Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/08/2015

Mais comment peut-il penser qu'on ose dire du mal d'un homme comme lui qui n'en a jamais dit de personne ?

... Allons ! un nom, par exemple ? Qui me vient tout de suite en tête ?  Sarkozy !!

Ce cher, très cher président, qui se pose en victime expiatoire dès qu'on parle d'argent et de campagne électorale . Pauvre petit chou, il fait pitié , non ?

 

Mis en ligne le 14/11/2020 pour le 7/8/2015

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6 d'auguste [1760]

Je suis extrêmement sensible, monsieur, à toutes les marques d'attention que vous voulez bien me donner . Je n'ai point vu mes lettres que le sieur Palissot a jugé à propos d'imprimer : je doute fort qu'il ait conservé la pureté du texte . On dit aussi qu'on a imprimé un factum de Ramponeau dans lequel on a tronqué plusieurs passages, et étrangement altéré le style de cet illustre cabaretier . Comme je suis tout à fait son serviteur en qualité de bon Parisien, je suis fâché qu'on ait défiguré son ouvrage .

On me parle beaucoup de la comédie de L’Écossaise, traduite comme on sait , de l'anglais de M. Hume , prêtre écossais . On prétend que le sieur Fréron veut absolument se reconnaitre dans cette pièce . Mais comment peut-il penser qu'on ose dire du mal d'un homme comme lui qui n'en a jamais dit de personne ? Je n'ai point vu la requête du sieur Carré, traducteur de L’Écossaise, contre le sieur Fréron . On dit qu'elle est très honnête et très mesurée . J'ai oublié, monsieur, votre demeure, mais je suppose que ma réponse ne vous sera pas moins remise .

J'ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur,votre très humble et très obéissant serviteur.

V. »

je m'occupe beaucoup plus de votre grand empereur et de sa guerre contre Charles XII que de la guerre des rats et des grenouilles, qui amuse Paris

...  Mis en ligne le 14/11/2020 pour le 7/8/2015

 

« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

Il y a plus d'un an, monsieur, que le premier volume de l'histoire de votre empire sous Pierre le Grand est imprimé ; mais avant que de le faire voir à personne j'ai voulu savoir s'il serait approuvé de votre cour ; on n'en parait pas mécontent . Cette histoire est entièrement composées sur des extraits de vos archives ; je ne crois pas qu'il y en ait jamais une plus authentique ; j'aurai l'honneur de vous la faire parvenir le plus tôt que je pourrai : il est essentiel que MM. Cramer, à qui j'ai fait présent de mon manuscrit, débitent leur ouvrage sans tarder , d'autant plus qu'un exemplaire que j'avais envoyé il y a un an à M. Schouvaloff, ayant été intercepté par des housards, est tombé entre les mains d'un autre housard de la librairie en Hollande, lequel imprimeur housard a annoncé le livre au public .

Croyez, monsieur, que je m'occupe beaucoup plus de votre grand empereur et de sa guerre contre Charles XII que de la guerre des rats et des grenouilles, qui amuse Paris . Il n'y a véritablement de toutes les pièces qui paraissent que celle de feu M. Alethof laquelle je m'intéresse . Elle a je ne sais quoi de vrai et d'historique qui me plait beaucoup .

Recevez, monsieur, les hommages d'un Suisse qui est pénétré d'estime pour vous .

Le Suisse V .

6 august [1760] »

la nation a été souvent plus malheureuse qu'elle ne l'est ; mais elle n'a jamais été si plate

... Consolation : la plate bande !

Oui, c'est à raz le gazon, normal .

 

Mis en ligne le 14/11/2020 pour le 7/8/2015

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand 1

à Saint-Joseph

à Paris

6 août 1760

Si la guerre contre les Anglais nous désespère, madame, , celle des rats et des grenouilles est fort amusante ; j'aime à voir les imprimeurs bernés, et les méchants confondus ; il est assez plaisant d'envoyer du pied des alpes à Paris des fusées volantes qui crèvent sur la tête des sots ; il est vrai qu'on n'a pas visé précisément aux plus absurdes, et aux plus révoltants , mais patience, chacun aura son tour ; il se trouvera quelque bonne âme qui vengera l'univers, 2 et le président Lefranc de Pompignan n'est pas le seul qui mérite que l'univers lui donne des nasardes . On m'a mandé que l'illustre Palissot a fait imprimer mes lettres, mais je soupçonne fort qu'il a altéré la pureté du texte ; il est sujet à corrompre ses citations, aussi bien que Me Joly de Fleury .

