22/01/2025
j’ai toujours remarqué qu’on ne lisait point, qu’on parcourait avec négligence, et qu’on jugeait au hasard
... On peut le dire au présent ; mon pauvre Voltaire si tu pouvais lire ce qui se dit à jet continu sur les réseaux-dits-sociaux, tu n'en reviendrais pas que tant d'énergie soit dépensée pour donner de si lamentables éructations .
"A François-Louis-Claude Marin
A Ferney 19 juillet 1769 1
Je n’avais point achevé, monsieur, la lecture de l’Histoire du Parlement, lorsque je vous mandais 2 que cet ouvrage me paraissait très superficiel, et d’ailleurs un plagiat presque continuel. Mais je vous avoue que les derniers chapitres m’ont paru aussi indécents que faux et mal écrits. Qu’est-ce qu’un supplice perpétré ? Qu’est-ce qu’un départ pour son exil ? Qu’est-ce qu’un procès à faire à Damiens 3 ? Je ne connais guère de plus mauvais style que celui de ces derniers chapitres : ils ne paraissent pas de la même plume 4 que les premiers ; et ils sont si mauvais en tout sens qu’ils ne méritent pas qu’on les réfute. Si on lisait avec quelque attention, si tous les lecteurs étaient aussi judicieux que vous, on ne m’imputerait pas de telles rapsodies ; mais j’ai toujours remarqué qu’on ne lisait point, qu’on parcourait avec négligence, et qu’on jugeait au hasard. Rien ne peut égaler l’indignation où je suis, ni ma sincère amitié pour vous."
1 Copie envoyée à Mme Denis ; autre copie envoyée à d'Hornoy . Ed. Lettres inédites . La date est donnée seulement par la seconde des deux copies .
2 Par la lettre du 5 juillet 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
3 Voltaire, qui relève ces phrases, n’a pas changé la seconde ; voir page 96 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_Œuvres_complètes_Garnier_tome16.djvu/106
4 Ed. : main
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