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04/01/2010

il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

Ferney 3 janvier 1766

 

M. le duc de Choiseul m’a écrit, mon cher frère, qu’il avait parlé pour la pension de M. d’Alembert [L’Académie des Sciences avait demandé le report de la pension de Clairaut, mort en mai 1765, sur d’Alembert, ce qui n’est pas encore fait .] , qu’il n’y avait nul mérite et qu’il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes.

 

                            Voilà ses propres paroles [Exact, dans le billet de Choiseul du 26 décembre 1765. Il dira ensuite qu’il ne se soucie pas de l’opinion de d’Alembert et « hait à mort la vanité et la présomption philosophique »], je vous prie instamment de les rapporter à notre cher philosophe. Avouons donc que M. le duc de Choiseul a une belle âme. Ce qu’il a fait pour les Calas le prouve assez. Rendons-lui justice. Il y a eu malentendu dans la protection qu’il a donnée à l’infâme pièce de Palissot [Les Philosophes, qui suscitent polémiques ]. Il lui avait  fait entendre que les philosophes décrieraient le ministère. Nous ne devons pas avoir de meilleur protecteur que ce ministre généreux qui a de l’esprit comme s’il n’était pas grand seigneur, qui a fait de très beaux vers [Ode contre le roi de Prusse au printemps 1759 qui répondait à une ode de Frédéric contre Louis XV ; en réalité l’ode n’est pas de Choiseul, mais sans doute de Palissot], même étant ministre, qui a sauvé bien des chagrins à de pauvres philosophes, qui l’est lui-même autant que nous, qui le paraîtrait davantage si sa place le lui permettait.

 

                            Mon cher frère, tout est tracasserie, et personne ne s’entend. On m’a rendu compte de la prétendue lettre à Mme du Deffand [Est-ce celle du 16 octobre 1765 où il lui reproche son aversion pour les pauvres philosophes, ou celle du 6 novembre 1765 où il présente sa Philosophie de l’Histoire , lettre qu’il lui demande de brûler ? ], dont quelques fragments ont couru sous mon nom. Elle n’en a point donné de copies ; quelques indiscrets en ont retenu des bribes. Il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie que je reprochais à Mme du Deffand. Vous savez en pareil cas combien on augmente  ou combien on altère le texte.

 

                            Lisez ces vers [L’Epitre à Henri IV sur ce qu’on avait écrit à l’auteur que plusieurs citoyens de Paris s’étaient mis à genoux devant la statue équestre de ce prince, pendant la maladie du dauphin.] avec vos amis ; mais n’en laissez point prendre de copies. Je ne veux pas me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève ; Soufflot trouverait mes vers mauvais [l’Epître disait : « La fille qui naquit aux chaumes de Nanterre / Pieusement célèbre en ce temps ténébreux (Ste Geneviève) / De l’empire français n’est point la protectrice. » . Soufflot est l’architecte de l’église Ste Geneviève.].

 

                            Je vous embrasse tendrement.

 

                            Voltaire. »

 

16/12/2009

Sa petite âme ne voulait qu’une réputation viagère

Petite occasion de sourire avant ou après avoir lu son horoscope !

http://www.youtube.com/watch?v=saclo51anNY

 

 

Yawhé, Allah, Jéhovah,
Vichnou (la paix, comme disaient si bien Francis Blanche et Pierre Dac )
Pachacamac, Têtedanlsac, Sorduhamac, comme qu'on vous nomme :
Vous êtes sourds !
tintin pachacamac.jpg

 

« A Marie de Vichy de Chambond, marquise du Deffand

 

16è décembre 1770

 

                            Je m’en étais douté, il y a trente ans que son âme n’étais que molle, et point du tout sensible [le président Hénault mort le 24 novembre ; le 5 décembre V* écrit à Mme du Deffand : « Je regrette jusqu’au fond de mon cœur le président Hénault », mais le 9 décembre elle lui écrivit que , dans son testament, le président « de ses amis n’en parle point » ]; qu’il concentrait tout dans sa petite vanité, qu’il avait l’esprit faible et le cœur dur ; qu’il était content pourvu que la reine trouvât son style meilleur que celui de Montcrif, et que deux femmes se le disputassent. Mais je ne le disais à personne, je ne disais pas même que ses Etrennes mignonnes [=Abrégé chronologique de l’histoire de France] ont été commencées par Du Molard et faites par l’abbé Boudot.

