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19/01/2010

Je m’y suis ruiné, mais je ne suis pas découragé

Il en est qui dépourvus de talent se permettent de baver - je dis bien baver, pour moi ce sont des limaces - sur Voltaire . Ils le font à leur image, je n'en dirai pas plus, vous avez compris .

Dans le même temps, je les soupçonne -à tort peut-être ?- d'être des fans de Napoléon Ier qui, Ô merveille, sut si bien rétablir l'esclavage.

Ce Voltaire qu'ils se permettent de rabaisser (car eux ne peuvent s'élever ! ) était cet homme capable d'indignation devant les travers de ses contemporains , et ce n'est qu'un petit exemple parmi tant d'autres que je vous cite ci-après, en fonction de l'actualité.

Le 11 août 1770, Voltaire écrit à Catherine II de Russie :

"On apprend à Paris le tremblement de terre qui a bouleversé trente lieues de pays à Saint Domingue, on dit : "C'est dommage", et on va à l'opéra. Les affaires les plus sérieuses sont tournées en ridicule."

Ce tremblement de terre a eu lieu le jour de la Pentecôte , 3 juin 1770 . Voir détails ci-après : http://www.lnbtp.gouv.ht/publications/Seismes%20en%20Hait...

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« A Charles–Augustin Ferriol, comte d’Argental

et

à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

19è janvier 1772

 

                            Or mes anges, voici le fait. Cette lettre sera pour vous et pour M. de Thibouville puisqu’il a trouvé son jeune homme [Le 6 février 1771, V* écrivait à Thibouville :"Trouvez quelque jeune homme ... qui passerait pout l'auteur, et qui pourra même lire la pièce aux comédiens ..." Il s'agissait des Pélopides . V* sera déçu :" ce jeune homme était un mauvais comédien de la troupe de Paris" (letr du 8 février 1773 à Thibouville).]; et je suppose que ce jeune homme lira bien et fera pleurer son monde.

 

                            Mon jeune homme à moi [le prétendu auteur], m’est venu trouver hier, et m’a dit ces propres paroles :

         « A l’âge où je suis j’ai grand besoin d’avoir des protections à la cour comme par exemple auprès du secrétaire de  M. le trésorier des Menus, ou auprès de MM. les comédiens ordinaires du roi. On m’a dit que Sophonisbe n’étant qu’un réchauffé [un « réchauffé » de Mairet, 1770 ], et les Pélopides ayant déjà été traités [par Crébillon qui avait écrit Atrée et Thyeste.], ces deux objets me procureraient difficilement la protection que je demande.

 

         D’ailleurs des gens bien instruits m’ont assuré que pour balancer le mérite éclatant de l’opéra-comique et de Fax-hall [Il s’agit des Fêtes de Tempé, ouvertes par Torre en 1769 près de la porte Saint Martin ; voir article « franc » des Questions sur l’Encyclopédie :  «  du salon du sieur Vaux à Londres, nommé Vaux-hall, on a fait facs-hall à Paris. »] , pour attirer l’attention des Welches, et pour forcer la délicatesse de la cour à quelque indulgence, il fallait un grand spectacle, bien imposant, et bien intéressant ; qu’il fallait surtout que ce spectacle fût nouveau, et j’ai cru trouver ces conditions dans la pièce ci-jointe [Les Lois de Minos.] que je soumets à vos lumières . Elle m’a coûté beaucoup de temps, car je l’ai commencée le 18è septembre, et elle a été achevée le 12è janvier.

 

         Il serait triste d’avoir perdu un temps si précieux. »

 

                            J’ai répondu au jeune candidat que je trouvais sa pièce fort extraordinaire, et qu’il n’y manquait que de donner bataille sur le théâtre, que sans doute on en viendrait là quelque jour, et qu’alors on pourrait se flatter d’avoir égalé les Grecs.

 

         « Mais mon cher enfant, quel titre donnez-vous à votre tragédie ?

-         Aucun, Monsieur. On ferait cent allusions, on tiendrait cent mauvais discours, et les Welches feraient tant que ma pièce ne serait point jouée. Alors je serais privé de la protection du secrétaire de M. le trésorier des Menus, et de celle de MM. les comédiens ordinaires du roi, et je serais obligé d’aller travailler aux feuilles de M. Fréron pour me pousser dans le monde. »

 

                            J’eus pitié de ce pauvre enfant, et je vous envoie  son œuvre, mes chers anges. Si M. de Thibouville veut se trémousser et conduire cette intrigue, cela pourra l’amuser beaucoup, et vous aussi.

 

                            Il y a vraiment dans ce drame je ne sais quoi de singulier et de magnifique qui sent son ancienne Grèce, et si les Welches ne s’amusent pas de ces spectacles grecs, ce n’est pas de ma faute. Je les tiens pour réprouvés à jamais. Pour moi qui ne suis que Suisse, j’avoue que la pièce m’a fait passer une heure agréable dans mon lit où je végète depuis longtemps.

