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15/08/2009

Mes méchancetés à moi se terminent

Oh ! joie incommensurable de connaitre les nouvelles d'un petit peuple que Volti a lui aussi fréquenté !

Ce matin, entre deux attentats, la radio RSR 1 (Radio Suisse Romande) m'apprend que les organisateurs de l'éléction de miss Suisse avaient prévu comme épreuve la simulation d'un orgasme dans un restaurant, tel qu'on a pu le voir dans un film dont j'ai oublié le nom . Verra-t-on ces morceaux de haute volée bientôt ? Que nenni !

Cette "magnifique" idée, je dis bien magnifique, suivez-moi bien, aurait amené un public masculin et féminin face à son quotidien intime ; quel homme est vraiment capable de détecter si sa partenaire simule, si ce n'est celui qui est encore assez lucide pour se rendre compte que le résultat est disproportionné par rapport à sa prestation ; quelle femme supportera d'en voir d'autres qui sont meilleures comédiennes qu'elle ?

Toujours est-il qu'une solution moins grivoise a été trouvée ! Ouf ! nous l'avons échappé belle !... Ce sera donc, tenez-vous bien, une épreuve de repassage . Trop top ! Tros sexy ! Non ?

Si on voulait rester dans la logique première, je leur suggèrerais bien de faire accomplir cette tâche ménagère en monokini, ça relancerait l'audimat !

Ah! l'inconscient masculin, décidément depuis Adam et Eve, a du mal à se hausser au dessus du nombril (je dis nombril pour ne pas heurter les plus jeunes d'entre vous, ô innocents si peu nombreux en ce XXI ème siècle!).

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            O mes anges ! après avoir beaucoup écrit de ma main, je ne peux plus écrire de ma main. Je ne m’aviserai pas de vous envoyer corrections additions, pour la tragédie de mes roués [Octave ou le Triumvirat]. Une autre farce vient à la traverse. On prétend que notre ami Fréron, très attaché à l’Ancien testament, a fait imprimer la facétie de Saül et David qui est dans le goût anglais, et qui ne me parait pas trop faite pour le théâtre de Paris [le relieur Pierre Hallé a été emprisonné le 8 août pour avoir eu des copies « de la tragédie du Saül par Voltaire »]. Ce scélérat, plus méchant qu’Achitophel [Achitophel, conseiller de David, complota avec son fils Absalon qui se pendit plutôt que de suivre ses mauvais conseils] a mis bravement mon nom à la tête ; c’est du gibier pour Omer [Omer Joly de Fleury, procureur général du Parlement de Paris]. Je n’y sais autre chose que de prévenir Omer, et de présenter requête, s’il veut faire réquisitoire. Je me joins d’esprit et de cœur à Messieurs, en cas qu’ils veuillent poser sur le réchaud Saül et David, au pied de l’escalier du May [c’est là qu’on brulait les livres condamnés à la requête d’Omer]. C’étaient, je vous jure, deux grands polissons que ce Saül et David, et il faut avouer que leur histoire et celle des voleurs de grand chemin se ressemblent parfaitement. Maitre Omer est tout à fait digne de ces temps là. Quoi qu’il en soit, je déshérite mon neveu le conseiller au parlement [D’Hornoy, fils de Mme de Fontaine, devenue Marquise de Florian, à qui V* écrit la veille :  « Il est important pour votre salut que votre oncle ne soit pas excommunié, attendu qu’étant mon héritier vous seriez damné aussi par le troisième concile de Latran. ». V* avait fermement insisté pour qu’il devint conseiller.], s’il n’instrument pas pour moi dans cette affaire, en cas qu’il faille instrumenter.

 

 

                            Je lui donne tous pouvoirs par les présentes ; et mes anges sont toujours le premier tribunal auquel je m’adresse.

 

 

                            Je vous supplie donc d’envoyer chercher aux plaids mon gros neveu, et de l’assurer de ma malédiction s’il ne se démène pas dans cette affaire.

 

 

                            De plus, j’envoie à frère Damilaville un petit avertissement pour mettre dans les papiers publics, conçu en ces termes :

« Ayant appris qu’on débite à Paris sous mon nom, et sous le titre de Genève [à Damilaville :  « S’il y avait une étincelle de justice dans messieurs de la justice, ils verraient bien que l’affectation de mettre mon nom à la tête de cet ouvrage est une preuve que je n’en suis point l’éditeur, ils verraient que le titre qui porte Genève est encore une preuve qu’il n’a pas été imprimé à Genève. »], je ne sais quelle farce, intitulée Saül et David, je suis obligé de déclarer que l’éditeur calomnieux de cette farce abuse de mon nom, qu’on ne connait point à Genève cette rhapsodie, qu’un tel abus n’y serait pas toléré, et qu’il n’est pas permis de tromper ainsi le public. »

 

 

                            Nul ange n’a jamais eu depuis le démon de Socrate un si importun client ; tantôt tragédies, tantôt farces, tantôt Omer, je ne finis point, je mets la patience de mes anges à l’épreuve. Si l’affaire est sérieuse, je les supplie d’envoyer chercher mon gros cochon de neveu, sinon mes anges jetteront au feu la lettre qui est pour lui ; en tout cas, je crois qu’il sera bon que frère Damilaville fasse mettre dans les papiers publics le petit avertissement daté de la sainte ville de Genève. Il faut être bien méchant pour avoir mis mon nom là. Mes méchancetés à moi, se terminent au Pauvre Diable, au Russe à Paris, aux Pompignades, aux Bertiades [Pamphlets contre Lefranc de Pompignan et contre Berthier], à L’Écossaise ; mais aller au criminel ! ah fi !

 

 

                            Respect et tendresse au bout de vos ailes.

 

 

                            V.

