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11/11/2009

Nous nous ramentevons ici qu’il y a six semaines en ça que nous prîmes la liberté

http://www.dailymotion.com/video/x6pvib_erroll-garner-196...

Entre quelques pots de confiture (que je fais de mes rouges mains ) et pendant le repassage, je ne sais quelle idée m'a pris de réécouter du bon vieux jazz , d'où ce morceau d'Errol Garner qui me donne envie de sautiller et qui en tout cas ne rend pas morose. J'aimerais bien toucher le clavier du PC aussi lestement que lui, celui de son piano !

 

errol garner.jpg

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

                            Le vieux ministre de Statira [personnage de la tragédie intitulée Statira ou Cassandre ou Olympie] ci-devant épouse d’Alexandre ayant reçu très tard la déduction du comité [les critiques de d’Argental et ses amis] , ne peut  aujourd’hui que remercier Leurs Excellences, et leur faire les plus sincères protestations de la reconnaissance qu’il leur doit. Mais n’ayant pu consulter encore sa cour il est très fâché de ne pas apporter un aussi prompt redressement qu’il le voudrait, aux griefs de Leurs Excellences. Son auguste souveraine Statira a pris le mémoire ad referendum mais comme elle est malade d’une suffocation qui la fera mourir au quatrième acte, son conseil aura l’honneur d’envoyer incessamment à votre cour les dernières volontés de cette auguste autocratrice.

 

                            J’aurai l’honneur de vous donner part que j’envoyai il y a onze jours la feuille importante concernant les intérêts de la demoiselle Dangeville, attachée à la cour de France [c’est_à-dire : actrice de la Comédie française ; elle aurait été mécontente de n’avoir pas le premier rôle], et pour laquelle nous aurons tous les égards à elle dus ; que cette pièce importante était adressée à M. de l’Amilaville [Damilaville] avec un gros paquet de Grizel,[Conversation de M. l’intendant des menus en exercice avec M. l’abbé de Grizel, datée du 20 mai 1761 ; elle répond au réquisitoire de maître de Dains qui attaquait le théâtre, les comédiens et leur défenseur Huerne ; voir lettres des 6 mai, 31 mai, 21 juin, 7 août 1761], de Car, de Ah ah [qui attaquent Lefranc de Pompignan (et ses œuvres) qui avait prononcé un discours de réception à l’Académie antiphilosophique], et de chansons intitulées Moïse Aaron [à savoir la Chanson en l’honneur de maître Lefranc de Pompignan, qui commence par : « Moîse, Aaron, / Vous êtes des gens d’importance » ; Lefranc aurait « prié M. Dupré de Saint-Maur, qui (le) recevait à l’Académie , de (le) comparer à Moïse …, et M. (son) frère à Aaron. ». Tous ces pamplets sont de V*]. Nous craignons que malgré la bonne harmonie et correspondance des deux cours on  n’ait saisi notre paquet comme trop gros, et qu’on l’ait porté à Sa Majesté Très Chrétienne qui sans doute en aura ri, et auquel nous souhaitons toutes sortes de prospérités.

 

                            Nous avons aussi dépêché à Vos Excellences copie des dits mémorials intitulés Grizel, Gouju [La Lettre de Charles Gouju à ses frères au sujet des révérends pères jésuite], Car, Ah ah, Moïse et Aaron ; et nous sommes en peine de tous nos paquets, pour lesquels nous réclamons le droit des gens.

 

                            Et pour n’avoir rien à nous reprocher, non seulement nous vous expédions par le présent courrier les lettres patentes pour le cinquième acte de la demoiselle Dangeville au confident Damilaville, recommandant expressément que le tout soit intitulé Le Droit du Seigneur.

 

                            Nous nous ramentevons ici qu’il y a six semaines en ça que nous prîmes la liberté de vous adresser un paquet énorme pour Mme du Deffand duquel paquet et de laquelle dame nous n’avons depuis entendu parler.

 

                            Nous laissons le tout à considérer à votre haute prudence et nous vous renouvelons les assurances de notre sincère et respectueux attachement ; donné à Ephèse dans la cellule de  sœur Statira.

 

                            Voltaire

                            Le 11 novbre 1761 au soir. »

 

 

 

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Marie-Anne Botot Dangeville par Quentin Latour

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