 

                            Je vous remercie mes chers anges, des ouvertures que vous me donnez avec tant de bonté pour établir un bureau d’adresse en faveur de mes montriers [fabricants de montre de Ferney]. Mme Lejeune [ La femme du libraire qui avait été arrêtée en décembre 1766, revenant de Ferney, pour avoir voulu faire entrer en France des livres prohibés, dont le Recueil nécessaire de Voltaire ] ne pourrait-elle pas être la correspondante ? On s’arrangerait avec elle.

 

                            Il est arrivé de grands malheurs à notre colonie [V* a accueilli des émigrants de Genève suite aux troubles de février 1770, leur a prêté de l’argent pour fonder une fabrique de montres à Ferney, bâti des maisons, mais perdu le soutien de Choiseul disgracié en décembre]. Je m’y suis ruiné, mais je ne suis pas découragé. J’aurai toujours dans mon village le glorieux titre de fondateur. J’ai rassemblé des gueux. Il faudra que je finisse par leur fonder un hôpital.

 

                            Je me mets à l’ombre de vos ailes plus que jamais, mes divins anges.

 

                            Vous devez recevoir la drôlerie de mon jeune homme par M. Bacon, non pas le chancelier, mais le substitut du procureur général, lequel doit l’avoir reçue dûment cachetée de la main de M. le procureur général .Si ces curieux ont ouvert le paquet, je souhaite qu’ils aiment les vers, mais j’en doute.

 

                            Voltaire. »

 

 

 

 

28/11/2009

Il ne faut pas se fâcher contre ceux qui ne peuvent pas nuire

Il ne faut pas non plus parler quand on est heureux.

Il n'y a pas que les grandes douleurs qui sont muettes (quoiqu'il y aurait beaucoup à dire et redire  à ce sujet ! )

Volti est encore en lune de miel prussienne et ne réalise pas encore dans quel guépier il s'est fourré, même s'il subit quelques escarmouches .

-« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

A Potsdam le 28 novembre 1750

 

                            Mon cher ange, vous me rendez bien la justice de croire que j’attends avec quelque impatience le moment de vous revoir, mais ni les chemins d’Allemagne, ni les bontés de Frédéric le Grand, ni le palais enchanté où ma chevalerie errante est retenue, ni mes ouvrages que je corrige tous les jours, ni l’aventure de d’Arnaud ne me permettent de partir avant le 15 ou le 20 de décembre . Mme Denis vous aura dit sans doute que pour prix de sa vanité et de sa lâche ingratitude d’Arnaud avait ordre de partir des Etats du roi dans vingt-quatre heures [Il a été renvoyé le 24 novembre. V* , le 14 novembre écrit à d’Argental qu’il a  « servi longtemps de père » à son élève qui jaloux de ses appointements, de ses soupers avec le roi, du succès de Rome sauvée, de l’attribution qui a été faite à V* de ses vers galants (Chanson de l’illustre Voltaire pour l’auguste princesse Amélie, attribuée à V* le 15 septembre) , V* a voulu alors « désavouer une mauvaise préface qu’il avait voulu mettre au devant d’une mauvaise édition qu’on a faite à Rouen des ouvrages »  de V*. D’Arnaud s’est alors adressé à Fréron, lui a dit que V* « l’avait perdu dans l’esprit du roi » et qu’il avait « ajouté à sa préface des choses horribles contre la France » . V* dit qu’il ne peut quitter la Prusse avant éclaircissement de cette affaire . A Thiriot V* donne des précisions sur les vantardises de d’Arnaud et ajoute qu’il « escroqua de l’argent à M. Darget et à bien d’autres ] . Voilà un bel exemple, il a perdu une grande fortune pour avoir été fou et méchant. Il faut que l’envie soit bien le partage des gens de lettres puisque d’Arnaud a osé être jaloux. Quelle race que celle des barbouilleurs de papier !

 

                            Croiriez-vous bien que votre chevalier de Mouhy s’est amusé à écrire quelquefois des sottises contre moi dans un petit écrit intitulé La Bigarrure ? [La Bigarrure ou mélange curieux, instructif et amusant de nouvelles, de critiques, de morale, de poésie (La Haye 1749)] . Je vous l’avais dit et vous n’aviez pas voulu le croire. Rien n’est plus vrai ni si public. Il n’y a aucun de ces animaux là qui n’écrivît quelque pauvreté contre son ami pour gagner un écu et point de libraire qui n’en imprimât autant contre son propre frère. On ne fait pas assurément d’attention  à La Bigarrure du chevalier de Mouhy, mais vous m’avouerez qu’il est fort plaisant que ce Mouhy me joue de ces tours là. Il vient de m’écrire une longue lettre, et il se flatte que je le placerai à la cour de Berlin. Je veux ignorer ses petites impertinences qu’on ne peut attribuer qu’à de la folie. Il ne faut pas se fâcher contre ceux qui ne peuvent pas nuire. J’ai mandé à ma nièce qu’elle fit réponse pour moi, et qu’elle l’assurât de tous mes sentiments pour lui et pour la chevalière.

