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22/10/2019

gentilhomme savoyard, par conséquent pauvre ; et en qualité de pauvre, grand faiseur d’enfants

... Ce qui donne les "allocations braguette" à la Réunion et quelques autres départements, dont l'un , Mayotte, reçoit notre président ce jour . " J'ai connu plus agréable comme déplacement " doit-il penser en toute sincérité, après avoir baragouiné quelques mots  en shimaoré: «Maore na farantsa pakatcho», assure-t-il. «Mayotte, c’est la France jusqu’au bout.» Le bout du bout même . Trump en accepterait-il le don , plutôt que d'acheter le Groenland ?

https://www.liberation.fr/france/2019/10/22/macron-mayott...

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Et notre président l'a fait ?

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

A Ferney 28 auguste [1764] 1

Le petit ex-jésuite, auteur des Roués n’a pas une santé bien brillante, et n’est pas dans la première jeunesse. Ce vieux pauvre diable présente ses très sincères respects à leurs excellences . Il vous supplie de lui renvoyer soit à lui, soit aux anges, certain drame qu’il a tâché de rendre moins indigne de votre suffrage . Quand vous aurez une occasion , renvoyez, dit-il, ce croquis, afin qu’on tâche de vous présenter un tableau.

Nous avons eu M. de La Tremblaye, qui fait de fort jolies choses, et M. le prince Camille, qui en sent le prix . M. le duc de Lorges est toujours à Genève . Il a mal par devant et par derrière, et moi j’ai mal partout . Ainsi je lui fais peu ma cour. Mais voici M. le duc de Randan qui arrive aussi avec dix-sept ou dix-huit amis qui jouent tous la comédie. Ils prétendent représenter sur le théâtre de Ferney ; je le leur abandonne de tout mon cœur, pourvu que je ne sois pas de la troupe. Voilà qui est fait . J’ai renoncé au théâtre. Il faut prendre congé, à soixante-dix ans passés. Si c’était madame l’ambassadrice qui jouât Phèdre, encore pourrai-je faire Théramène, et puis mourir à ses pieds ; mais c’est un effort que je ne ferai que pour elle.

Dirai-je à Votre Excellence qu’il m’est venu un M. de La Balle ? point ; c’est M. de La Balme, surnommé de L’Échelle, gentilhomme savoyard, par conséquent pauvre ; et en qualité de pauvre, grand faiseur d’enfants. Ce M. de La Balme est oncle de ce jeune homme à qui j’ai donné mademoiselle Corneille. J’ai un fils haut de cinq pieds et demi, m’a-t-il dit, et je ne sais qu’en faire ; vous êtes connu de M. l’ambassadeur de France à Turin ; il a pour vous des bontés ; il est sans doute ami du ministre de la guerre . Ainsi mon fils sera enseigne . Il a déjà un frère et deux oncles dans le service, et ses ancêtres ont servi dès le temps de César . Je m’en prendrai à vous si mon fils n’est pas enseigne. Monsieur, lui ai-je répondu, je doute fort que M. de Chauvelin se mêle des enseignes de Savoie, et je ne suis pas assez hardi pour abuser à ce point des bontés dont il m’honore. Alors le bon M. de La Balme m’a embrassé tendrement : mon cher monsieur de Voltaire, écrivez à M. l’ambassadeur, je vous en conjure. Monsieur, je n’ose, cela passe mes forces. Enfin il m’a tant prié, tant pressé, il était si ému, que j’ai la hardiesse d’écrire ; mais je n’écris qu’en cas que la chose soit facile, qu’elle s’accorde avec toutes vos convenances, qu’elle ne vous compromette en rien, et que vous me pardonniez la liberté que je prends.

Que Vos Excellences agréent les respects du bonhomme

V. »

1 L'édition de Kehl date de 1766 , corrigé par Beuchot .

Réduit hélas ! à vivre en sage, Ne l'ayant pas été toujours

...

 

« A Élie Bertrand

28è auguste 1764 à Ferney 1

Dans le fond de mon ermitage,

Loin de l'illusion des cours,

Réduit hélas ! à vivre en sage,

Ne l'ayant pas été toujours,

Et ne l'étant qu'en mon vieux âge ;

La retraite est mon seul recours ,

Je ne ferai plus de voyage .

 

Que la gloire avec les amours,

Couronnent devers Cracovie

Un prince aimé de sa patrie

Qui lui promet de si beaux jours 2.

Trop éloigné de sa personne,

Je me borne à former des vœux.

On lui décerne une couronne

Et je voudrais qu’il en eût deux.

Voilà mon cher philosophe les prédictions du Nostradamus de Ferney, que vous pouvez montrer à M. le comte de Mnizek 3, à qui je présente mes respects . J'ai déjà lu avec grand plaisir quelque chose de votre Logique 4, je me flatte que bientôt il en paraitra dans la Gazette littéraire un extrait dont vous ne serez pas mécontent . Conservez toujours un peu d’amitié pour ce vieux malade qui est obligé de dicter vers et prose . »

1 L'édition « Vers de M. de Voltaire, sur l'élection du comte Poniatowski au trône de Pologne », Mercure de France, 1765 , limitée aux vers . Ici, édition des Lettres inédites .

2 Stanislas [II] Poniatowski devait être élu par la Diète roi de Pologne le 7 septembre 1764 ; mais la prophétie de V* fut déjouée par Catherine de Russie . Voir : https://www.wikiberal.org/wiki/Stanislas-Auguste_Poniatowski

3 Bertrand est en compagnie du comte Stanislas Mniszech et de Michel-Georges-Wandalin Mniszech ; voir Jean Fabre, Stanislas-Auguste Poniatowski et l'Europe des lumières, 1952 . Selon Emmanuel Rostroworowski , « La Suisse et la Pologne au XVIIIè siècle », Échanges entre les Pologne et la Suisse, 1964, les deux frères ( dont Rostworowski appelle le second Joseph, et non Stanislas) auraient séjourné quelque temps à Ferney en 1763 . Voir : https://books.google.fr/books?id=p72Q3dz1nNcC&pg=PA233&lpg=PA233&dq=comte+Stanislas+Mniszech&source=bl&ots=Px7UoYmtJd&sig=ACfU3U21H5Bsg5Z3LpSb60iB5FvwYudJaw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwif-OPe66_lAhXR5-AKHf4KAJYQ6AEwBXoECAkQAQ#v=onepage&q=comte%20Stanislas%20Mniszech&f=false

4 Essai sur l'art de former l'esprit, ou Premiers éléments de la logique , 1764 ; on ne trouve pas de compte rendu de cet ouvrage par V* dans la Gazette littéraire de l'Europe . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12222037/elie_bertrand/