04/12/2009
Pardonnez-moi mes saintes importunités
« A Gabriel Cramer
Aux Délices 4 décembre 1755
On me presse extrêmement, Monsieur, pour l’œuvre du seigneur. J’ai la fièvre, et je ne veux point mourir sans avoir satisfait mon zèle. Prenez cela, si vous voulez, pour un transport au cerveau ; mais je vous demande en grâce de vouloir bien me dire si vous avez donné à un imprimeur L’Oraison funèbre de Lisbonne [il s’agit d’un véritable sermon : de celui qui a été « prononcé à Berne dans l’église française, le 30 novembre 1755 » par le pasteur Bertrand (qui était ami de V* à ce moment là) . Ce sermon fut imprimé sous le titre de La Considération salutaire des malheurs publics, ou sermon prononcé dans l’église française, le 30 novembre 1755, après la nouvelle de la déplorable catastrophe arrivée à Lisbonne … (Genève 1755)], et encore à quel imprimeur. Si vous n’en avez point trouvé, ayez la bonté de me renvoyer le sermon ; je trouverai pratique sur le champ. Pardonnez-moi mes saintes importunités.
Le malade vous embrasse sans cérémonie.
V. »
19:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, cramer, lisbonne, sermon, berne, imprimeur
13/02/2009
Si vous m’avez donné de fausses espérances
« A TNT Express France [opérations de transport ou de commissionnaire de transport]
Eh bien, ce colis, - cette livraison que vous m’avez promise - , que je devais avoir le 11 février au matin, à midi au plus tard ? Que me sert votre ridicule avis de passage sans heure signalée ? Savez-vous encore appuyer sur un bouton de sonnette, sot que vous êtes ?
Si je ne le reçois pas ce vendredi 13 je pense que votre chance va tourner, et les fausses espérances vont se payer express.
Le Château de Voltaire
13 février 2009. »
Plus sérieusement –quoi que ? !- voici un solde de courrier en retard.
« A Gabriel Cramer
Eh bien, ce manuscrit de – ce mémoire si intéressant -[Mémoire et certificat qu’il veut envoyer aux curateurs de l’académie de Lausanne, concernant la prise de corps contre Grasset, commis chez les Cramer, suite à des vols pendant dix huit ans] que vous m’avez promis -, que je devais avoir à huit heures du matin, à midi, à une heure, à deux heures ?
Si vous m’avez donné de fausses espérances, je ne vous le pardonnerai jamais.
V.
10 février 1759. »
« A Elie Bertrand
Vous connaissez peut-être les nouvelles ci-jointes, mon cher ami. J’envoie aux seigneurs curateurs un mémoire accompagné du certificat du décret de prise de corps contre Grasset [par le Magnifique Conseil de Genève en 1756] convaincu de vol à Genève.
Le libelle [La Guerre littéraire ou choix de quelques pièces de M. de V*** ] est saisi et défendu à Genève. Je sais que ce fatras est très ennuyeux, mais un fripon n’en est pas moins punissable parce qu’il est un sot. Je vous prie de voir le mémoire envoyé aux seigneurs curateurs dont un double a té dépêché à l’académie de Lausanne. Je le supprime ici pour ne pas grossir le paquet.
Je vous conjure de dire à M. Freydenrik [Freudenreich, banneret de Berne qui a écrit au bailli de Lausanne Albrecht von Tscharner] que mon cœur est pénétré de respect, d’estime, et de reconnaissance pour lui au-delà de toute expression. Mes sentiments pour vous sont les mêmes.
V.
10 février 1759. »
10:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, cramer, geneve, berne, grasset, bertrand
07/02/2009
Tout est découvert, et constaté...