 

                            Votre Aménophis est de Linant [joué le 12 novembre 1750, il est de Bernard-Joseph Saurin ; V* confond avec Ramsès/ Alzaïde de Linant, représentée en  1745], c’est l’Artaxerce de Metastasio . Ce pauvre diable a été sifflé de son vivant et après sa mort. Les sifflets et la faim l’avaient fait périr, digne sort d’un auteur. Cependant vos badauds ne cessent de battre des mains à des pièces qui ne valent guère mieux que les siennes. Ma foi, mon cher ange, j’ai fort bien fait de quitter ce beau pays là, et de jouir du repos auprès d’un héros à l’abri de la canaille qui me persécutait, de graves pédants qui ne me défendaient pas , des dévots qui tôt ou tard m’auraient joué un mauvais tour, et de l’envie qui ne cesse de sucer le sang que quand on n’en a plus .La nature a fait Frédéric le Grand pour moi . Il faudra que le diable s’en mêle si les dernières années de ma vie ne sont pas heureuses auprès d’un prince qui pense en tout comme moi, et qui daigne m’aimer autant qu’un roi en est capable. On croit que je suis dans une cour, et je suis dans une retraite philosophique. Mais vous me manquez, mes chers anges. Je me suis arraché la moitié du cœur pour mettre l’autre en sureté ; et j’ai toujours mon grand chagrin dont nous parlerons à mon retour. En  attendant je joins ici pour vous amuser une page d’une épître que j’ai corrigée. Il me semble que vous y êtes pour quelque chose. Il s’agit de la vertu et de l’amitié. Dites–moi si l’allemand a gâté mon français, et si je suis rouillé comme Rousseau [Jean-Baptiste, exilé]. N’allez pas croire que j’apprenne sérieusement la langue tudesque, je me borne prudemment à savoir ce qu’il en faut pour parler à mes gens et à mes chevaux .Je ne suis pas d’un âge à entrer dans toutes les délicatesses de cette langue  si douce et si harmonieuse, mais il faut savoir se faire entendre d’un postillon. Je vous promets de dire des douceurs à ceux qui me mèneront vers mes deux anges. Je me flatte que Mme d’Argental, M. de Pont-de-Veyle, M. de Choiseul, M. l’abbé Chauvelin auront toujours pour moi les mêmes bontés, et qui sait si un jour … car … Adieu, je vous embrasse tendrement. Si vous m’écrivez envoyez votre lettre à ma nièce. Je baise vos ailes de bien loin.

 

                            Voltaire.

 

 

 

 

 

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 http://www.bibliothek.uni-augsburg.de/sondersammlungen/ga...

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Thomas-Marie_d...

 

 

 

15/08/2009

Mes méchancetés à moi se terminent

Oh ! joie incommensurable de connaitre les nouvelles d'un petit peuple que Volti a lui aussi fréquenté !

Ce matin, entre deux attentats, la radio RSR 1 (Radio Suisse Romande) m'apprend que les organisateurs de l'éléction de miss Suisse avaient prévu comme épreuve la simulation d'un orgasme dans un restaurant, tel qu'on a pu le voir dans un film dont j'ai oublié le nom . Verra-t-on ces morceaux de haute volée bientôt ? Que nenni !

Cette "magnifique" idée, je dis bien magnifique, suivez-moi bien, aurait amené un public masculin et féminin face à son quotidien intime ; quel homme est vraiment capable de détecter si sa partenaire simule, si ce n'est celui qui est encore assez lucide pour se rendre compte que le résultat est disproportionné par rapport à sa prestation ; quelle femme supportera d'en voir d'autres qui sont meilleures comédiennes qu'elle ?

Toujours est-il qu'une solution moins grivoise a été trouvée ! Ouf ! nous l'avons échappé belle !... Ce sera donc, tenez-vous bien, une épreuve de repassage . Trop top ! Tros sexy ! Non ?

Si on voulait rester dans la logique première, je leur suggèrerais bien de faire accomplir cette tâche ménagère en monokini, ça relancerait l'audimat !

Ah! l'inconscient masculin, décidément depuis Adam et Eve, a du mal à se hausser au dessus du nombril (je dis nombril pour ne pas heurter les plus jeunes d'entre vous, ô innocents si peu nombreux en ce XXI ème siècle!).

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            O mes anges ! après avoir beaucoup écrit de ma main, je ne peux plus écrire de ma main. Je ne m’aviserai pas de vous envoyer corrections additions, pour la tragédie de mes roués [Octave ou le Triumvirat]. Une autre farce vient à la traverse. On prétend que notre ami Fréron, très attaché à l’Ancien testament, a fait imprimer la facétie de Saül et David qui est dans le goût anglais, et qui ne me parait pas trop faite pour le théâtre de Paris [le relieur Pierre Hallé a été emprisonné le 8 août pour avoir eu des copies « de la tragédie du Saül par Voltaire »]. Ce scélérat, plus méchant qu’Achitophel [Achitophel, conseiller de David, complota avec son fils Absalon qui se pendit plutôt que de suivre ses mauvais conseils] a mis bravement mon nom à la tête ; c’est du gibier pour Omer [Omer Joly de Fleury, procureur général du Parlement de Paris]. Je n’y sais autre chose que de prévenir Omer, et de présenter requête, s’il veut faire réquisitoire. Je me joins d’esprit et de cœur à Messieurs, en cas qu’ils veuillent poser sur le réchaud Saül et David, au pied de l’escalier du May [c’est là qu’on brulait les livres condamnés à la requête d’Omer]. C’étaient, je vous jure, deux grands polissons que ce Saül et David, et il faut avouer que leur histoire et celle des voleurs de grand chemin se ressemblent parfaitement. Maitre Omer est tout à fait digne de ces temps là. Quoi qu’il en soit, je déshérite mon neveu le conseiller au parlement [D’Hornoy, fils de Mme de Fontaine, devenue Marquise de Florian, à qui V* écrit la veille :  « Il est important pour votre salut que votre oncle ne soit pas excommunié, attendu qu’étant mon héritier vous seriez damné aussi par le troisième concile de Latran. ». V* avait fermement insisté pour qu’il devint conseiller.], s’il n’instrument pas pour moi dans cette affaire, en cas qu’il faille instrumenter.

