02/01/2010
il est dans ce bas monde Beaucoup plus de rois que d’amis
Un peu de ce qui m'a accompagné pour transcrire cette lettre :
http://www.youtube.com/watch?v=TJcoaIeH3GI&NR=1
http://www.youtube.com/watch?v=3X9LvC9WkkQ&NR=1
Un lien pour une interprètation qui me plait et me touche et qui peut-être éveille quelques souvenirs chez ceux qui ont touché un clavier : http://www.dailymotion.com/video/x18vjb_marche-des-rois_f...
« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Ancien Conseiller au parlement à Rouen.
Les rois ne me sont rien, mon bonheur ne se fonde,
Que sur cette amitié dont vous sentez le prix,
Mais hélas Cideville, il est dans ce bas monde
Beaucoup plus de rois que d’amis.
Mon malheur veut que je ne voie guère plus mes amis que les rois. Je suis presque toujours malade. Je n’ai envisagé qu’une fois le roi mon maître depuis son retour et il y a plus de six mois que je ne vous ai vu. Il est bien vrai que nous avons joué à Sceaux des opéras, des comédies, des farces et qu’ensuite m’élevant par degrés au comble des honneurs j’ai été admis au théâtre des petits cabinets entre Montcrif et d’Arboulin. Mais, mon cher Cideville, tout l’éclat dont brille Montcrif ne m’a point séduit. Les talents ne rendent point heureux surtout quand on est malade, ils sont comme une jolie dame dont les galants s’amusent et dont le mari est fort mécontent. Je ne vis point comme je voudrais vivre, mais quel est l’homme qui fait son destin ? Nous sommes dans cette vie des marionnettes que Brioché mène et conduit sans qu’elles s’en doutent. On dit que vous revenez incessamment. Dieu veuille que je profite de votre séjour à Paris un peu plus que l’année passée ! En vérité nous sommes faits pour vivre ensemble. Il est ridicule que nous ne fassions que nous rencontrer.
Adieu mon cher et ancien ami, Mme du Châtelet-Neuton vous fait mille compliments.
V.
2 janvier 1748. »
Volti faisait-il partie de ces rois de la com' ?
Je crois que oui, incontestablement, il a excellé dans cet art !
Autres rois !
Rois d'un jour ? d'une vie ?
http://www.youtube.com/watch?v=qpF4p0wR1Lg
Amour-roi ? Dédicace spéciale pour une bloggueuse qui se reconnaitra …
http://www.youtube.com/watch?v=MuZ4-cdGgQE&NR=1
17:56 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, cideville, rouen, montcrif, arbouville, chatelet, destin, sceaux
16/12/2009
Sa petite âme ne voulait qu’une réputation viagère
Petite occasion de sourire avant ou après avoir lu son horoscope !
http://www.youtube.com/watch?v=saclo51anNY
« A Marie de Vichy de Chambond, marquise du Deffand
16è décembre 1770
Je m’en étais douté, il y a trente ans que son âme n’étais que molle, et point du tout sensible [le président Hénault mort le 24 novembre ; le 5 décembre V* écrit à Mme du Deffand : « Je regrette jusqu’au fond de mon cœur le président Hénault », mais le 9 décembre elle lui écrivit que , dans son testament, le président « de ses amis n’en parle point » ]; qu’il concentrait tout dans sa petite vanité, qu’il avait l’esprit faible et le cœur dur ; qu’il était content pourvu que la reine trouvât son style meilleur que celui de Montcrif, et que deux femmes se le disputassent. Mais je ne le disais à personne, je ne disais pas même que ses Etrennes mignonnes [=Abrégé chronologique de l’histoire de France] ont été commencées par Du Molard et faites par l’abbé Boudot.
Je reprends toutes les louanges que je lui ai données.
Je chante la palinodie,
Sage du Deffand je renie
Votre président et le mien.
A tout le monde il voulut plaire
Mais ce charlatan n’aima rien,
De plus il disait son bréviaire !
Je voudrais, Madame, que vous sussiez ce que c’est que ce bréviaire, ce ramas d’antiennes et de réponses en latin de cuisine ! Apparemment que ce pauvre homme voulait faire sa cour à Dieu comme à la reine par de mauvais vers.
Je suis dans la plus grande colère, je suis si indigné que je pardonne presque au misérable La Beaumelle d’avoir si mal traité les Etrennes mignonnes du président [polémique à propos de l’Examen de la nouvelle histoire de Henri IV, dans laquelle V* voulait entrainer Hénault ; voir lettres de septembre 1768 à février 1769 ]. Quoi ! ne vous pas laisser la moindre marque d’amitié dans son testament, après vous avoir dit pendant quarante ans qu’il vous aimait ! Sa petite âme ne voulait qu’une réputation viagère. Je suis très persuadé que l’âme noble de votre grand-maman [la duchesse de Choiseul ] trouvera cela bien infâme.
Vous voulez des vers pour la Bibliothèque bleue [ensemble de romans parus sous couverture bleue en brochures : Histoire de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne ; Histoire de Robert le Diable ; Histoire des quatre fils Aymon, etc]; vous vous adressez très bien ; en voici qui sont dignes d’elle.
La belle Maguelone avec Robert le Diable
Valaient peut-être au moins les romans de nos jours ;
Ils parlaient de combats, de plaisirs et d’amours.
Mais tout ce papier bleu quoique très estimable
N’est plus regardé qu’en pitié.
Mon cœur en a senti la cause véritable,
On n’y parle point d’amitié.
N’est-il pas vrai, Madame, que nous n’aurons point la guerre ? C’est une obligation que la France aura encore au mari de votre grand-maman.
Je veux que vous m’écriviez dorénavant à cœur ouvert, nous n’avons rien à dissimuler ensemble. [d’après Atys, opéra de Quinault] .Mais quelque chose que vous ayez la bonté de m’écrire, faites contresigner par votre grand-maman, ou envoyez votre lettre chez M. Marin, secrétaire général de le Librairie, rue des Filles-Saint-Thomas, qui me la fera tenir très sûrement, le tout pour cause.
Voltaire. »
APPEL au PEUPLE !!
"Je veux que vous m’écriviez dorénavant à cœur ouvert, nous n’avons rien à dissimuler ensemble.": cette phrase est dédiée à tous ceux qui n'osent pas ou ne prennent pas le temps de laisser de commentaire !!
Allez, on arrose ça !!
05:27 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, deffand, hénault, montcrif, du molard, boudot, beaumelle, choiseul