les-honnetes-gens-seront-donc-pour-lui-et-quoi-qu-on-di-6476207.html
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