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12/05/2012

Vous me ferez grand plaisir de m'apprendre les nouvelles sottises de ce bas monde,

... Sources inépuisables d'articles de journaux de toutes sortes, pâture de gogos, masque à misères .

 

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Dédié à "cette belle âme logée dans un corps droit comme un jonc", aux yeux d'or , et qui aime Volti

 

 

« A M. Pierre PICTET

Professeur en droit.

Monrion, 29 janvier [1756]

En vous remerciant, mon cher professeur, très-tendrement de votre souvenir, et très-tristement des nouvelles publiques. Le diable est déchaîné sur terre et sur mer 1. Laissons-le faire, et vivons tranquilles au bord de notre lac. Vous me ferez grand plaisir de m'apprendre les nouvelles sottises de ce bas monde, et encore plus de me mander que vous et votre aimable famille vivez heureux et tranquilles.

Quand je suis à Nyon 2, je voudrais marier à Nyon certains grands yeux noirs, certaine belle âme 3 logée dans un corps droit comme un jonc. Quand je suis à Lausanne, je voudrais la marier à Lausanne et, lorsque je suis aux Délices, je lui souhaite un conjoint de Genève. Madame sa mère est bien regrettée ici. Nous n'avions qu'un chagrin c'était de ne vous point avoir à Monrion.

Je pense que Mme Pictet a eu la bonté de parler de foin et d'avoine , j'en suis honteux je la remercie. Colombier nous offre du foin, je ne m'en soucie guère. Totus humilix servus. »

1 Tremblement de terre de Lisbonne, et en Valais, et prise de vaisseaux français par les Anglais .

2 Le château de Prangins est en avant de Nyon, et Monrion est proche de Lausanne .

3 Mlle Lolotte Pictet, à laquelle est adressé le billet de mars 1756 (à Charlotte , fille de Pierre ); voir page 13 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f58.image.r=3185.langFR

 

11/05/2012

ne pouvant dormir, je me suis avisé de veiller; mais cela ne me sied pas

... Et pour me tenir éveillé et alerte, rester dans le ton du Siècle des Lumières, j'ai recours à Rameau

http://www.youtube.com/watch?v=v1ItcF7PWRM&feature=related

 

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Bonnes vacances à Mam'zelle Wagnière à qui je souhaite des jours agréables et des nuits paisibles .



 

 

 

 

« A M. le conseiller François TRONCHIN

Monrion, le 29 janvier 1756.

Mon très-cher confrère, le secret du bonhomme Denis 1 de voyager à califourchon sur un rayon du soleil ayant été perdu, et nos chevaux étant occupés à nos Délices, il n'y a pas encore eu moyen de venir vous voir. Il est vrai que, ne pouvant dormir, je me suis avisé de veiller; mais cela ne me sied pas, et j'en suis un peu puni. Je vous remercie, mon charmant confrère, de la complaisance d'Esculape 2; c'est à vous que j'en ai l'obligation. Toute la tribu Tronchin est bienfaisante. Présentez, je vous en supplie, au docte docteur, au plus aimable des hommes, les sentiments de ma tendre reconnaissance. Est-il vrai que le landgrave de Hesse a mis son fils catholique aux arrêts? Le voilà confesseur et martyr. La nouvelle de la lettre de M. Rouillé 3 à lui renvoyée bien proprement recachetée est-elle bien vraie? La guerre est donc sérieuse 4. Je voudrais que le tremblement de terre eût englouti cette misérable Acadie 5, au lieu de Lisbonne et de Méquinez. »

1 Ainsi que le fait St Denis dans le poème de La Pucelle d'Orléans .

2 Théodore Tronchin , le médecin .

3 Ministre des affaires étrangères.

4 Des tractations d'alliances, à l'origine de la Guerre de Sept ans, ont lieu .

5 Que V* voit comme un territoire dont on peut se passer, surtout s'il est un des motifs de guerre .Voir : http://cyberacadie.com/index.php?/deracinement_histoire/La-Guerre-de-Sept-Ans-1756-a-1763.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10/05/2012

la Pucelle d'Orléans, échappée au bûcher

... Rejoint, au Panthéon des héros nationaux jégendaires , Guillaume Tell et Robin des Bois . Echapper au bucher anglais allumé par l'évêque Cauchon pour retomber dans les flammes du Front national entretenues par le vibrionant candidat Sarkozy, quelle déveine !

Si elle ne brûla pas c'est donc qu'elle fût réfractaire !

