03/08/2009
moi qui ne suis qu’un vieux mouton, j’achève mes jours dans ma bergerie, en vous priant d’armer les pasteurs
Il va être fait allusion à la chasse aux loups ; la suivante me plait assez :
Je plains les loups et les renards avec un "vieux mouton" comme Volti !
« A Jean Le Rond d’Alembert
Il faut que je vous dise ingénument, mon cher philosophe, qu’il n’y a point d’Ingénu, que c’est un être de raison ; je l’ai fait chercher à Genève et en Hollande [en 1767, édition à Genève de ce conte L’Ingénu histoire véritable, avec adresse d’Utrecht ; l’édition de Paris intitulée Le Huron ou l4inégénu porte l’adresse de Lausanne ; être de raison = qui n’existe que dans l’imagination]; ce sera peut-être quelque ouvrage comme Le Compère Matthieu [de Du Laurens]. L’ami Cogé pecus [F. M. Coger auteur de l’Examen du Bélisaire de m. Marmontel ; d’Alembert avait signalé à V* le 14 juillet que ce « faquin de Coger … régent de rhétorique au collège Mazarin » était dit « Cogé pecus », « coge pecus = rassemble ton troupeau »] fait apparemment courir ces bruits-là qui ne rendront pas sa cause meilleure. Vous voyez l’acharnement de ces honnêtes gens : leur ressource ordinaire est d’imputer aux gens des Ingénu pour les rendre suspects d’hérésie, et malheureusement le public les seconde ; car s’il parait quelque brochure avec deux ou trois grains de sel, même du gros sel, tout le monde dit : « C’est lui, je le reconnais, voilà son style ; il mourra dans sa peau comme il a vécu. » Quoi qu’il en soit, il n’y a point d’Ingénu, je n’ai point fait l’Ingénu, je ne l’aurai jamais fait ; j’ai l’innocence de la colombe, et je veux avoir la prudence du serpent.[St Matthieu X, 16]
En vérité, je pense que vous et moi, mous avons été les seuls qui aient prévu que la destruction des jésuites rendrait les jansénistes trop puissants. Je dis d’abord, et même en petits vers, qu’on nous avait délivrés des renards pour nous abandonner aux loups. Vous savez que la chasse aux loups est beaucoup plus difficile que la chasse aux renards, il y faut du gros plomb ; pour moi qui ne suis qu’un vieux mouton, j’achève mes jours dans ma bergerie, en vous priant d’armer les pasteurs, et de les exciter à défendre le troupeau.
J’attends avec impatience, votre réponse sur Cogé pecus [dès le 4 août, d’Alembert rassure V* qui s’inquiétait que Coger lui imputait « un poême sur la religion naturelle » -alors qu’il en avait fait un « sur la loi naturelle, ce qui est très différent »- et le Dictionnaire philosophique, et qu’il ajoutait que le roi en avait « marqué la plus vive indignation » au président Hénault et à Capperonnier.]. Ce ne sont pas ces cuistres là qui sont les plus dangereux. Les trompettes ne sont pas à craindre, mais les généraux le sont. Les honnêtes gens ne peuvent combattre qu’en se cachant derrière les haies. Il y a des choses qui affligent ; cependant il faut vivre gaiement ; c’est ce que je vous souhaite au nom du père, etc., en vous embrassant de tout mon cœur.
Voltaire
3 d’auguste 1767. »
Chasse au renard : yes ! I love this one !!
J'exprime ici mon grand amour débordant pour the corsican fox dit Napoléon :
05:08 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voltaire, alembert, cogé, mouton, loup, renard