 

                            Je reprends toutes les louanges que je lui ai données.

 

Je chante la palinodie,

Sage du Deffand je renie

Votre président et le mien.

A tout le monde il voulut plaire

Mais ce charlatan n’aima rien,

De plus il disait son bréviaire !

 

                            Je voudrais, Madame, que vous sussiez ce que  c’est que ce bréviaire, ce ramas d’antiennes et de réponses en latin de cuisine ! Apparemment que ce pauvre homme voulait faire sa cour à Dieu comme à la reine par de mauvais vers.

 

                            Je suis dans la plus grande colère, je suis si indigné que je pardonne presque au misérable La Beaumelle d’avoir si mal traité les Etrennes mignonnes du président [polémique à propos de l’Examen de la nouvelle histoire de Henri IV, dans laquelle V* voulait entrainer Hénault ; voir lettres de septembre 1768 à février 1769 ]. Quoi ! ne vous pas laisser la moindre marque d’amitié dans son testament, après vous avoir dit pendant quarante ans qu’il vous aimait ! Sa petite âme ne voulait qu’une réputation viagère. Je suis très persuadé que l’âme noble de votre grand-maman [la duchesse de Choiseul  ] trouvera cela bien infâme.

 

                            Vous voulez des vers pour la Bibliothèque bleue [ensemble de romans parus sous couverture bleue en brochures : Histoire de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne ; Histoire de Robert le Diable ; Histoire des quatre fils Aymon, etc]; vous vous adressez très bien ; en voici qui sont dignes d’elle.

 

La belle Maguelone avec Robert le Diable

Valaient peut-être au moins les romans de nos jours ;

Ils parlaient de combats, de plaisirs et d’amours.

Mais tout ce papier bleu quoique très estimable

                   N’est plus regardé qu’en pitié.

Mon cœur en a senti la cause véritable,

                   On n’y parle point d’amitié.

 

N’est-il pas vrai, Madame, que nous n’aurons point la guerre ? C’est une obligation que la France aura encore au mari de votre grand-maman.

 

                            Je veux que vous m’écriviez dorénavant à cœur ouvert, nous n’avons rien à dissimuler ensemble. [d’après Atys, opéra de Quinault] .Mais quelque chose que vous ayez la bonté de m’écrire, faites contresigner par votre grand-maman, ou envoyez votre lettre chez M. Marin, secrétaire général de le Librairie, rue des Filles-Saint-Thomas, qui me la fera tenir très sûrement, le tout pour cause.

 

                            Voltaire. »

APPEL au PEUPLE !!

"Je veux que vous m’écriviez dorénavant à cœur ouvert, nous n’avons rien à dissimuler ensemble.": cette phrase est dédiée à tous ceux qui n'osent pas ou ne prennent pas le temps de laisser de commentaire !!

 

 Allez, on arrose ça !!

marmotte-avec champagne.jpg

 

04/09/2009

ce sont mes mains qui ont travaillé

Loué soit  Dieu, Dieu est Bach, et Glenn Gould est son prophète.

http://www.youtube.com/watch?v=wyOf_L4cNHc&NR=1

 

Bonheur ! et comment ne pas se réjouir d’avoir deux oreilles et un petit plus entre les deux !

Allez, je ne peux résister , fermez les yeux, battez la mesure (pas votre chat !), dansez tendrement et redemandez-en !

http://www.youtube.com/watch?v=buq-p8vSCLQ&feature=re...

 

 

 

 

 GARGANTUA MME.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

 

 

                            Madame Gargantua, [le 11 septembre il expliquera à Mme Denis : «…  pour qu’elle eût le premier bas de soie qu’on ait fait dans le pays de Gex, et pour que son mari qui fait bientôt bâtir sa ville de Versoix vît qu’on peut établir des manufacturiers dans sa colonie… j’avais demandé à Mme de Choiseul, qu’on dit posséder le plus joli et le plus petit pied du monde, un de ses souliers pour prendre juste ma mesure. Elle m’a envoyé un soulier de treize pieds de long. Je l’ai appelée Mme Gargantua ( et je lui ai envoyé des bas pour les enfants de Mme Gigogne.) »]

 

                            Pardon de la liberté grande, mais comme j’ai appris que monseigneur votre époux forme une colonie dans les neiges de mon voisinage [Versoix], j’ai cru devoir vous monter à tous deux ce que notre climat qui passe pour celui de la Sibérie sept mois de l’année peut produire d’utile.

