13/08/2009
intéresser des gens qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes,
Cet après-midi, j'ai la surprise et le plaisir -je ne vous le cache pas- d'avoir mon fils ainé dans ma visite . Je ne lui ai pas demandé ce qu'il pense de celle-ci. Je laisse refroidir et je le questionnerai plus tard .
La dernière fois qu'il a visité ce château, c'était de nuit , sans les collections, à la lueur d'une lampe de poche , donc fort contraste. Les fantômes de la nuit se font très discrets au soleil, à peine un reflet sur un tableau ou derrière un buste, les visites nocturnes étant réservées aux amis et parents, qu'on se le tienne pour dit .
loveV, vous êtes une amie donc ....
Cette belle journée m'a fait repenser à des vacances lointaines où ce fils ainé et sa petite soeur étrennaient leurs premières vacances à la mer et où j'avais eu le plaisir de rencontrer un artiste peintre et chanteur de talent : Michel Murty : http://www.michel-murty.com/ .
Ah ! le VVF, on ne dira jamais assez le plaisir de ces villages de vacances et de leurs animations qui permettaient à certains de faire leurs premières armes.
Je sais que cette photo n'a rien à voir avec ce qui suit, ni ce qui précède , mais , bon ,c'est moi qui publie, des fois en vrac, je dois le reconnaitre, comme la vie pour ce qui nous arrive . Cette photo est une dédicace à kala69 ( http://www.flickr.com/photos/kala69 ) que je vous recommande, il a l'esprit et le coup d'oeil affutés .
Volti courtisan amuseur forcé "honteux à son[mon] age de quitter sa[ma] philosophie pour être baladin des rois". Il s'acquittera bien de ce pensum en ayant recours , sur le tard à J-J Rousseau, qui le croirait en pensant à leur avenir houleux .
« A Marie-Louise Denis
Chez Monsieur de Fontaine, maitre des comptes, rue Pavée derrière la place Royale, à l’hôtel d’Herbouville quartier Saint Antoine à Paris.
Ma chère nièce, j’aurai bientôt la consolation de vous embrasser ; je quitte la tranquillité de Cirey pour le chaos de Paris. Il faut absolument que je revienne préparer des fêtes [représentation de La princesse de Navarre composée pour le mariage du dauphin avec l’infante d’Espagne ], et peut-être de l’ennui à notre dauphine et une cour pour laquelle je ne me sens point fait. Je me sens un peu honteux à mon âge de quitter ma philosophie et ma solitude pour être baladin des rois ; mais on dit qu’il y avait presse à être revêtu de cette grande dignité, et on m’a fait l’honneur de me donner la préférence [Richelieu l’a chargé de ce divertissement]. Il faut donc la mériter, tacher de faire rire la cour, mêler le noble au comique, intéresser des gens qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes, donner un spectacle où il y ait de tout, et où la musique n’étouffe point les paroles, avoir affaire à vingt comédiens, à l’opéra, aux danseurs, décorateurs, et tout cela pourquoi ? pour que la dauphine me fasse en passant un signe de tête [il espérait plutôt « quelque marque de bonté qu’on me doit pour des bagatelles d’une autre espèce dans lesquelles je n’ai pas laissé de rendre service »]. Allons, il faut partir puisque je vous verrai, et que nous nous consolerons tous deux, vous de vos pertes [Mme Denis est veuve depuis le 12 avril et a des difficultés pour régler la succession], et moi de la ridicule vie que je mène, toute contraire à mon humeur et à ma façon de penser. J’embrasse tendrement votre aimable sœur et son cher mari. Je ne sais, mon enfant, aucune nouvelle d’aucun sous-fermier, et les Montigni [la famille Mignot de Montigny] ne m’ont point mandé l’établissement de Mlle Montigni. Tout ce que je sais, c’est que le plus riche fermier général ne serait pas trop bon pour elle. Encore faudrait-il qu’il fut fort aimable. Elle mérite bien d’être heureuse. Elle a de l’esprit et des talents, et pense tout à fait à ma fantaisie.
En vous remerciant, ma chère enfant, des Mahomet. Je vous prie de dire à votre ami La Porte qu’il me les garde jusqu’à ce que je lui donne une adresse. Présentez-lui bien mes remerciements. Je vous souhaite santé et tranquillité. Adieu ma chère nièce, je me flatte du plaisir de vous embrasser tous incessamment. Mme du Châtelet vous fait mille compliments.
V.
Ce 13 août 1744 à Cirey. »
19:32 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voltaire, denis, mignot, dauphine, navarre, richelieu
29/04/2009
pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore,
Dans un demi-sommeil ou demi-réveil, ce matin, j'ai eu la vision de la conversation d'un cochon et d'une vache dite folle ! Ils évoquaient les morts de cette grippe mexicaine ( ou plus exactement nord américaine, selon un spécialiste ) et la vache disait, avec tout le sérieux d'un bovin de bonne souche, que "ma foi, s'il y a une bête malade dans le troupeau, par précaution il faut abattre tout le troupeau !". Réveil en sursaut ...Non , ça va, j'ai la truffe fraiche et point de courbature . Le perfide virus n'a pas trouvé le chemin de mes belles bronches et mes petits poumons.
