05/07/2019
vous n'aurez encore aujourd’hui qu'un mot du malingre
... Riez !
« A Etienne-Noël Damilaville
28è mai 1764 1
Mon cher frère, vous n'aurez encore aujourd’hui qu'un mot du malingre . J'ai fait un terrible quiproquo en prenant Lemierre pour La Harpe 2. Je ne sais comment réparer la bévue . Gabriel Cramer jure toujours qu'il y a depuis plus de deux moi un gros paquet pour vous sur la route de Bourgogne . Dès que j'ai un moment de relâche à mes maux, je songe à porter les derniers coups à l'infâme . Mais les frères sont dispersés, désunis, et j'ai peur d'être comme le vieux Priam telum que imbelle sine ictu 3. La lettre sous le nom de Jean-Jacques est à peu près de même 4; l'archevêque d'Auch s'en rit, il a quarante mille écus de rente .
Mon cher frère , écr l'inf .
Qu'est devenu je vous prie un M. d'Acquin 5? Vous lui avez donné un Corneille . Je n'entends point parler de ce d'Acquin, fait-il un Avant-coureur ?
J'ai reçu le factum pour Potin et pour l'humanité . J'en remercierai frère Beaumont 6. »
1 L'édition de Kehl, d'après la copie Darmstadt B. , amalgame deux phrases de la présente lettre à la lettre du 1er juin 1764 .
2 Voir lettre du 25 mai 1764 à Varenne de Fénille :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/27/si-je-pouvais-ecrire-longtemps-je-ne-finirais-pas-sur-votre-6160645.html
3 Un trait débile et sans impact ; Virgile, Enéide, II, 544 .
4 L'auteur ,- Pierre-Firmin de Lacroix - , d'une prétendue Lettre de J.-J. Rousseau, de Genève, qui contient sa renonciation à la société civile, ses derniers adieux aux hommes , vient de récidiver avec une brochure intitulée Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, à Jean-François de Montillet, archevêque e seigneur d'Auch, datée du 15 mars 1764 . Après s'être contenté de nier qu'il fût l'auteur de cet opuscule, Rousseau se plaignit de cette « fourberie sortie de la boutique de M. de Voltaire » . Ses plaintes deviennent plus vives encore le 16 juin 1764 : « M. de Voltaire vient tout récemment de faire un nouveau tour de son métier en publiant sous mon nom une lettre à M. l'archevêque d'Auch qui, dans une instruction pastorale l'avait assez malmené . »
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5789272v.texteImage
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10400809.image
Voir aussi à ce sujet le lettre de V* du 29 juin 1764 à Chatillard de Montillet-Grenaud .
5 Pierre-Louis d'Acquin de Château-Lyon a en effet des liaisons avec L'Avant-coureur ; voir lettre du 10 août 1760 à d'Argental . Il devait écrire un peu plus tard à V*, le 5 juin 1764 pour accuser réception du Corneille ; il lui envoie une feuille de L'Avant-coureur et lui donne une foule de nouvelles malignes concernant divers auteurs . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12207503/pierre-louis_d__aquin_de_chateau-lyon/
et : http://dictionnaire-journaux.gazettes18e.fr/journal/0129-lavant-coureur-3
6 Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont , Question sur la légitimité du mariage des protestants français célébré hors du royaume, 1764 .
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