 

 

                            Ce sont mes vers à soie qui m’ont donné de quoi faire ces bas, ce sont mes mains qui ont travaillé à les fabriquer chez moi avec les fils de Calas ; ce sont les premiers bas qu’on ait faits dans le pays.

 

 

                            Daignez les mettre, Madame, une seule fois, montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez, et si on n’avoue pas que ma soie est plus forte et plus belle que celle de Provence et d’Italie, je renonce au métier. Donnez-les ensuite à une de vos femmes, ils lui dureront un an.

 

 

 

                            Il faut donc que monseigneur votre époux soit bien persuadé qu’il n’y a point de pays si disgracié de la nature qu’on ne puisse en tirer parti.

 

 

Je me mets à vos pieds, j’ai sur eux des desseins ;

Je les prie humblement de m’accorder la joie

De les avoir logés dans ces mailles de soie

Qu’au milieu des frimas, je formai de mes mains.

         Si La Fontaine a dit : Déchaussons ce que j’aime [dans La  Courtisane amoureuse],

J’ose prendre un plus noble soin ;

Mais il vaudrait bien mieux, j’en juge par moi-même,

Vous contempler de près que vous chausser de loin.

 

 

                            Vous verrez, Madame Gargantua, que j’ai pris tout juste la mesure de votre soulier. Je ne suis fait pour contempler ni vos yeux ni vos pieds mais je suis tout fier de vous présenter de la soie de mon cru.

 

 

                            Si jamais il arrive un temps de disette, je vous enverrai dans un cornet de papier du blé que je sème et vous verrez si je ne suis pas un bon agriculteur digne de votre protection.

 

 

                            On dit que vous avez reçu parfaitement un petit médecin de notre colonie [Coste, que V* avait envoyé à Choiseul en avril fut très bien accueilli : on l’invita et on lui fit donner de gros appointements.], mais un laboureur est bien plus utile qu’un médecin. Je ne suis plus typographe [il se disait le typographe Guillemet dans ses lettres antérieures], je me donne entièrement à l’agriculture depuis le poème des Saisons de M. de Saint Lambert. Cependant s’il restait quelque chose de bien philosophique qui puisse vous amuser, je serai toujours à vos ordres.

 

 

                            Agréez, Madame, le profond respect de votre ancien colporteur, laboureur et manufacturier

Guillemet.

                           

Ferney, 4 septembre 1769. »

 

 

Gigogne : ref : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definitio...

 

Et comme je viens d'avoir de bonnes nouvelles de Mamzelle Wagnière , j'ai  une joie à faire partager : http://www.youtube.com/watch?v=BywaOxQna6E&feature=fvw

 

 

 

 

 

                           

27/08/2009

Ils se sont dit : Vivons heureux

What's new Pussy Cat ?

http://www.youtube.com/watch?v=VBdSqk78nHw

 

 

DSC05352 rognée 27_8_09.jpg
Un insecte -  bijou pour une fleur bleue .

Et maintenant quoi de neuf au château de Volti ? Son nouvel administrateur nommé le 24 août 2009, M. François-Xavier Verger, en charge de Cluny et Ferney à la fois (par mesure d'économie, un administrateur pour deux ou trois monuments nationaux est la règle maintenant pour le CMN; reste à en juger la pertinence ).

 L'hypothèse :Volti, se retourner dans sa tombe ? Non, le connaissant, il doit plutôt se marrer !

Jésus, ton tombeau est plus vide que celui du patriarche à Ferney, tu me pardonneras de trouver que celui-ci fut un de tes meilleurs ouvriers . Il avait compris le message; l'appliquait et n'avait plus besoin de messager .

Messager - mensonger (comme traduction - trahison), j'ai parfois de singulières associations d'idées... Il faut que je sorte, la cocotte commence à siffler !...

 

 

 

cocotte.gif

 

 

 

 

 

 

«  A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul,

et à Etienne –François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

 

 

                            Madame, après avoir embelli votre royaume de Chanteloup par vos bienfaits, vous venez encore, M. le duc de Choiseul et vous, d’étendre vos grâces sur notre hameau de Ferney.

 

 

                            Peut-être apprendrez-vous tous deux avec quelque satisfaction que nos émigrants ont donné pour la saint Louis une petite fête qui a consisté en un très bon souper de cent couverts, avec illumination, feux d’artifice, et des Vive le roi sans fin. Peut-être même monsieur le duc ne sera pas fâché d’apprendre au roi qu’il est aimé et célébré par se nouveaux sujets comme par les anciens.