 

 

                            Je lui donne tous pouvoirs par les présentes ; et mes anges sont toujours le premier tribunal auquel je m’adresse.

 

 

                            Je vous supplie donc d’envoyer chercher aux plaids mon gros neveu, et de l’assurer de ma malédiction s’il ne se démène pas dans cette affaire.

 

 

                            De plus, j’envoie à frère Damilaville un petit avertissement pour mettre dans les papiers publics, conçu en ces termes :

« Ayant appris qu’on débite à Paris sous mon nom, et sous le titre de Genève [à Damilaville :  « S’il y avait une étincelle de justice dans messieurs de la justice, ils verraient bien que l’affectation de mettre mon nom à la tête de cet ouvrage est une preuve que je n’en suis point l’éditeur, ils verraient que le titre qui porte Genève est encore une preuve qu’il n’a pas été imprimé à Genève. »], je ne sais quelle farce, intitulée Saül et David, je suis obligé de déclarer que l’éditeur calomnieux de cette farce abuse de mon nom, qu’on ne connait point à Genève cette rhapsodie, qu’un tel abus n’y serait pas toléré, et qu’il n’est pas permis de tromper ainsi le public. »

 

 

                            Nul ange n’a jamais eu depuis le démon de Socrate un si importun client ; tantôt tragédies, tantôt farces, tantôt Omer, je ne finis point, je mets la patience de mes anges à l’épreuve. Si l’affaire est sérieuse, je les supplie d’envoyer chercher mon gros cochon de neveu, sinon mes anges jetteront au feu la lettre qui est pour lui ; en tout cas, je crois qu’il sera bon que frère Damilaville fasse mettre dans les papiers publics le petit avertissement daté de la sainte ville de Genève. Il faut être bien méchant pour avoir mis mon nom là. Mes méchancetés à moi, se terminent au Pauvre Diable, au Russe à Paris, aux Pompignades, aux Bertiades [Pamphlets contre Lefranc de Pompignan et contre Berthier], à L’Écossaise ; mais aller au criminel ! ah fi !

 

 

                            Respect et tendresse au bout de vos ailes.

 

 

                            V.

 

                            Et M. le duc de Praslin a-t-il gagné son procès pour le Gazette littéraire ? [V* se réjouira du gain du procès le 1 er février 1764, le duc de Choiseul-Praslin s’étant heurté à l’hostilité du Journal des Savants en particulier ]

 

 

                            14è auguste 1763. »

 

 

Guilleret et matinal :  Bénabar , pour moi campagnard qui ai connu les affres de la ville : http://www.youtube.com/watch?v=P4wy8olSBuk

 

22/07/2009

. Il ne veut pas que les gens de lettres mêlent les dames dans leurs caquets. Et il a raison

En douceur, encourageant, planant, énergique, tenace, tendu, tout comme j’aime :

http://www.dailymotion.com/video/xqs3d_01-shine-on-you-cr...

 

 

 

 Mais "quid nuper evenit" ?

Où étiez vous dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 ?

 

 

Moi, je me souviens très bien de ce "bond de géant pour l'humanité" et de la mauvaise humeur de ma fiancée qui lasse d'attendre la sortie de Neil s'était endormie avec consigne de la réveille r au bon moment. Elle était si jolie endormie que je me suis réservé ce double plaisirde voir deux lunes dont une à portée de ma main de terrien. Je vous laisse deviner vers laquelle allait ma préférence. Ah ! jeunesse... Je n'ai jamais regretté de l'avoir laissée assoupie ; elle m'en a beaucoup voulu ; tant pis !

 

 

 

 

 

Volti et ses soucis postaux préfigure ceux plus véniels d'aujourd'hui, où pour des raisons financières, il est question de supprimer la distribution du samedi, au grand dam des facteurs, et je les approuve ...

 

 

 

 

 

 

 

« A Claude-Nicolas Thiriot

 

 

                            Mon cher correspondant, quid nuper evenit ? [que vient-il de se passer ?] J’avais envoyé pour vous un gros paquet à M. de Villemorien [directeur de la poste à Paris] il y a environ huit jours, et M. de Villemorien m’écrit qu’il ne peut plus servir à la correspondance .Et il me signifie cet arrêt sans me parler du paquet, et comme je ne me souviens plus de la date, je ne sais s’il m’écrit avant ou après l’avoir reçu, et cela me fait de la peine, et c’est à vous de savoir si vous avez mon paquet, et à le demander si vous ne l’avez pas, et à me dire d’où vient ce changement extrême.

