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18/07/2015

Les sages restent dans leurs coins tandis que les autres jouissent en public de leur beau triomphe

...  Mis en ligne le 12/11/2020 pour le 18/7/2015

Voir précédente mise en ligne : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/18/i...

 

 

« A Marie-Thérèse Geoffrin

rue saint Honoré à Paris

18 juillet [1760]

Oui, madame, c'est Alexis Kouranskoy qui a eu l'honneur de vous envoyer les dernières volontés de son cousin Alétof . Ce Russe a su de vos nouvelles, madame . M. de Marmontel lui en avait beaucoup parlé dans son dernier voyage en Orient, au pays des lacs et des montagnes . Alexis Kouranskoy était instruit de plusieurs merveilles de votre bonne ville de Paris ; il savait ce qui s'était passé sur les tréteaux au faubourg qu'on appelle Saint-Germain, à une première représentation d'une comédie gaie, tendre, touchante, et tout à fait honorable pour la France . Il avait été très édifié de l'honneur que M. Lefranc de Pompignan avait fait à sa patrie, dans sa harangue à l'Académie . Il savait positivement que le roi avait été enchanté du mémoire de Lefranc de Pompignan ; qu'il se le fait lire tous les jours à son souper, et qu'il regarde actuellement Montauban comme la première ville de son royaume, puisqu'elle a produit Lefranc de Pompignan .

Alexis Kouranskoy a vu avec un extrême plaisir un ou deux pages d'un nommé Fréron, et il ne sait si ce Fréron n'est pas pour le moins un aussi grand homme que Pompignan , mais l'un et l'autre mis ensemble ne pourront jamais égaler Ramponeau . Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles . M. Alétof, en mourant, recommanda très expressément à son cousin d'envoyer un exemplaire à Madame de Geoffrin, attendu qu'elle doit être pénétrée de respect et de reconnaissance pour l'auteur de la charmante comédie qui a fait courir tout Paris .

On la soupçonne d’être en effet comme elle le dit dans un coin de sa chambre quand tant de gens sortent de chez eux pour aller admirer tant de merveilles . Les sages restent dans leurs coins tandis que les autres jouissent en public de leur beau triomphe .

Madame de Geoffrin est très humblement suppliée de vouloir bien demander à Marmontel des nouvelles de la goutte qu'il a à la main droite . Mme Denis s'attendait à une petite lettre d'honnêteté de ce voyageur ; il avait promis d'écrire des nouvelles de tout ce qu'il y a de bon et d'excellent dans Paris ; apparemment que chat échaudé craint l'eau froide ; mais encore faut-il être avec ses amis, quand on n'ose pas être bavard .

Alexis se met aux pieds de madame de Geoffrin .1 »

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