 

 

Vos noms, Madame, n’ont été oubliés ni en buvant ni dans le feu d’artifice.

 

Nous étions tous fort attendris

Voyant du fond de nos tanières

Des Choiseul les beaux noms écrits

En caractères de lumières

Sur nos vieux chênes rabougris

Et parmi nos sèches bruyères.

 

                            C’était un plaisir de voir nos huguenots et nos papistes être tous de la même religion en montrant à leurs bienfaiteurs la même reconnaissance.

 

Rien n’est plus selon mon humeur

Que de voir de bons hérétiques

Boire et chanter de si grand cœur

Avec nos pauvres catholiques.

Dans cet asile du bonheur

Le prêche est ami de la messe ;

Ils se sont dit : Vivons heureux

Et tolérons avec sagesse

Ceux qui se moquent de nous deux.

 

Que j’aime à voir notre vicaire

Appliquer assez pesamment

Un baiser près du sanctuaire

A la femme du prédicant.

 

                            On voit bien après cela, Monseigneur, qu’il n’y a pas moyen de refuser un édit de tolérance.

 

 

                            Nos colons, vos protégés, se mettent à vos pieds et nous supplions tous notre bienfaiteur et notre bienfaitrice d’agréer nos profonds respects et notre reconnaissance.

 

 

                            Le vieil ermite, de Ferney, secrétaire

                            Ferney 27è auguste 1770. »

 

feux d artifice.jpg

24/06/2009

quoique ma vieillesse et mes maladies m’aient un peu privé de la pensée et de la parole

Nouveau ministre de la culture : Frédéric Mitterrand

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/rem...

Pour ne rien vous cacher, je dis bravo ! Non au président, non au premier ministre, mais d’abord à Frédéric .

Enfin quelqu’un qui sait de quoi il parle, qui connait le sujet, non pas par conseillers interposés, mais par lui-même.

Lui accordera-t-on les moyens nécessaires ?

Ce fichu projet de loi HADOPI mal goupillé dont il hérite est un superbe cadeau empoisonné. Trouvera-t-il l’antidote ?

Il a de l’envergure, de l’ambition pour la culture.

Je fais des vœux pour qu’il puisse faire bouger l’administration culturelle, avec une attention toute particulière pour celle du CMN (centre des Monuments nationaux) qui me tient spécialement à cœur ! Je peux vous assurer qu’il y a du travail (style « travaux d’Hercule ») pour remuer ce mastodonte qui tend à roupiller trop souvent ! Et quand il ne roupille pas, il bride ceux qui , pleins de bonnes idées et d’élans, risquent de l’empêcher de ronronner tout son saoul !!!

 

  bambinnette pigalle.jpg

 

Que fait cette bambinnette ici ? Comme sa mère Eve !!

C’est tout simplement un Pigalle, comme le Voltaire nu suivant !

 

Contraste !

Beauté !

Réalisme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                        C’est un beau soufflet, mon cher et vrai philosophe, que vous donnez au fanatisme et aux lâches valets de ce monstre. Vous employez l’art du plus habile sculpteur de l’Europe pour laisser un témoignage d’amitié à votre vieil enfant perdu, à l’ennemi des tyrans, des Ganganelli, des Pompignan, et des Fréron. Vous écrasez sous ce marbre la superstition qui levait encore la tête [projet de statue de V* par Pigalle].

 

 

                        M. le duc de Choiseul se joint à vous, et c’est en qualité d’homme de lettres, car je vous assure qu’il fait des vers plus jolis que ceux qu’on lui adresse [vers faits par Palissot à la demande de Choiseul en réponse au poème de Frédéric contre Louis XV en 1759]; et soyez très certain que sans Palissot, fils de son avocat [Choiseul a soutenu la pièce Les Philosophes , de Palissot, faite contre d’Alembert entre autres], et sans Fréron qui a été son régent au collège des jésuites, il aurait été votre meilleur ami. Je le crois entièrement revenu.