 

 

                            Et vous noterez que dans ce paquet était entre autres ma lettre au Palissot, [lettre du 12 juillet adressée à l’auteur des Philosophes] laquelle vous vouliez lire, et faire lire. Mais les notes du Russe à Paris  en disent plus que cette lettre.

 

 

                            Et vous noterez encore qu’il y avait dans mon paquet un billet pour Protagoras.[=d’Alembert]

 

 

                            On me mande de tous côtés que Lefranc de Pompignan est très mal auprès de l’Académie et du public, qu’on rit avec Vadé, [c'est-à-dire avec Le Pauvre Diable] qu’on bénit Le Russe, que le sermon sur la vanité plait aux élus et aux réprouvés [nombreux libelles]. Dieu soit béni, et qu’il ait la bonne cause en aide. Si on n’avait pas fait cette justice de Lefranc de Pompignan, tout récipiendaire à l’Académie se serait fait un mérite de déchirer les sages dans sa harangue. Je compte que M. Alétoph a rendu service aux honnêtes gens.

 

 

                            On dit qu’on imprime un petit recueil de toutes ces facéties.[Le Recueil des facéties parisiennes pour les six premiers mois de 1760 ; 1760.]. Hélas ! sans le malheureux passage du prophète [Melchior Grimm ; sur l’affaire concernant Mme de Robecq, voir lettres des 10 juin, 9 et 14 juillet 1760] sur Mme la princesse de Robecq on n’aurait entendu que des éclats de rire de Versailles à Paris.

 

 

                            A propos de l’édition vous noterez encore que dans le paquet Villemorien il y avait un paquet pour Corbi [libraire à Paris] .Est-il vrai qu’on va jouer l’Ecossaise ? Que dira Fréron ? Ce pauvre cher homme prétend, comme vous savez, qu’il a passé pour être aux galères mais que c’était un faux bruit .Eh ! mon ami que ce bruit soit vrai ou faux, qu’est-ce que cela peut avoir de commun avec l’Ecossaise ?

 

 

                            Jean-Jacques a-t-il signalé son crédit dans l’affaire de l’abbé mords-les ? [pour faire libérer l’abbé Morellet, auteur de La Vision]. S’il a échoué, je crois avoir plus de crédit que lui . Mais j’ai grand peur que le Roi en personne ne soit inflexible. Il ne veut pas que les gens de lettres mêlent les dames dans leurs caquets. Et il a raison .

 

 

                            Tuus V.

                            Aux Délices 22 juillet. »

13/07/2009

ordonner de la part de Dieu à tous ceux qui voudraient être persécuteurs, de rire et de se tenir tranquilles

Jour de pause pour le tour (Le Tour !!). Je vais pouvoir poser ma bière, je n'en pouvais plus de suer comme un "forçat de la route"... Pour tout avouer, si certains se dopent, moi je vous raconte des craques, comme disent les belges ; en fait je ne regarde pas ou peu les exploits cyclistes, ça me lasse .Je vois dans ce sport un moyen d'accomplir son purgatoire sur terre.

Je suis un piètre vélocypédiste, je dois avoir quatorze kilomètres au compteur en ... 3 ans! Eh! oui, comme Armstrong, j'ai fait une pause, à ce détail près, aucun soupçon de dopage (sauf au chocolat, bien sûr), ni somptueuses rentrées de dollars...Allez, roulez jeunesse !

 

 Un maillot jaune doit se surpasser, à l'exemple de ces belles arches (mon coeur d'archer a bien entendu un faible pour ces lignes ! merci Kala69)

 

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Volti craint toujours les piqures de F(f)relon ; je suis toujours admiratif de son art du camouflage et du pseudonyme ; comment ne s'y perd-il pas ? Moi qui ai décidé d'avoir deux ou trois pseudo pour mes vagabondages sur la toile, si je n'en utilise pas un pendant plus de trois semaines, c'est le même problème que pour les codes PIN, PUK et cartes bancaires, je rame, je galère avant de retrouver le sésame .

Alzheimer, euh! rappelez moi votre prénom ?

Aloïs ! ok, mais ça ne me donne toujours pas mon code de carte épargne, je vais épargner encore quelque temps faute de pouvoir récupérer quelques euros épars .

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

           Mon cher ange, ce pauvre Carré [prétendu traducteur de l’Écossaise du prétendu « M. Hume »] se recommande à vos bontés. Fréron s’oppose à la représentation de sa pièce sous prétexte qu’on l’a, dit-il, appelé quelquefois Frelon. Quelle chicane ! Ne sera-t-il permis qu’à l’illustre Palissot de jouer d’honnêtes gens ? [dans sa pièce Les Philosophes, approuvée par Joly de Fleury qui a fait un réquisitoire contre l’Encyclopédie]

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           Jérôme Carré croit que si sa Requête à messieurs les Parisiens paraissait quelques jours avant l’Écossaise, messieurs les Parisiens seraient bien disposés en sa faveur.

 

 

           Avez-vous reçu un paquet du 9 juillet par M. Chauvelin ? Quelquefois messieurs des postes ouvrent et mettent au rebut.

 

 

Écossaise

 

Page 203, retranchez ôtez moi plutôt cette vie etc.

