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04/05/2024

J’ai eu soin d’avertir plusieurs fois qu’on ne doit juger les grands hommes que par leurs chefs-d’œuvres

... M. Macron, je ne vois aucun chef-d'oeuvre dans votre mandat passé et je refuse absolument un engagement de nos militaires en Ukraine, face à un Poutine conquérant uniquement par les armes, et qui se fiche du tiers comme du quart du sang perdu par ses concitoyens . Passer sous les fourches Caudines n'est pas au programme de V. Zelensky , mais de combien de morts et destructions va-t-il falloir payer l'amputation -inéluctable- d'une partie de l'Ukraine , celle-ci pouvant tout à fait rester  indéfiniment le caillou dans la botte russe . Tout le monde sait bien que ce n'est pas la "grandeur russe" qui est en jeu, mais une source de profits énormes pour les oligarques et leur parrain Vlad le Pourri .

Président Macron ne nous mettez pas le doigt entre l'écorce et l'arbre si vous n'êtes pas vous-même capable d'être sur le champ de bataille, ce qui est sans doute plus difficile ( j'ai d'abord pensé "couillu" ), il est vrai, que  de nager dans la Seine à Paris .

 

 

« A Charles-Nicolas Maillet du Boullay 1

À Ferney, 20 octobre 2.

Monsieur, la lettre dont vous m’honorez, au nom de votre illustre Académie, est le prix le plus honorable que je puisse jamais recevoir de mon zèle pour la gloire du grand Corneille, et pour les restes de sa famille. L’éloge de ce grand homme devait être proposé par ceux qui font aujourd’hui le plus d’honneur à sa patrie. Je ne doute pas que ceux qui ont remporté le prix, ou qui en ont approché 3, n’aient pleinement rempli les vues de l’Académie : un si beau sujet a dû animer les auteurs d’un noble enthousiasme. Il me semble que le respect pour ce grand homme est encore augmenté par les petites persécutions du cardinal de Richelieu, par la haine d’un Bois-Robert, par les invectives d’un Claveret, d’un Scudéry, et d’un abbé d’Aubignac, prédicateur du roi. Corneille est assurément le premier qui donna de l’élévation à notre langue, et qui apprit aux Français à penser et à parler noblement. Cela seul lui mériterait une éternelle reconnaissance ; mais quand ce mérite se trouve dans des tragédies conduites avec un art inconnu jusqu’à lui, et remplies de morceaux qui occuperont la mémoire des hommes dans tous les siècles, alors l’admiration se joint à la reconnaissance ; personne ne lui a payé ces deux tributs plus volontiers que moi, et c’est toujours en lui rendant le plus sincère hommage que j’ai été forcé de relever des fautes

Quas aut incuria fudit,
Aut humana parum cavit natura.4

Ces fautes, inévitables dans celui qui ouvrit la carrière, instruisent les jeunes gens sans rien diminuer de sa gloire. J’ai eu soin d’avertir plusieurs fois qu’on ne doit juger les grands hommes que par leurs chefs-d’œuvres.

Les Anglais lui opposent leur Shakespear ; mais les nations 5 ont jugé ce procès en faveur de la France. Corneille imita quelque chose des Espagnols ; mais il les surpassa, de l’aveu des Espagnols mêmes.

Faites agréer, je vous prie, monsieur, à l’Académie mes très humbles et respectueux remerciements des deux éloges qu’elle daigne me faire tenir. Je les lirai avec le même transport qu’un officier de l’armée de Turenne devait lire l’Éloge de son général, prononcé par Fléchier 6. Je suis extrêmement sensible au souvenir de M. de Cideville ; il y a plus de soixante ans que je lui suis tendrement attaché. La plus grande consolation de mon âge est de retrouver de vieux amis. Je crois en avoir un autre dans votre Académie, si j’en juge par mes sentiments pour lui : c’est M. Le Cat, qui joint la plus saine philosophie aux connaissances approfondies de son art 7.

J’ai l’honneur d’être, avec les plus respectueux sentiments, monsieur, votre très humble, etc.

Voltaire. »

1 Charles-Nicolas Maillet du Boullay, maître des comptes et secrétaire perpétuel de l’Académie de Rouen, né dans cette ville le 6 février 1729, est mort dans le diocèse d’Évreux le 13 septembre 1769.

2 Édition « Lettre de M . de Voltaire à M. Du Boullay, secrétaire des Belles-Lettres de l'académie de Rouen », Journal étranger du 15 novembre 1769, qui accompagne la lettre de la note suivante : « Quoiqu'il y ait plus d'un an que cette lettre a été écrite, nos lecteurs ne la verront pas avec moins de plaisir. » La date est précisée notamment par une lettre de Du Boullay à Voltaire du 12 octobre 1768 à laquelle celle-ci répond, et par une lettre de Voltaire à Gaillard du 2 novembre . La date du « 20 novembre [1768]» est celle de la minute .

Note de Beuchot :Cette lettre a été jusqu’à présent datée du 20 novembre ; elle est antérieure à celle du 2 novembre, adressée à Gaillard. On voit que lorsque Voltaire écrivait à du Boullay il ne connaissait pas le nom de l’auteur couronné, ainsi qu’il le dit à Gaillard. La lettre à Maillet du Boullay est peut-être du 20 octobre ; elle a été imprimée sans date dans le Journal encyclopédique du 15 novembre 1769 ; tome VIII, page 132.

3 Le prix avait été donné à Gaillard (voyez lettre du 2 novembre 1768 à Gaillard : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1768-partie-30.html) ; l’accessit, à La Harpe.

4 Horace, Art poétique, v. 352-353 . Trad. : qui viennent de l'insouciance ou de l'infirmité trop naturelle aux hommes.

5 Il semble que Voltaire veuille rappeler son Appel à toutes les nations de l’Europe ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/201

6Sur cette fameuse oraison funèbre de Turenne par Fléchier, voir https://jeuverbal.fr/turenne.pdf

et lettre du 25 juin 1735 à Formont : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1735-partie-4-111793070.html

7En fait Le Cat est mort le 20 août 1768, comme l'annoncent les Nouvelles de divers endroits du 5 octobre 1768 .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12170608/claude-nicolas_le_cat/fr.pdf

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