Il est bon que Paris vive de ces niaiseries, puisqu'il n'a pas de quoi vivre d'ailleurs . Alcibiade coupait la queue à son chien pour détourner l'attention des Athéniens des sottises qu'il faisait à la guerre ; sans Palissot, Pompignan et Fréron on ne parlerait que de remontrances ; je vous avoue que je ne les aime pas dans ce temps-ci, et que je trouve impertinent, très lâche et très absurde qu'on veuille empêcher le gouvernement de se défendre contre les Anglais, qui se ruinent à nous assommer ; la nation a été souvent plus malheureuse qu'elle ne l'est ; mais elle n'a jamais été si plate . Tâchez, madame, de rire comme moi, de tant de pauvretés en tout genre ; il est vrai que dans l'état où vous êtes on ne rit guère, mais vous soutenez cet état, vous vous y êtes accoutumée, c'est pour vous une espèce nouvelle d'existence ; votre âme peut en être devenue plus recueillie, plus forte, et vos idées plus lumineuses ; vous avez sans doute quelque excellent lecteur auprès de vous, c'est une consolation continuelle ; vous devez être entourée de ressources ; nous avons dans Genève à un demi-quart de lieue de chez moi, une femme de cent-deux ans 3 qui a trois enfants sourds et muets ; ils font conversation avec leur mère du matin au soir, tantôt par écrit, tantôt en remuant les doigts, jouent très bien tous les jeux, savent toutes les aventures de la ville et donnent des ridicules à leur prochain, aussi bien que les plus grands babillards ; ils entendent tout ce qu'on dit au remuement des lèvres . En un mot , ils sont de bonne compagnie . M. le président Hénault est-il toujours bien sourd ? Du moins, il est sourd à mes vœux, mais je lui pardonne d'oublier tout le monde, puisqu'il est avec M. d'Argenson .

A propos, madame, digérez-vous ? Je me suis aperçu après bien des réflexions sur le meilleur des mondes possibles, et sur le petit nombre des élus qu'on n'est véritablement malheureux que quand on ne digère point . Si vous digérez, vous êtes sauvée dans ce monde, vous vivrez longtemps et doucement, pourvu, surtout , que les boulets de canon du prince Ferdinand et des flottes anglaises n'emportent pas le poignet de votre payeur des rentes .

Je n'ai nul rogaton à vous envoyer, et je n'ai plus, d'ailleurs, d'adresse contresignante, tant on se plait à réformer les abus ; je suis de plus occupé du czar Pierre matelot, charpentier , législateur, surnommé le Grand . Ayant renoncé à Paris, je me suis enfui aux frontières de la Chine, mon âme a plus voyagé que le corps de La Condamine ; on dit que ce sourdaud 4 veut être de l'Académie française,5 c'est apparemment pour ne pas nous entendre . Heureux ceux qui vous entendent, madame . Je sens vivement la perte de ce bonheur . Je vous aime, malgré votre goût pour les feuilles de Fréron . On dit que L’Écossaise en automne amène la chute des feuilles .

Mille tendres et sincères respects . »

1 La présente lettre est une réponse à la lettre de la marquise du 23 juillet . Le passage qui va de n'est pas le seul qui mérite... à sans Palissot, Pompignan, manque dans les éditions à la suite d'une copie par Wyart .

3 Voir lettre du 9 février 1759 à Mme Gallatin : « Nous avons dans mon petit ermitage une fille qui a aussi cent ans mais je ne ferai jamais de vers pour elle . »

4 Ce mot a déjà été utilisé à propos du même personnage .

5 Il y fut effectivement reçu par Buffon le 12 janvier 1761 .