 

 

                        Pour moi je lui ai presque autant d’obligation qu’à vous. Vous savez dans quel horrible désordre est tombée cette malheureuse petite république de Genève. Les sociniens sont devenus assassins. J’ai recueilli vingt familles émigrantes [Natifs fuyant Genève suite aux violences]; j’ai établi une manufacture de montres chez moi ; M. le duc de Choiseul les a protégées et a fait acheter par le roi plusieurs de leurs ouvrages. Vous voyez si son nom ne doit pas être placé à côté du vôtre dans l’affaire de la statue.

 

 

                        A l’égard de Frédéric, je crois qu’il est absolument nécessaire qu’il soit de la partie [primitivement seuls les hommes de lettres devaient souscrire]. Il me doit sans doute une réparation comme roi, comme philosophe, et comme homme de lettres. Ce n’est pas à moi à la lui demander ; c’est à vous à consommer votre ouvrage. Il faut qu’il donne. Par quelque somme qu’il contribue, Mme Denis donnera toujours vingt fois plus que lui. Elle est au rang des artistes les plus célèbres en fait de croches et doubles croches.

 

 

                        M. Pigalle m’a fait parlant et pensant quoique ma vieillesse et mes maladies m’aient un peu privé de la pensée et de la parole [Pigalle est arrivé à Ferney le 17 juin]. Il m’a fait même sourire ; c’est apparemment de toutes les sottises que l’on fait tous les jours dans votre grande ville, et surtout des miennes. Il est aussi bon homme que bon  artiste. C’est la simplicité du vrai génie.

 

 

                        J’ai vu le dessin du mausolée du maréchal de Saxe ; ce sera le plus grand et le plus beau morceau de sculpture qui soit peut-être en Europe. Il m’a fait l’honneur de me dire avec sa naïveté dépouillée de tout amour propre qu’il avait conçu le dessein des accompagnements de la statue du roi qu’il a faite pour Reims sur ces paroles qu’il avait lues dans Le Siècle de Louis XIV : C’est un ancien usage des sculpteurs de mettre des esclaves aux pieds des statues de roi ; Il vaudrait mieux y représenter des citoyens libres et heureux. Il communiqua cette idée à M. Bertin qui en qualité de ministre d’État, et plus encore de citoyen, la saisit avec chaleur, et doubla sa récompense. Ainsi, c’est à lui que nous devons l’abolition de cette coutume barbare de sculpter l’esclavage aux pieds de la royauté. Il faut espérer du moins que cette lâcheté insultante à la nature humaine ne reparaîtra plus. Il faut espérer aussi que jamais en figurant des citoyens heureux bénissant leurs maîtres, les artistes ne mentiront à la postérité.

 

 

                        Adieu, mon grand philosophe, mon cher ami, et mon soutien.

 

 

                        V.

                        22e juin 1770 à Ferney. »

 

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11/06/2009

au nom du genre humain protégez-la !

 

Tendresse et douceur , magie du désert qui nous tente pour mieux nous perdre , aller plus loin, aller trop loin,…

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Comme tous les humains, sur notre pirogue-terre, au milieu du fleuve-voie lactée, perdue dans l’univers sans limite

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En souvenir d’un ami malgache, mort trop jeune pour avoir le temps de revoir son pays natal , salut à toi Jean-Noël :

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Force tranquille, retour à la maison

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 Quittons le rêve, attaquons l'infâme, et rêvons encore, à des jours meilleurs...

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental, envoyé de Parme etc., rue de la Sourdière Paris

 et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            Mes divins anges, je me jette réellement à vos pieds et à ceux de M. le comte de Choiseul. La veuve Calas est à Paris dans le dessein de demander justice. L’oserait-elle si son mari eût été coupable ? Elle est de l’ancienne maison de Montesquieu par sa mère (ces Montesquieu sont de Languedoc). Elle a des sentiments dignes de sa naissance et au dessus de son horrible malheur. Elle a vu son fils renoncer à la vie et se pendre de désespoir ; son mari accusé d’avoir étranglé son fils, condamné à la roue et attestant Dieu de son innocence en expirant ; un second fils accusé d’être complice d’un parricide, banni, conduit à une porte de la ville et reconduit par une autre porte dans un couvent, ses deux filles enlevées, elle-même enfin interrogée sur la sellette, accusée d’avoir tué son fils, élargie, déclarée innocente, et cependant privée de sa dot. Les gens les plus instruits me jurent que la famille est aussi innocente qu’infortunée. Enfin si malgré toutes les preuves que j’ai, malgré les serments qu’on m’a faits, cette femme avait quelque chose à se reprocher, qu’on la brûle. Mais si c’est, comme je le crois, la plus vertueuse et la plus malheureuse femme du monde, au nom du genre humain protégez-la.[le même jour lettre à Ribote-Charron :  « …nos sommes très peu informés du fond de l’affaire. Ceux qui devraient nous donner le plus de lumières gardent un silence bien lâche, et qui même est suspect… On se donnera tous les mouvements possibles pour faire rendre justice à l’innocence ; mais il faut savoir pleinement la vérité. »]. Que M. le comte de Choiseul daigne l’écouter. Je lui fais tenir un petit papier qui sera son passeport pour être admise chez vous. Ce papier contient ces mots : la personne question vient se présenter chez M. d’Argental, conseiller d’honneur du parlement, envoyé de Parme, rue de la Sourdière.

