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12/01/2020

Les homme sont pitoyables au théâtre, et je ne sais s'ils valent beaucoup mieux ailleurs

... Les femmes qui le constatent au quotidien, savent marquer leur désapprobation/dégoût , tout comme Kimia Alizadeh en Iran  : http://www.leparisien.fr/international/iran-la-seule-femm...

 

 

« A Louise-Florence- Pétronille de Tardieu d'Esclavelles de La Live d'Epinay

place Vendôme

à Paris

16è novembre 1764

Il me paraît, madame, que vous avez un curé digne de vous ; c'est vous , sans doute, qui nommez à la cure ; c'est l'homme du monde dont après vous j'ambitionne plus le suffrage . M. Dubut ou Desbuttes, car je ne sais pas précisément son nom, le remercie bien fort de ses cerisiers . Il est bien vieux, ce M. Desbuttes, mais il a le bonheur de manger les cerises de votre curé, il en jettera les noyaux au nez des superstitieux et de fanatiques qui, je crois, n'approchent jamais de votre paroisse .
Je vois que tous les climats se ressemblent, quoique les esprits ne se ressemblent pas . Si vous avez froid nous sommes gelés ; si vous avez un pouce de neige nous en avons deux pieds ; si vous perdez quelques uns de vos poulets tous les nôtres meurent ; mais vous avez des Fréron , des Pompignan, un Journal chrétien, et nous n'avons rien de tout cela . Vous vivez , madame, dans votre belle retraite avec vos philosophes ; moquez-vous des sottises de toutes les espèces ; que ne puis-je en rire avec vous ? Mais il n'y a pas moyen de rire quand on souffre tant de votre absence .

Je crois comme vous, madame, que la scène française expire aux pieds de l'opéra-comique ; il n'y a que les femmes qui la soutiennent, comme il n'y a qu'elles qui fassent les agréments de la société . Les homme sont pitoyables au théâtre, et je ne sais s'ils valent beaucoup mieux ailleurs .

Je ne peux avoir l'honneur de vous écrire et de vous remercier de ma main ; je redeviens toujours aveugle avec les neiges, je crois que je suis le premier qui ait éprouvé un aveuglement périodique . Il n'en est pas de même de mes sentiments . Mon estime et mon tendre respect pour vous ne souffrent jamais d'altération . »