 

Refractaire.jpg

Voir un autre réfractaire remarquable :

http://motsaiques2.blogspot.fr/2012/02/p-118-le-16-fevrier-1885-la-police.html


 

« A M. Élie BERTRAND

à BERNE.

A Monrion, 24 janvier [1756]

Pour répondre à votre difficulté, mon cher monsieur, sur l'histoire de Jeanne d'Arc 1, je vous dirai que, quelques années après sa mort, il y eut une grosse créature fraîche, belle et hardie, accompagnée d'un moine, qui alla s'établir à Toul, et se dit la Pucelle d'Orléans, échappée au bûcher. Le moine contait par quel miracle cette évasion s'était opérée on leur fit un grand festin dans l'hôtel de ville, et les registres en font foi. L'illusion alla si loin qu'un homme de la maison des Armoises épousa cette aventurière, croyant épouser la Pucelle d'Orléans et c'est de ce mariage que descend le marquis des Armoises d'aujourd'hui. Voilà pourquoi, monsieur, on a prétendu, en Lorraine, que la
Sorbonne et les Anglais n'avaient point consommé leur crime, et que la Pucelle d'Orléans, pucelle ou non, n'avait point été brûlée 2. Cette aventure n'est point extraordinaire dans un temps où il n'y
avait point de communication d'une province à une autre, et où l'on faisait son testament quand on entreprenait le voyage de Nancy à Paris.

Je reçois dans le moment votre lettre, et celle de cet autre aventurier qui va chercher de nouveaux malheurs chez les Vandales. Sa conduite paraît d'un fou, et son billet est d'un Gascon. Mais ce n'est pas sa folie, c'est son malheur qu'il faut soulager. Je vous remercie de tout mon cœur des dix écus que vous avez eu la bonté de lui donner de ma part. Vous avez poussé trop loin la générosité, en l'aidant aussi vous-même de votre bourse. Mais enfin c'est votre métier de faire de bonnes actions. Comme vous ne me mandez point par quelle voie je dois vous rembourser les dix écus, permettez que je vous en adresse le billet inclus pour M. Panchaud.

Êtes-vous informé que, le 21 décembre, il y a eu un nouveau tremblement de terre à Lisbonne, qui a fait périr soixante et dix- huit personnes? On compte cela pour rien. Les Français préparent une descente en Angleterre. Qu'allait-il faire dans cette galère 3 . Quel optimisme que tout cela ! Heureux les hommes ignorés qui vivent chez eux en paix , plus heureux ceux qui vivent avec vous Je vous embrasse de tout mon cœur. Je vous remercie je vous supplie de présenter mes respects à M. le baron de Freudenreich.
Tuus semper. »

 

1 Voir page 502 , dans Éclaircissements historiques : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411340m/f505.image.r=.langFR

3 Fourberies de Scapin, de Molière .

 

 

 

09/05/2012

il a encore plusieurs choses à finir avant d'y pouvoir travailler. Heureusement, vous savez qu'il les fait fort vite

... Rude programme pour François qui doit ménager les susceptibilités des membres de son camp , tout en imposant ses idées .



En cas de Stormy weather :

http://www.youtube.com/watch?v=towtYP6bpBI&feature=related

 

wrapyourtroublesindreams4910.JPG


... Wrap your troubles in dreams :

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=OOjw...

 

 

 

 

 

« De madame DENIS à LEKAIN 1

23 janvier 1756.

Je suis bien sensible, monsieur, à la lettre que vous venez de m'écrire; je reconnais dans toutes les occasions votre amitié pour moi. Sans trop de prévention pour la Coquette punie 2, j'imaginais pourtant que, pour un coup d'essai, surtout venant d'une femme, elle m'aurait fait quelque honneur, et n'aurait point été à charge à la Comédie, tous les gens raisonnables en avaient porté le même jugement; vous savez comme on en a usé avec moi, et cela fin it par me voler mon sujet. Que faire? Rien, je crois, sinon de détromper le public, en cas que le vol soit trop manifeste. Je souhaite beau-
coup de prospérité à La Noue 3, mais son procédé est d'autant plus extraordinaire qu'il dit à M. de Richelieu que le sujet d'une Coquette ne pourrait plus réussir au théâtre, qu'il était trop usé. Il est plaisant qu'après un pareil propos il en fasse une sur le même modèle de la mienne. Ressouvenez-vous que l'hiver où on refusa ma pièce vous en jouâtes cinq nouvelles qui tombèrent à plat toutes les cinq. La Noue, par l'imprudence de M. de Richelieu, a eu ma pièce quatre jours sous prétexte de l'étudier pour la bien lire effectivement, il la possédait si bien qu'en la lisant il passait adroitement les jolis détails et les deux meilleures scènes de l'ouvrage. A la Comédie, vous savez comme elle a été lue; j'aurais défié à un ange d'y rien comprendre; enfin il faut tâcher d'oublier les choses désagréables et injustes, c'est ce que j'ai fait. Je me ressouviens pourtant que j'ai laissé mon rôle de la Coquette à Mlle Grandval; je ne doute pas que La Noue ne s'en soit aidé c'est le meilleur de la pièce, et je souhaite qu'il en ait tiré un bon parti; mais ne parlons plus de cela.