 

 

                            V.

 

                            Mes anges, cette bonne œuvre est digne de votre cœur.

 

                            V.

                            11 juin 1762. »

21/05/2009

Vous sentez bien qu’il faudrait payer ce savant, car il serait suisse

Dur, dur , ce matin !

Lever à quatre heures, ce qui n'est pas un exploit ni un motif de plainte ...

4h 50, un animal que je n'ai pas le temps de voir se jette sous mes roues . Choc qui me fait mal au coeur : renard? chat ? petit chien ? ou autre animal sauvage ? Je ne peux m'arrêter sur le champ, je dois amener mon ex-epouse à son travail. Je la dépose, je refais le chemin inverse, peut-être cette bestiole n'a-telle pas été tuée, simplement bousculée (je roulais à 50km/h)? Malheur, dans la lueur des phares je vois au milieu de la route un corps gris . Je m'arrête et à mon grand désespoir je trouve un magnifique et gros chat gris qui curieusement a une ficelle autour du ventre . Je le mets sur le bas coté, je ne veux pas que quiconque l'écrase encore... Bad trip pour ce pauvre minet. Une pensée pour Eilise qui est une fan des chats ... C'est le premier chat que je tue en quarante ans de conduite. Jusqu'à présent j'avais toujours eu la chance de les voir débouler et les éviter . Trop bête ce truc .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

 

 

                            Monseigneur,

 

                   Mes anges m’ayant envoyé de votre part la copie de votre lettre circulaire, et m’ayant appris que vous protégez la Gazette littéraire [La Gazette littéraire de l’Europe, avec l’abbé François Arnaud et Suard], que même vous ne seriez pas fâché que je fournisse quelques matériaux à cet ouvrage, j’ai senti sur le champ mon zèle se ranimer plus que mes forces. J’ai broché un petit essai sur les productions qui  sont parvenues à ma connaissance ce mois-ci. Je l’ai envoyé à M. de Montpéroux [résident de France à Genève], à qui j’ai voulu laisser une occasion de vous servir, loin de la lui disputer . Je connais trop l’envie qu’il a de vous plaire pour vouloir être dans cette occasion autre chose que son secrétaire.

 

                   Je me trouve heureusement plus à portée que personne de contribuer à l’ouvrage que vous favorisez, et qui peut être très utile. J’ai des correspondances en Italie, en Angleterre, en Allemagne et ne Hollande. Si vous l’ordonnez, je ferai venir les livres nouveaux imprimés dans tous ces pays, je vous en enverrai des extraits très fidèles, que vous ferez rectifier à Paris, et auxquels les auteurs que vous employez à Paris donneront le tour et le ton convenables.

 

                   Si ma santé ne me permet pas d’examiner tous les livres, et de dicter tous les extraits, vous pourriez me permettre d’associer à cet ouvrage quelque savant laborieux [le 6 juin , le pasteur Bertrand sera contacté pour l’aider, ou au moins se charger de la correspondance avec la Hollande, l’Allemagne et l’Italie] dont je reverrais la besogne. Vous sentez bien qu’il faudrait payer ce savant, car il serait suisse.

 

                   J’ajoute encore qu’il faudrait, pour être servi promptement, et pour que  l’ouvrage ne fût point interrompu, faire venir les livres par la poste ; en ce cas, je crois qu’on pourrait écrire de votre part aux directeurs des postes de Strasbourg, de Lyon et de Genève, qui me feraient tenir les paquets . En un mot, je suis à vos ordres. Je serai enchanté d’employer les derniers jours de ma vie un peu languissante à vous prouver mon tendre attachement et mon respect.

 

                            Voltaire

                            21 mai 1763. »