Mettez … vous triomphez de moi plus que si j’étais tombé sous vos coups.

 

 

           Voltaire

           13 juillet 1760. »

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean le Rond d’Alembert

 

 

           Mon très cher ami, mon très illustre philosophe, madame de Saint-Julien qui veut bien se charger de ma lettre, me fournit l’occasion et la liberté de vous écrire comme je pense.

 

 

           Vous sentez combien j’ai du être affligé et indigné de l’aventure des deux académiciens [Delille et Suard, élus à l’académie française, n’ont pas reçu l’agrément du roi]. Vous m’apprenez que celui qui devait être le soutien le plus intrépide de l’Académie en a voulu être le persécuteur [Richelieu, sans doute, doyen de l’Académie]. Le présent et le passé me font une égale peine ; je ne vois que cabales, petitesses et méchancetés. Je bénis tous les jours les causes secondes ou premières qui me retiennent dans ma retraite. Il est plus doux de faire ses moissons que des tracasseries, mais ma solitude ne m’empêchera pas d’être toujours uni avec les gens de bien, c’est-à-dire avec vos amis, à qui je vous supplie de me bien recommander.

 

 

           Votre chut est fort bon [V* publie : l’Essai sur les probabilités en fait de justice, Les systèmes, Les Cabales avec des notes instructives, Jean qui pleure et qui rit]; mais il n’est pas mal d’ordonner de la part de Dieu à tous ceux qui voudraient être persécuteurs, de rire et de se tenir tranquilles [dernier vers des Systèmes : « Imitez le bon Dieu qui n’en a fait que rire. »]. Je vois qu’en effet on cherche à persécuter tous les gens de lettres, excepté peut-être quelques charlatans heureux et quelques faquins sans aucun mérite. Il faut un terrible fonds de philosophie pour être insensible à tout cela.

Mais vous savez qu’ainsi va le monde.

 

 

           Ce qui se passe dans le Nord n’est pas plus agréable. Votre Dannemark a fourni une scène qui fait lever les épaules et qui fait frémir [Struensee, médecin du roi, amant de la reine, ministre réformateur et autoritaire a été accusé de complot contre le roi et exécuté le 28 avril]. J’aime encore mieux être Français que Danois, Suédois, Polonais, Russe, Prussien ou Turc ; mais je veux être Français solitaire, Français éloigné de Paris, Français suisse et libre.

 

 

           Je m’intéresse beaucoup à l’étrange procès de M. de Morangiés. Mes premières liaisons ont été avec sa famille. Je le crois excessivement imprudent. Je pense qu’il a voulu emprunter de l’argent très mal à propos, et au hasard de ne point payer ; que dans l’ivresse des ses illusions et d’une conduite assez mauvaise il a signé des billets [à Dujonquay « au profit de la Véron que Dujonquay lui disait être une associée de la compagnie des prêteurs. »] avant de recevoir l’argent . C’est une absurdité ; mais toute cette affaire est absurde comme bien d’autres. Si vous voyez M. de Rochefort, je vous prie de lui dire qu’il me faut beaucoup plus d’éclaircissements qu’on ne m’en a donné [le 1er août, il demandera directement à Rochefort d’Ally le mémoire de l’avocat Delille ; moyennant quoi « il pourrait bien paraître dans quelques jours une nouvelle édition des Probabilités extrêmement augmentées. »]. Les avocats se donnent tant de démentis, les faits qui devaient être éclaircis le sont si peu, les raisons plausibles que chaque partie allègue sont tellement accompagnées de mauvaises raisons qu’on est tenté de laisser tout là. Un traité de métaphysique n’est pas plus obscur, et j’aime autant les disputes de Malebranche et d’Arnaud que la querelle de Dujonquay. C’est partout le cas de dire

 

Tradidit mundum disputationi eorum.

[il a livré le monde à leurs disputes ; Ecclésiaste]

 

           J’en reviens toujours à conclure qu’il faut cultiver son jardin, et que Candide n’eût raison que sur la fin de sa vie. Pour vous, il me parait que vous avez raison dans la force de votre âge. Pour vous   , il me paraît que vous avez raison dans la force de votre âge. Portez-vous bien, mon cher philosophe, c’est là le grand point. Je m’affaiblis beaucoup ; et si je suis quelquefois Jean qui pleure et qui rit, j’ai bien peur d’être Jean qui radote ; mais je suis sûrement Jean qui vous aime.

 

 

           V.

           13è juillet 1772. »  

 

 

 

 

 

Elus de l'académie : Suard : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.academie...

 

                      Delille : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

 

 

 

 

 

 

Demain, 14 juillet, pique-nique républicain dans le parc du château, plus exactement, dans le petit jardin clos (que connaît loveV), là où il y a quelques barbus autour d'une coupe ou cratère -je n'ai pas dit autour d'une chope- et deux superbes magnolias .

Je vais avoir le sentiment d'avoir une petite réception élyséenne campagnarde, sans remise de légion d'honneur .Le maire de Ferney apportera son petit panier de victuaille ? je le souhaite pour lui, sinon pas de miam-miam : la fourmi n'est pas prêteuse parait-il, si je me fie à l'attitude des banquiers locaux .... Bast...bec de gaz.jpg

 

 

 

 

 

 

Après avoir arboré la perruque XVIIIème, vive le bonnet phrygien !! Les aristocrates à la lanterne !! (Nous avons quelques lampadaires à becs de gaz disponibles )...