Vous demandez à mon oncle une tragédie, et vous avez raison, donnez- lui donc le temps de la faire. Son sujet est choisi, mais l'ouvrage n'est pas encore commencé; il a encore plusieurs choses à finir avant d'y pouvoir travailler. Heureusement, vous savez qu'il les fait fort vite; il fait des vers mieux que jamais, et, s'il vit, comme je l'espère, je ne doute pas que vous n'ayez encore plusieurs tragédies de lui. Pour moi, je l'y porterai de tout mon cœur, et surtout je l'engagerai à faire deux beaux rôles un pour vous, et un pour Mlle Clairon, et c'est bien son intention.
Le pauvre Châteaubrun est tombé,4 aussi pourquoi, lorsqu'on a eu le bonheur de réussir dans deux pièces médiocres, en donner, coup sur coup, une troisième, moins bonne que les premières ? Pour un homme de soixante-dix ans, c'est une furieuse imprudence. Adieu, monsieur, je souhaite que
l'Orphelin vous dédommage. Jouiez-vous dans Astyanax ? Mlle Clairon y jouait-elle? Mandez-moi cela; faites-moi l'amitié aussi de me dire quels sont les acteurs qui joueront dans la pièce de La Noue, on a beau être loin de Paris, on s'intéresse toujours à lui; mais je m'intéresse encore bien plus
à vous et à vos succès. Continuez, monsieur, de plaire au public et d'aimer vos amis pour moi, je serai toujours des vôtres; j'aime passionnément vos talents, et j'estime votre cœur et votre façon de penser. Conservez-moi votre amitié, et ne doutez jamais de la mienne elle est à vous pour ma vie.
DENIS »

1 Mémoires de Lekain, page 281.

2 Comédie écrite par Mme Denis .

4 Insuccès de sa pièce Astyanax , qu'il retire après sa première représentation .

 

08/05/2012

Vous verrez des gens très-instruits et de beaucoup d'esprit

... "Dans mon gouvernement" dit François ; enfin, je le suppose et je le souhaite ...

Pour l'instant nous avons Deux hommes dans la ville :

http://www.youtube.com/watch?v=ZMcpWue1UC4&feature=related

Pour le sortant, Nicolas, je dédie ceci, que l'on pourra lui appliquer d'ici une semaine, quand il quittera l'Elysée : Dernier domicile connu 

http://www.youtube.com/watch?v=mJ2FURhZgy8

 

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« A M. François de CHENEVIÈRES 1

A Monrion, 15 janvier [1756]

En vous remerciant de votre souvenir, mon ancien ami. Si vous voulez me voir, comme vous le dites, dans le sein de ma famille, venez aux Délices; j'y ai déjà une nièce 2 que vous aimez, et j'en aurai une autre 3 dans quelque temps. Je vous mènerai d'un bout du lac de Genève à l'autre, et je vous ferai faire très-bonne chère aux Délices et à Monrion. Vous mangerez des truites aussi grosses que vous, et qui vous donneront des indigestions. Vous verrez des gens très-instruits et de beaucoup d'esprit, vous vous promènerez dans de grands et beaux jardins, d'où on voit le lac et le Rhône , vous aurez de la musique, et vous verrez qu'il ne me manque que de la santé.
Malgré cela, vous ne viendrez pas chez moi, ni moi chez vous; c'est bien assez que je vous donne des Orphelins de la Chine. Vous m'avouerez que cela est d'un bon cœur mais il n'y a pas d'apparence que je fasse souvent de ces présents-là à Paris. Je suis malingre et épuisé, et il ne me reste qu'à finir paisiblement ma vie dans le plus agréable séjour que j'aie pu choisir sur la terre , j'y aimerai toujours mes amis, et vous serez au premier rang. »

 

1 Premier Commis de la Guerre, il est aussi poète et librettiste ; V* lui a écrit le 8 janvier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/02/08/des-armes-contre-les-sots.html

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Chennevi%C3%A8res

2 Marie-Louise Denis, sœur de la suivante .

3 Marie-Elisabeth de Fontaine , née Mignot .

 

Les circonstances présentes semblent demander un homme ingambe mais il sera toujours très-alerte, quand même il aurait le pied emmaillotté.