Oh les beaux soucis de ceux qui peuvent s'offrir des voyages ! Oh les belles préoccupations de ceux qui craignent pour leur santé ; l'épidémie, la pandémie (le pan dans le mille) : quelles horreurs !
Oublions vite que nous avons sous la main des médecins , des hopitaux et des médicaments à volonté ! Oublions plus vite encore que des milliards d'humains n'ont pas celà à disposition !
Oublions que le temps qu'on écrive l'article relatant la mort de quelques grippés, des humains, dix, vingt, cent, je ne sais, sont morts de faim ou d'une de ces maladies si fréquentes dans les pays dits "émergents". Emergents de quoi, j'aimerais bien le savoir et croire que c'est vrai ; j'ai cru voir, il y a quelque temps dans le lointain, un tuba qui dépassait d'une mer de "gros soucis".
"Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière." Volti dixit
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy
Je vous crois à présent, mon cher neveu, à votre terre d’Hornoy. Vous ne faites que d’entrer dans le monde que je vais bientôt quitter. Votre avenir ne peut être qu’heureux, et il n’en est point pour moi. Vous n’avez essuyé que quelques petits malheurs honorables,[il est conseiller au parlement de Paris qui vient d’être dissout] et j’ai perdu la santé et la vue. Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière.
Convenez, entre nous, que votre corps avait été trop loin. Convenez que s’obstiner à vouloir entacher un pair du royaume dont le roi approuvait toute la conduite,[le duc d’Aiguillon, blanchi par le roi en juin 1770 et que le parlement déclare « coupable de faits qui entachent son honneur » en juillet ; le parlement après avoir fait remontrances sur remontrances s’était mis en grève] c’était vouloir entacher le roi lui-même.
Convenez qu’on a pu dire de certaines compagnies, comme dans Les Plaideurs :
L’esprit de contumace est dans cette famille.
Voilà l’origine de cette grande fermentation qui dans Paris et dans les provinces [remplacements des parlements de province solidaires de celui de Paris ]. Mon cher ami, cette maladie passera, car tout passe.
Voulez-vous que je vous parle franchement ? Nous ne sommes pas dignes d’être libres. Lisez attentivement l’histoire de France, et vous verrez que les compagnies, à commencer par la Sorbonne, et à finir par les jésuites, n’ont jamais fait que des sottises. Nous sommes de jolis enfants qui avons besoin d’être menés. Je ne crois point que le roi puisse reculer après les démarches qu’il a faites. Une telle mollesse et une telle inconséquence lui oteraient pour jamais l’estime de l’Europe.
Donnez vous la peine de lire l’écrit de la main de Louis XIV qui est dans la bibliothèque du roi, et que j’ai rapporté dans l’Histoire du Siècle : On peut demeurer sans se déterminer, mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre et s’y tenir ; c’est ce qui m’a fait réussir dans tout ce que j’ai entrepris.
Il est donc très vraisemblable, mon cher neveu, que le roi persistera dans ses mesures, car si le gouvernement molissait il serait perdu.
Je suis sur que l’amitié de mes deux neveux ne sera point altérée.[l’abbé Mignot rentre au parlement nouveau que d’Hornoy a quitté ; il y sera « doyen des conseillers clercs » le 14 avril 1771 et veillera aux opérations de la caisse d’amortissement dès le 20 mai]. Vous savez que l’abbé Mignot a toujours pensé d’une manière uniforme. On ne peut lui reprocher d’avoir persisté dans une opinion qu’il croit bonne. Vous êtes tous deux très vertueux chacun dans votre système ; ainsi vous serez toujours unis.
Quand l’envie vous prendra d’avoir ce qu’on appelle en France un office, qui ne procure au bout du compte qu’un dessus de lettre, cela ne sera pas difficile. C’est selon moi, et je crois selon vous, un médiocre avantage de se faire annoncer dans une maison : Monsieur le grand audiencier, Monsieur le grand maître des Eaux et Forêts. Les Anglais sont plus sages que nous, on ne leur écrit pas même « à M. Jackson, membre du parlement ». Nous sommes pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore, qui vous aime de tout son cœur, on peut être aussi heureux que la chétive nature humaine le comporte.
Pardonnez au radotage d’un vieillard. Votre tante Mme Denis pense tout comme moi et ne radote point. Nous vous embrassons tous deux très tendrement, durate et vosmet rebus servate secundis.[restez fermes et gardez-vous pour les jours de bonheur]
Voltaire
29 avril à Ferney. »
12:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, hornoy, mignot, denis, parlement