 

 

 

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10/07/2009

Bien des dames sont, comme vous savez, de grands enfants : le fouet et des dragées

Qu'est-ce que j'apprends ce matin ? Des "gueux", de la "canaille" se sont érigés en vengeurs à Firminy ?

J'ai bien connu cette ville ouvrière lors de mon séjour de trois ans à St Etienne ; j'étais un "Gaga" d'adoption (habitant de Saint Etienne) et je fréquentais des "Appelous" (habitants de Firminy)au lycée. A cette époque (n'ajoutez pas lointaine, vous me vexeriez!)il y avait les blousons noirs qui étaient sensés se battre à coups de chaine de vélo ; je n'en ai pas vu se battre , ils avaient l'uniforme mais pas l'agressivité ravageuse.

Maintenant, les jeunes, certains jeunes, minoritaires, bien fringués, avec de la sape de marque, se permettent de mettre le feu à l'outil de travail de leurs parents, soeurs, voisins...

Jeunes hurluberlus, vos dégats s'ajoutent à ce que vous dites combattre, l' injustice, que vous croyez subir.

Oui, il est injuste d'être au chomage et cent fois oui, il est injuste d'y précipiter d'autres qui n'y sont pour rien.

Jeunes gens déjantés, je ne vous pardonnerai que le jour où votre rage sera constructive !

Je ne pardonnerai pas votre haine imbécile, sauf si, par miracle, elle pouvait ressusciter votre "camarade", votre "ami". Et encore ...Je mets des guillemets car je doute de votre camaraderie, de votre amitié.

Je pense au fond de moi que vous êtes partisans du "Tous pour moi, moi pour moi", ou alors expliquez moi comment vous fonctionnez et quels "fouteurs de merde" vous êtes capables de suivre idiotement ?

Continuez à scier la branche sur laquelle vous êtes assis, assurez-vous que c'est une branche basse ou alors gare ! Personne ne vous rattrappera...

 

 

volti nu pigalle.jpg

 

Volti, pourvu qu'un ou deux (pour commencer )te connaissent -enfin- et tirent les leçons de ta pensée . Tolérance ... Ce jour ne me voit pas tolérant...

 

 

«  A Jean le Rond d’Alembert

 

 

Je vous prie instamment, mon cher philosophe, mon cher ami de faire rendre à Jean-Jacques sa souscription [pour le Voltaire nu de Pigalle ; D’Alembert avait conseillé le 2 juillet d’accepter : « Je n’aime ni n’estime la personne de Jean-Jacques Rousseau,… ni vous ni vos amis ne deviez refuser son offrande. … qu’il souscrive ou non, la statue n’en sera pas moins érigée... »]  et de lui faire dire que c’est moi qui ne veut pas que son nom se trouve à côté du vôtre. Voyez ce que je pense de lui, et jugez s’il me convient de souffrir qu’il se vante d’avoir contribué ; et qu’il étale la grandeur de sa ridicule âme dans la Gazette. Pour le roi de Prusse, c’est autre chose : il est roi, et il me doit une réparation. Ses lettres ne me suffisent pas, il faut son nom dans la liste à la tête de laquelle vous êtes ; et je vous ai une très grande obligation de lui en écrire fortement. Je ne dois lui parler de son devoir que quand il l’aura rempli.

 

 

           La dame en question fut toujours pourvue d’une maligne langue [Mme du Deffand ; le 2 juillet, D’Alembert écrit à V* : « Je sais …. qu’on vous a écrit de Paris, pour tâcher d’empoisonner votre plaisir, que ce n’est point à l’auteur de la Henriade, de Zaïre, etc que nous élevons ce monument, mais au destructeur de la religion. Ne croyez point cette calomnie… ; soyez sûr que Mme du Deffand qui vous a écrit cette  noirceur… est bien moins votre amie que nous, qu’elle lit et applaudit les feuilles de Fréron, et qu’elle cite avec éloge les méchancetés qui vous regardent. C’est de quoi j’ai été témoin plus d’une fois. Ne la croyez donc pas dans les méchancetés qu’elle vous écrit. »]. Elle le sait bien, mais il faut pardonner en faveur des yeux [elle était devenue aveugle]. J’ai pris la liberté quelquefois de lui laver la tête [le 12, il lui écrira :  « L’envie et la médisance… ont répandu que certains philosophes que vous n’aimez pas avaient imaginé de me dresser une statue comme à leur député… cette idée… peut me faire tort auprès du roi. On m’assure même que vous avez pensé comme moi… Je me trouve actuellement dans une situation où j’ai le plus grand besoin des bontés du roi ( pour les émigrants et la fabrique de montre)… Il est donc très expédient qu’on n’aille point dire au roi, en plaisantant à souper : les encyclopédistes font sculpter leur patriarche… »]. Bien des dames sont, comme vous savez, de grands enfants : le fouet et des dragées.