 

                            Et M. le duc de Praslin a-t-il gagné son procès pour le Gazette littéraire ? [V* se réjouira du gain du procès le 1 er février 1764, le duc de Choiseul-Praslin s’étant heurté à l’hostilité du Journal des Savants en particulier ]

 

 

                            14è auguste 1763. »

 

 

Guilleret et matinal :  Bénabar , pour moi campagnard qui ai connu les affres de la ville : http://www.youtube.com/watch?v=P4wy8olSBuk

 

29/04/2009

pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore,

vache et cochon.jpg

 

 

Dans un demi-sommeil ou demi-réveil, ce matin, j'ai eu la vision de la conversation d'un cochon et d'une vache dite folle ! Ils évoquaient les morts de cette grippe mexicaine ( ou plus exactement nord américaine, selon un spécialiste ) et la vache disait, avec tout le sérieux d'un bovin de bonne souche, que "ma foi, s'il y a une bête malade dans le troupeau, par précaution il faut abattre tout le troupeau !". Réveil en sursaut ...Non , ça va, j'ai la truffe fraiche et point de courbature . Le perfide virus n'a pas trouvé le chemin de mes belles bronches et mes petits poumons.

 

Oh les beaux soucis de ceux qui peuvent s'offrir des voyages ! Oh les belles préoccupations de ceux qui craignent pour leur santé ; l'épidémie, la pandémie (le pan dans le mille) : quelles horreurs !

 

Oublions vite que nous avons sous la main des médecins , des hopitaux et des médicaments à volonté ! Oublions plus vite encore que des milliards d'humains n'ont pas celà à disposition !

 

Oublions que le temps qu'on écrive l'article relatant la mort de quelques grippés, des humains, dix, vingt, cent, je ne sais, sont morts de faim ou d'une de ces maladies si fréquentes dans les pays dits "émergents". Emergents de quoi, j'aimerais bien le savoir et croire que c'est vrai ; j'ai cru voir, il y a quelque temps dans le lointain, un tuba qui dépassait d'une mer de "gros soucis".

 

 

 

"Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière." Volti dixit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy

 

 

                            Je vous crois à présent, mon cher neveu, à votre terre d’Hornoy. Vous ne faites que d’entrer dans le monde que je vais bientôt quitter. Votre avenir ne peut être qu’heureux, et il n’en est point pour moi. Vous n’avez essuyé que quelques petits malheurs honorables,[il est conseiller au parlement de Paris qui vient d’être dissout] et j’ai perdu la santé et la vue. Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière.
                           

                            Convenez, entre nous, que votre corps avait été trop loin. Convenez que s’obstiner à vouloir entacher un pair du royaume dont le roi approuvait toute la conduite,[le duc d’Aiguillon, blanchi par le roi en juin 1770 et que le parlement déclare « coupable de faits qui entachent son honneur » en juillet ; le parlement après avoir fait remontrances sur remontrances s’était mis en grève] c’était vouloir entacher le roi lui-même.

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Convenez qu’on a pu dire de certaines compagnies, comme dans Les Plaideurs :

L’esprit de contumace est dans cette famille.

Voilà l’origine de cette grande fermentation qui dans Paris et dans les provinces [remplacements des parlements de province solidaires de celui de Paris ]. Mon cher ami, cette maladie passera, car tout passe.

 

                            Voulez-vous que je vous parle franchement ? Nous ne sommes pas dignes d’être libres. Lisez attentivement l’histoire de France, et vous verrez que les compagnies, à commencer par la Sorbonne, et à finir par les jésuites, n’ont jamais fait que des sottises. Nous sommes de jolis enfants qui avons besoin d’être menés. Je ne crois point que le roi puisse reculer après les démarches qu’il a faites. Une telle mollesse et une telle inconséquence lui oteraient pour jamais l’estime de l’Europe.

 

                            Donnez vous la peine de lire l’écrit de la main de Louis XIV qui est dans la bibliothèque du roi, et que j’ai rapporté dans l’Histoire du Siècle : On peut demeurer sans se déterminer, mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre et s’y tenir ; c’est ce qui m’a fait réussir dans tout ce que j’ai entrepris.

 

                            Il est donc très vraisemblable, mon cher neveu, que le roi persistera dans ses mesures, car si le gouvernement molissait il serait perdu.

 

                            Je suis sur que l’amitié de mes deux neveux ne sera point altérée.[l’abbé Mignot rentre au parlement nouveau que d’Hornoy a quitté ; il y sera « doyen des conseillers clercs » le 14 avril 1771 et veillera aux opérations de la caisse d’amortissement dès le 20 mai]. Vous savez que l’abbé Mignot a toujours pensé d’une manière uniforme. On ne peut lui reprocher d’avoir persisté dans une opinion qu’il croit bonne. Vous êtes tous deux très vertueux chacun dans votre système ; ainsi vous serez toujours unis.

 

                            Quand l’envie vous prendra d’avoir ce qu’on appelle en France un office, qui ne procure au bout du compte qu’un dessus de lettre, cela ne sera pas difficile. C’est selon moi, et je crois selon vous, un médiocre  avantage de se faire annoncer dans une maison : Monsieur le grand audiencier, Monsieur le grand maître des Eaux et Forêts. Les Anglais sont plus sages que nous, on ne leur écrit pas même « à M. Jackson, membre du parlement ». Nous sommes pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore, qui vous aime de tout son cœur, on peut être aussi heureux que la chétive nature humaine le comporte.

 

                            Pardonnez au radotage d’un vieillard. Votre tante Mme Denis pense tout comme moi et ne radote point. Nous vous embrassons tous deux très tendrement, durate et vosmet rebus servate secundis.[restez fermes et gardez-vous pour les jours de bonheur]

 

                            Voltaire

                            29 avril à Ferney. »