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24/07/2009

Il y a des temps où on fait tout impunément. Il y en a d’autres où rien n’est innocent.

Juste un essai, allez-y, je vous fais partager cette découverte qui me réconcilie avec ce tube classique que je ne peux plus entendre au piano depuis quelques années ... Quand un doué nippon revisite Beethoven , écoutez-moi ça :

http://www.teepik.com/video-2080-la-lettre-a-elise-un-peu...

Alors, sourire ou grimace ?

 

And now au château de Voltaire :

Lettre à Eilise, la seule que je connaisse, et qui m'a épaté hier après midi où elle a, d'affilée, conduit deux visites particulièrement chargées, et en particulier celle de 16h30 qu'elle a assurée en bilingue (la priorité étant accordée aux anglophones à 16h30 tous les jeudis). Elle a fait un triomphe et été applaudie à juste titre.Très bonne guide, et ce qui ne gâte rien, fort jolie ("fiancée") avec un grand copain du modèle suivant :

CaneCorso.jpg

Il est beau le Kiki à sa maman ! Je me moque, mais ce solide meilleur ami de l'homme est d'une gentillesse remarquable tout comme ses maitres . 

 

 

A la relecture, je m'aperçois que pour ma grande honte, qu'on peut tout à fait comprendre qu'Eilise est "fiancée" au beau poilu quadrupède ! D'où l'importance de savoir placer des virgules , sinon la gaffe est vite écrite .

 Que nenni, bien sûr, elle a un vrai et agréable "fiancé" bipède, comme vous, et moi, en tout cas moi ....

 

 

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

           Je ne suis pas encore tout à fait logé [rue du Long Pont, près du Portail St Gervais, il était avant chez Mme de Fontaine-Martel, baronne, décédée en janvier], j’achevais mon nid, et j’ai bien peur d’en être chassé pour jamais. Je sens de jour en jour, et par mes réflexions, et par mes malheurs, que je ne suis pas fait pour habiter en France. Croiriez-vous bien que monsieur le garde des Sceaux [Chauvelin] me persécute pour ce malheureux Temple du Goût, comme on aurait poursuivi Calvin pour avoir abattu une partie du trône du pape. Je vois heureusement qu’on verse en Angleterre un peu de baume sur les blessures qu’on me fait en France. Remerciez je vous en prie de ma part, l’auteur du Pour et du Contre des éloges dont il m’a honoré. Je suis bien aise qu’il flatte ma vanité après avoir si souvent excité ma sensibilité par ses ouvrages. Cet homme là était fait pour me faire éprouver tous les sentiments.

 

 

           Vous avez vu sans doute ce second Temple du goût imprimé à Amsterdam. Il fourmille de fautes. Il y a entre autres deux vers qui finissent tous deux par censeur pointilleux. Il faut corriger le premier ainsi

 

quittez d’un bel esprit fâcheux

 

Il y a bien d’autres sottises dont je ne vous parle pas et que vous corrigerez en les lisant.

 

 

           Je me flatte que vous trouverez dans l’ouvrage plus d’ordre, plus de correction, plus de choses utiles, et une prose plus châtiée que dans le premier. Mandez-moi ce que vous pensez du Temple et de la lettre qui est au frontispice.

 

 

           Je vous aurais déjà envoyé la vingt-cinquième Lettre sur les Pensées de Pascal, mais Jore que vous connaissez ne me l’a pas encore fait remettre. Dès que je l’aurai elle partira sur le champ pour Londres. Vous feriez bien de me donner l’adresse de votre libraire à qui je l’adresserais, sans qu’il vous en coûtât de port. Au reste, il s’en faut de beaucoup que je veuille à présent précipiter cette édition des Lettres anglaises, au contraire vous me feriez le plus  sensible plaisir du monde d’en retarder autant que vous pourrez la publication. Je crains bien que dans les circonstances présentes elles ne me portent un fatal contrecoup. Il y a des temps où on fait tout impunément. Il y en a d’autres où rien n’est innocent. Je suis actuellement dans le cas d’éprouver les rigueurs les plus injustes sur les sujets les plus frivoles. Peut-être dans deux mois d’ici je pourrai faire imprimer l’Alcoran. Je voudrais que toutes les criailleries, d’autant plus aigres qu’elles sont injustes, sur le Temple du Goût fussent un peu calmées avant que les Lettres anglaises parussent. Donnez-moi le temps de me guérir pour me rebattre contre le public. A la bonne heure qu’elles soient imprimées en anglais ; il n’en viendra pas d’exemplaire à Paris, et nous aurons le temps de recueillir les sentiments du public anglais avant d’avoir fait paraitre l’ouvrage en français. En ce cas nous aurons le temps de faire des cartons, s’il est besoin pour le bien de l’ouvrage. Surtout, mon cher Thiriot, ne manquez pas de  mettre expressément dans la préface que ces lettres  vous ont  été écrites pour la plupart en 1728. Vous ne direz que la vérité. La plupart furent en effet écrites vers ce temps là dans la maison de notre cher et vertueux ami Fakener. Vous pourrez ajouter que le manuscrit ayant couru, et ayant été traduit, ayant même été imprimé en anglais et étant près de l’être en français, vous avez été indispensablement obligé de faire imprimer l’original dont on avait déjà la copie anglaise.

 

 

Si cela ne me disculpe pas auprès de ceux qui veulent me faire du mal, j’en serai quitte pour prévenir leur injustice et leur mauvaise volonté par un exil volontaire, et je bénirai le jour qui me rapprochera de vous. Plût au ciel que je puisse vivre avec mon cher Thiriot dans un pays libre.

 

 

           Ma santé seule m’a retenu jusqu’ici à Paris. Je vais faire transcrire pour vous, l’opéra, Eriphyle, Adélaïde ; je vous enverrai aussi une épître sur la calomnie adressée à Mme du Châtelet. A propos d’épître, dites à M. Pope que je l’ai très bien reconnu in his Essay on man. T’is certainly his style. Now and there it is some obscurity, but the whole is charming. Si vous voyez M. Jordan, assurez-le de mon estime. Je crois que vous verrez dans quelques mois le marquis de Maffei qui est le Varron et le Sophocle de Vérone. Vous serez bien content de son esprit et de la simplicité de ses mœurs. J’attends de vos nouvelles. Dites, je vous prie à M. Jordan que je lui ai hasardé une lettre mais que je ne sais pas son adresse.

 

 

           Voltaire

           24 juillet 1733 à Paris. »

 

 

 

 

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x2eb44_sting-russians_mu...

 

Je sais, ça n'a pas grand chose à voir avec ce qui précède, quoique "plut au ciel que je puisse vivre dans un pays libre" ne soit pas étranger à mon choix en plus du fait que cet air là me trotte dans la tête, allez savoir pourquoi ...