 

 

           Fréron, protégé plus que nous tous, Fréron fêté, Fréron digne du pilori me tient un peu au cœur. Il me semble qu’il est fort aisé de constater tous les faits rapportés dans les Anecdotes [Anecdotes sur Fréron ; le 16 juillet V* précise :  « …Pour peu que La Harpe ou quelque autre se donne la peine d’interroger ceux qui sont nommés dans ces Anecdotes, on découvrira aisément la vérité ; le monstre sera reconnu… »]. Thiriot connait l’auteur, il me les envoya, il y a sept ou huit ans [ en août 1760, ce dossier sera revu et complété en 1761. Il semble que l’abbé de La Porte ait apporté la matière, des éléments apportés par La Harpe que V* prétend être l’auteur de l’ouvrage dès les premières éditions en 1761 ; le 6 mai 1761, il écrit à Le Brun : « Thiriot m’a envoyé ces Anecdotes écrites de la main de La Harpe. En juin 1770, l’affaire Royou est ajoutée aux Anecdotes.]. L’infamie de la canaille littéraire est découverte, on n’a pas changé un mot du manuscrit. Panckoucke dit que tout en est vrai. Est-il possible qu’un maraud tel que ce fripier soit soutenu ? Et par qui ![Choiseul , notamment] Encore s’il était capable de mourir de honte et de rage ! J’y ferai de mon mieux, mais je vous aime plus que je ne le déteste.

 

 

           V.

           Ce 9 juillet 1770. »

18/05/2009

qu’il est aisé de se cacher dans la foule.

Grande satisfaction pour le château de Voltaire . Le parc va retrouver allure "peignée". Volti disait qu'il avait du "peigné et du sauvage", et depuis quelques semaines le bon sauvage qui aurait fait plaisir à Rousseau (le Jean-Jacques genevois) était maître des lieux : "ex-gazon", style prairie à foin sauvée par les fleurettes qui mettaient des taches de couleurs. Défense aux enfants d'y aller s'amuser, il aurait fallu l'hélicoptère pour aller les rechercher!!! J'exagère à peine ...

 

Voyez par vous même, quelques photos prises par un visiteur anonyme la semaine passée :  http://www.monsieurdevoltaire.com/article-31358201.html

 

 

Pour la première fois, j'ai eu le plaisir de voir des jardiniers et non pas de vulgaires conducteurs d'engins (bien sur, les plus gros possibles : petite cervelle, gros moteurs, comme ceux qui ont petites bi.... et grosses bagnoles !!!). Travail impeccable, odeur d'herbe coupée en non pas de fumée d'un quatre temps mal réglé... Ce qui ne gâte rien, sourires et politesse. Merci les gars...

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

Envoyé de Parme, en son hôtel, quai d’Orsay à Paris.

 

 

                            Quelque chose qui soit arrivée, et qui arrive, je ne veux pas mourir sans avoir la consolation d’avoir revu mes anges. Il n’y a que ma malheureuse santé qui puisse m’empêcher de faire un petit tour à Paris. Je n’ai affaire à aucun secrétaire d’État. Je ne suis point de l’ancien parlement. Il n’y avait qu’une petite tracasserie entre le défunt [Louis XV mort le 10 mai] et moi, tracasserie ignorée de la plus grande partie du public, tracasserie verbale qui ne laisse nulle trace après elle .Il me parait que je suis un malade qui peut prendre l’air partout sans ordonnance des médecins.

                           

                            Cependant je voudrais que la chose fût très secrète. Je pense qu’il est aisé de se cacher dans la foule. Il y aura tant de grandes cérémonies, tant de grandes tracasseries que personne ne s’avisera de penser à la mienne.

                            En un mot, il serait trop ridicule que Jean-Jacques le Genevois eût la permission de se promener dans la cour de l’archevêché, que Fréron pût aller voir jouer L’Écossaise, et moi que je ne pusse aller ni à la messe ni aux spectacles dans la ville où je suis né.

 

choiseul chateau_de_Chanteloup_-_1.jpg

                            Tout ce qui me fâche, c’est l’injustice de celui qui règne à Chanteloup [Choiseul, qui accuse V* d’ingratitude, parce qu’après sa disgrâce V* a fait l’éloge de Maupéou et sa réforme ; Mme du Deffand rassurera V*] , et qui doit régner bientôt dans Versailles. Non seulement je ne lui ai jamais manqué, mais j’ai toujours été pénétré pour lui de la reconnaissance la plus inaltérable. Devait-il me savoir mauvais gré d’avoir haï cordialement les assassins du chevalier de La Barre et les ennemis de la couronne ? Cette injustice encore une fois me désespère. J’ai quatre-vingts ans mais je suis avec M. de Chanteloup comme un amant de dix-huit ans quitté par sa maîtresse.

 

                            Quand vous jugerez à propos, mon cher ange, d’engager, de forcer votre ami et votre voisin M. de Praslin à présenter mon innocence, vous me rendrez la vie.

 

                            Je ne vous parle point de bruits qu’on fait déjà courir de l’ancien parlement qu’on rappelle, de monsieur le Chancelier qu’on renvoie. Je n’en crois pas un mot ; tout ce que je sais, c’est que je suis dévot à mes anges.

 

 

                            Voltaire

                            18 mai 1774. »