Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/10/2010

Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre

 http://www.deezer.com/listen-317109

 

Quand j'entends ça, c'est moi qui ai envie de me pendre : sinistre !! http://www.deezer.com/listen-4152284

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

4 octobre 1767

 

Mon cher ami, tandis que vous imprimez l'éloge de Henri IV sous le nom de Charlot, on l'a rejoué à Ferney, mieux qu'on ne le jouera jamais à la Comédie [i]. Mme Denis m'a donné en présence du régiment de Conti, et de toute la province, la plus agréable fête [ii]que j'aie jamais vue. Les princes en peuvent donner de plus magnifiques, mais il n'y a point de souverain qui en puisse donner de plus ingénieuse.

 

J'attends avec impatience le recueil qui achève d'écraser les pédants du collège. Savez-vous bien que l'impudent Cogé [iii] a eu l'insolence et la bêtise de m'écrire ?[iv] J'avais préparé une réponse qu'on trouvait assez plaisante [v], mais je trouve que ces marauds-là ne valent pas la plaisanterie. Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre. Voici donc la réponse que je juge à propos de faire à ce coquin [vi]. Il m'est très important de détromper certaines personnes sur le Dictionnaire philosophique que Cogé m'impute. Vous ne savez pas ce qui se passe dans les bureaux des ministres, et même dans le Conseil du roi, et je sais ce qui s'y est passé à mon égard.

 

Je pense que l'enchanteur Merlin peut bien me rendre le service d'imprimer la réponse à Cogé, et vous pourrez la faire circuler pour achever d'anéantir ce misérable.

 

Je recommande toujours une faible édition de Charlot,[vii] afin qu'on puisse corriger dans la seconde ce qui aura paru défectueux dans la première. Il se peut très bien faire que les Welches qui ont applaudi depuis trois ans des pièces détestables se révoltent contre celle-ci. Il y a plus de goût actuellement en province qu'à Paris, et bientôt il y aura plus de talents. J'ai entre les mains un manuscrit admirable contre le fanatisme,[viii] fait par un provincial. J'espère qu'il sera bientôt imprimé.

 

Je vous supplie, mon cher ami, de donner à Thiriot les rogatons de vers qui sont dans mon paquet [ix]. Cela peut servir à sa correspondance [x].

 

Je vous embrasse plus tendrement que jamais.

 

Je tiens qu'il est très bon qu'on envoie cette Lettre à Cogé,[xi] à ses écoliers, et aux pères des écoliers ; il ne s'agit pas ici de divertir le public, et de plaire, il s'agit d'humilier et de punir un maraud impudent. »

i Charlot ou La Comtesse de Givry ; V* à Voisenon, le 19 octobre, dit qu'il a chez lui les La Harpe et Chabanon qui sont « d'excellents acteurs » et que Mme Denis «a joué supérieurement » dans Charlot .

http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition....

 

ii Pour la St François.

iii Cogé au lieu de Coger ; cf. lettre du 3 août 1767 à d'Alembert, moquerie : « le faquin nommé Coger ... dit Cogé pecus. »

iv Lettre publiée dans Pièces relatives à l'Examen de Bélisaire.

v La Défense de mon maître, que V* désigne à Marmontel, le 14 octobre dans le même contexte.

vi Lettre de Gérofle à Cogé ; V*, à Marmontel : il a « trouvé qu'un pareil coquin ne méritait pas la plaisanterie (de La défense de mon maître) et qu' il valait mieux lui faire dire par (s)on laquais tout uniment qu'il est un maraud qui mérite punition. »

vii Le 2 octobre, V* « demandait en grâce ... que Merlin ne tire pas plus de 750 exemplaires. »

viii (?) ses Lettres à S.A. Mgr le prince de **** sur Rabelais et sur d'autres auteurs accusés d'avoir mal parlé de la religion chrétienne, et dont, le 4 décembre, il veut envoyer un exemplaire à son correspondant.

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/24_Rabelais.html

 

ix (?) Vers récités à la fête dont La Correspondance littéraire fait un compte-rendu.

x Thiriot est alors correspondant littéraire de Frédéric.

Les commentaires sont fermés.