25/07/2018
La poste est une belle invention, mais il y faut un peu de fidélité, et même de l'indulgence
... Surtout en cette période estivale où ce sont des étudiants qui font la distribution du courrier ; visiblement ce ne sont pas des gens de lettres et ils nous donnent l'occasion de faire le facteur pour mettre dans la bonne boîte d'un voisin le courrier indûment reçu . Reconnaissons-leur quand même le courage de travailler quand tant de leurs collègues coincent la bulle .
« A Etienne-Noël Damilaville
8è auguste [1763]
Je vous prie, mon cher frère, de lire le nouveau mémoire ci-joint, et de vouloir bien le faire passer à M. Mariette .
Vous avez dû recevoir une petite plainte 1 de moi contre le receveur de votre vingtième , qui demeure à Belley à quinze lieues de chez nous, et qui veut que nous lui envoyions un exprès pour le payer . Le directeur des vingtièmes du pays m'est venu voir, et s'est chargé d'accommoder l'affaire . Il se trouve que ce directeur est précisément M. de Marinval 2 à qui vous avez disputé ce que vous n'avez eu ni l'un ni l'autre .
Je n'ai point vu la lettre que Jean-Jacques a écrit 3 à Paris , dans laquelle ce fou traite les philosophes aussi mal que les prêtres afin qu'il ne lui reste aucun ami sur la terre .
J'ai lu Les Quatre Saisons 4 du cardinal de Bernis . Il y a la valeur de quatre-vingt saisons, au moins ; les campagnes que j’habite ne sont pas si fertiles, il s'en faut de beaucoup . Quelle terrible profusion de vers !
Je prie mon cher frère de me mander s'il a reçu des paquets par M. d'Argental . La poste est une belle invention, mais il y faut un peu de fidélité, et même de l'indulgence .
Je prie mon cher frère de m'envoyer sur-le-champ la lettre de Jean-Jacques s'il en a une copie . N'est-ce pas une lettre à M. le duc de Luxembourg qui tient seize pages ? On dit qu'elle a été lue de Mgr le Dauphin .
Ma tendre bénédiction à tous les frères .
Écr l'inf. »
1 Voir lettre du 29 juillet 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/14/cette-pretention-me-parait-inique-et-absurde-6066515.html
2 Ou plutôt Morival ; voir lettre du 8 juillet 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/05/27/criez-je-vous-en-prie-et-faites-crier-il-n-y-a-que-le-cri-pu-5948257.html
du 12 août 1763 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-25.html
et du 1er septembre 1763 au même : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-29.html
3 Sic, suivant un usage bien attesté .
4 Les Quatre Saisons ou les Georgiques françaises, poème par M. le c. de B ; à son propos Thieriot écrit le 30 juillet : « Je ne dédaigne pas autant que frère Damilaville Les Quatre saisons du cardinal de Bernis . Je voudrais que les traits de la vielle fable s'y montrassent avec moins de profusion[...] ». Voir : http://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/notice/044224028
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