Avec Volti, il n'est pas difficile de trouver des lettres réclamant justice, -il a payé le prix de l'opposition-, mais mon petit challenge est d'en trouver qui se rapprochent de l'actualité avec des dates concordantes. M. K. finira-t-il KO ? ou OK ? Les paris sont ouverts . Je parie pour le blanchîment ( je devrais dire blanchissement, on a affaire à du linge sale et pourtant on peut dire qu'il est dans de beaux draps, oh joies de la langue française !) car il me semble avoir une bonne dose d'enzymes actifs sous la main, lui qui est un enzyme glouton.Tant pis dans ce cas, ou peut-être tant mieux dans le cas opposé, pour la morale. "Asinus asinum fricat" = l'âne frotte l'âne, "qui se ressemble s'assemble", donc les membres du gouvernement qui n'ont pas une âme sainte et qui n'ont pas la pureté du cristal, vont immanquablement apporter leur soutien au chouchou . Il est très mal vu de tirer sur les médecins en France. Je vais être, -encore, allez vous dire,- d'une mauvaise foi remarquable et d'un cynisme à toute épreuve ["tueur à sang froid" ma gentille Babeth !! ] : était-ce Dr Kouchner ou Mister K. qui fréquentait l'abbé Pierre en héritant au passage d'une aura de bienfaiteur, bon point pour franchir des portes de pouvoir et d'argent ? "Il est vrai qu’il est prêtre, il est vrai que je l’aime..." : Voltaire était sincère, M. K. aussi ?
« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles
(secreto)
Tout est découvert, et constaté, mon cher ami, aussi bien que le fameux vol de Genève [vol par Félix et Jean-Baptiste Pignatelli d’une grosse somme, ils sont arrêtés à Lyon et ramenés à Genève le 20 janvier 1759 ]. C’est un nommé Lervèche, ci-devant précepteur de M. Constant, qui écrivit le libelle [ Jean-Pierre Le Resche auteur d’une lettre non signée dans le Journal helvétique d’octobre 1758 ];il l’envoya aussi à Allamand pour le corriger, il l’envoya aussi à M. de Chavannes, à Vevey, et M. de Chavannes méprisa cette ordure [François de Chavannes, frère de Mme de Brenles, ministre à Vevey, que V*** avait cru être l’auteur du libelle ]. Mme de Brenles doit embrasser notre ami Polier et ne point juger contre lui . Il est vrai qu’il est prêtre, il est vrai que je l’aime, mais dans l’Europe il y a trois ou quatre prêtres honnêtes gens que j’aime de tout mon cœur .
Ce n’est point lui qui m’a averti de tout ce tissu d’iniquités et de bassesses ; il a tout ignoré, et ses ennemis se sont cachés de lui. Les mêmes personnes très respectables qui m’ont donné avis de toutes ces horreurs m’ont averti aussi qu’on imprimait à Lausanne un livre scandaleux, intitulé La Guerre de M. de Voltaire [ La Guerre littéraire ou choix de quelques pièces de M. de V.*** ], dans lequel on renouvelle l’affaire de Saurin et celle de Servet, et cent autres horreurs . On [ le banneret de Berne : Freudenreich] en a été instruit à Berne et très indigné. On a écrit à M. le bailli de Lausanne ; il lui sera très aisé d’arrêter le cours de ces infamies qui peuvent troubler et déshonorer votre ville . Grasset est violemment soupçonné ; mais il y a d’autres imprimeurs [ Arnay, ex-associé de Bousquet, libraire, soupçonné par V* et du Pan ]. Une visite chez eux, une défense de continuer, une saisie des exemplaires, ne sont pas chose difficile . Vous pourriez très aisément, mon cher ami, accélérer l’effet de la justice et les bontés de monsieur le bailli, en le pressant d’interposer son autorité, et d’agir vivement dans une affaire où il n’ya pas un instant à perdre ; je vous aurai une obligation qui égalerait la tendre amitié que j’ai pour vous . Je vous demande instamment de m’instruire de tout ce qui se sera passé et de n’en parler à personne .
Je vous donne avis que Mme Denis ne sait rien de tout cela, et que je n’en ai écrit à âme qui vive à Lausanne excepté à M. de Tscharner [ Albrecht von Tscharner bailli de Lausanne ].
Mille tendres respects à madame votre femme . Je vous embrasse tendrement .
Voltaire
Aux Délices, 7 février 1759. »
Pour connaître Jacques Abraham Elie Daniel Clavel de Brenles :
http://www.swisscastles.ch/vaud/chateau/ussieres.html
Amis bloggers, mille tendres respects à mesdames vos femmes
Amies bloggueuses, je vous embrasse tendrement.
17:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, brenles, prêtre, polier, chavannes, imprimeur, berne