... Ingambe, tout comme François Hollande, qui ne semble pas avoir les deux pieds dans le même sabot, et qui sera toujours alerte quand bien même il serait enquiquiné par l'UMP et consorts . Qu'il fasse un bon choix pour ses ministres .

 

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« A M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.

A Monrion, près Lausanne, ce 13 janvier [1756]

Vous me proposez, monsieur, les plus belles étrennes du monde je les accepte d'un grand cœur. Il n'y a point de Suisse dans les Treize Cantons 1 qui aime mieux l'histoire de France que moi et c'est vous qui me l'avez fait aimer. Vous avez la bonté de m'annoncer votre cinquième 2 édition , soyez sûr que vous verrez la trentième. Vous avez rendu un très-grand service au public, en augmentant d'un tiers un ouvrage si utile. Vous êtes d'ailleurs fort heureux qu'on ne vous vole point vos manuscrits, et qu'on ne vous les défigure pas. J'en connais de plus misérables 3.
Vous me demandez comment on peut m'envoyer mes étrennes ; très-aisément, en les mettant à la poste avec le contre-seing d'un de vos amis, et en me les adressant en droiture à Genève. Il est
vrai que je passe mon hiver dans mon ermitage auprès de Lausanne mais tout me vient par Genève, c'est la grande route. Après le don de votre excellent livre, le plus grand plaisir que vous puissiez me faire, c'est de dire à Mme du Deffand combien je m'intéresse toujours à elle. Je ne lui écris point, parce que, dans ma solitude, je n'ai rien de commun avec le monde. Je suis devenu Suisse et jardinier. Je sème et plante. Je n'oublie point les personnes auxquelles j'ai été attaché, mais je ne les ennuie point de mes inutiles lettres.
Je suis très-aise pour l'Académie des belles-lettres que vous remplissiez et que vous honoriez la place d'un théatin 4; je n'en savais rien. Je ne lis ni gazettes ni Mercures. Je ne sais plus l'histoire de mon siècle; et je n'ai guère de correspondance qu'avec le jardinier des Chartreux 5, quoique l'apparition de la Pucelle puisse faire penser que je suis en commerce avec leur Portier 6. Mme Denis vous fait mille compliments. Je me flatte que votre ami 7 n'a plus la goutte. Les circonstances présentes semblent demander un homme ingambe mais il sera toujours très-alerte, quand même il aurait le pied emmaillotté.
Recevez ma très-sincère et très-tendre reconnaissance, et mon inviolable attachement.
J'ai eu l'honneur d'avoir un tremblement de terre dans mon ermitage des Délices. Si les îles Açores sont englouties, comme on l'assure, je me range du sentiment de M. de Buffon.8 »


 

1 En 1815 la Confédération helvétique sera composée de vingt-deux cantons, actuellement 26 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Suisse

2 Cette édition (1756, 2 vol. in-8°) de l'Abrégé chronologique, dont la huitième parut du vivant de Hénault, était dédiée à Marie Leckzinska, et portait, pour la première fois le nom du président.

3 Dernier vers du sonnet de Benserade sur Job. Voir : http://www.bmlisieux.com/curiosa/benserad.htm

4 Voir : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/th%C3%A9atin/77672

Jean-François Boyer, évêque de Mirepoix, décédé le 20 août 1755 a été remplacé par le président Hénault à l'Académie royale des Inscriptions et des belles lettres ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_membres_de_l%27Acad%C3%A9mie_des_inscriptions_et_belles-lettres

5 Dans le volume publié en 1820, Mme de Graffigny qui vécut six mois à Cirey, écrit sous le titre de Vie privée de Voltaire et de Mme du Châtelet, et page 2978, il est parlé d'un jardinier à qui Voltaire a écrit une trentaine de lettres. (CL.) . Voir : http://books.google.fr/books?id=tDYHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=jardinier&f=false

7 Le comte d'Argenson, ministre de la guerre.

8 Face au mythe de l'Atlantide, Buffon veut prouver que ce continent a existé et que les Açores en sont la trace .