Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/04/2021

Je pardonnerai tous mes maux à la nature, si votre personne en est exempte

... Est-il un plus aimable voeu , une plus charmante attention ? C'est du Voltaire tout pur .

On dit qu'il faut prendre son mal en patience , et si l'on prenait notre  bien en urgence - #bien #dit #en #faut #lon #mal… | French quotes, Quote  citation, Messages

Bonnes journées

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney 17è décembre 1765 1

Madame, je ne saurais voir finir cette année sans souhaiter les plus nombreuses et les plus heureuses à Votre Altesse Sérénissime, à toute votre auguste famille, et à la grande maîtresse des cœurs. Il y a plus de douze ans que je vis dans ma retraite, et il y a tout juste ce temps-là que je regrette les plus agréables moments de ma vie. Ma vieillesse et mes maladies ne me permettent pas de me mettre aux pieds de V. A. S. aussi souvent que je le voudrais ; mais le cœur n’y perd rien , il est toujours plein de vos bontés ; je m’informe, à tous les Allemands qui voyagent dans nos cantons de votre santé et de tout ce qui vous intéresse. J’ignore actuellement si vous n’avez point eu quelque ressentiment d’une incommodité passagère, dont vous me parliez dans la dernière lettre dont vous m’avez honoré. Je pardonnerai tous mes maux à la nature, si votre personne en est exempte.

Le roi de Prusse a eu quelques atteintes assez violentes, mais il se conserve par un grand régime. Il me fait l’honneur de m’écrire quelquefois ; mais je n’ai plus la santé et la force nécessaires pour soutenir un tel commerce. J’applaudis toujours au service qu’il a rendu au nord de l’Allemagne ; sans lui vous auriez peut-être des jésuites et des capucins dans la Thuringe , ce qui est pire à la longue que des houzards. Je ne sais par quelle fatalité la partie méridionale de l’Allemagne est plongée dans la plus plate superstition, tandis que le nord est rempli de philosophes. Genève est bien changée depuis quelques années. Calvin ne reconnaîtrait pas sa ville.

Que Votre Altesse Sérénissime daigne toujours agréer avec bonté mon très tendre respect.

V.»

1 Selon l'édition Voltaire à Ferney ; dans sa lettre du 7 septembre 1765, la duchesse se dit « affligée comme [V*] de maux d'yeux, et accablée par toutes sortes d'incommodités », depuis « au-delà d'une année sans recevoir de [ses] nouvelles » . Quant à Frédéric II, sa dernière lettre à V* est du 25 novembre 1765 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6163

J’ai bu aujourd’hui à votre santé dans ma masure de Ferney

... Attendu que Gex est ma limite autorisée sans justificatif (autre que celui de mon domicile ), je ne pouvais pas même aller trinquer sur Perdtemps, comme autrefois . De fait j'en suis réduit à boire en Suisse ! Santé gaillards !

Boire une bouteille de vin par semaine reviendrait à fumer 10 cigarettes

Tchin tchin avec les modérations du voisinage, bientôt .

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

17 décembre 1765 au château de Ferney

Si je pouvais sortir, monsieur, je serais venu me mêler dans la foule de ceux qui vous ont vu arriver, le rameau d’olivier à la main1. Mon âge et mes maladies me retiennent chez moi en prison. J’ai bu aujourd’hui à votre santé dans ma masure de Ferney avec M. Roger. Quand vous serez las des cérémonies et des indigestions de Genève, vous serez bien aimable de venir chercher la sobriété et la tranquillité à Ferney. Je vous remettrai un mémoire2 de deux avocats de Paris sur les tracasseries de Genève, et vous verrez que l’ordre des avocats en sait moins que vous. M. d’Argental devait le remettre à M. de Sainte-Foix3 pour vous le donner, mais vous êtes parti précipitamment. Je vais le faire copier, et je serais très-flatté d’avoir l’honneur de vous entretenir en vous remettant l’original.

Quand vous aurez quelques ordres à me donner, vous pouvez les envoyer aux rues-basses, chez M. Souchay, marchand drapier, près du Lion d’or.

Mme Denis vous fait mille compliments, nous ne pouvons vous exprimer à quel point nous sommes enchantés de nous trouver dans votre voisinage.

J’ai l’honneur d’être avec le plus tendre et le plus respectueux attachement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

1 Voir note de Hennin fils : « La république de Genève avait joui du repos, depuis l’acte de médiation de 1738, fait par la France et les cantons de Zurich et de Berne. Mais, à cette époque, les dissensions s’étaient renouvelées avec tant d’aigreur et de violence que le gouvernement français avait pris le parti d’y intervenir. On employa d’abord les voies de conciliation, et ensuite celles de la force.

La population de Genève était composée des citoyens, bourgeois, natifs, habitants et étrangers ; la souveraineté résidait dans le conseil général, composé d’environ seize cents citoyens ou bourgeois ; mais rien ne pouvait y être traité sans l’approbation du conseil des Deux-Cents ; le conseil général ne délibérait point : il avait seulement le droit d’approuver ou de rejeter les avis et lois qui lui étaient proposés.

Le conseil des Deux-Cents, qui était composé de deux cent cinquante membres, était nommé par le petit conseil, et ne pouvait délibérer que sur les questions que celui-ci lui soumettait ; il pouvait aussi faire des propositions sur lesquelles le petit conseil était tenu de répondre. Le conseil des Deux-Cents avait le droit de faire grâce, de légitimer les enfants naturels, de battre monnaie ; il avait d’autres droits régaliens : il était juge souverain dans les matières civiles importantes ; il présentait au conseil général les candidats pour les premières charges de la république.

Le petit conseil ou conseil des Vingt-Cinq présidait tous les autres conseils dont il faisait partie ; il avait l’administration des affaires publiques, la haute police ; il était juge en troisième ressort pour le civil et juge souverain des causes criminelles, sauf le recours en grâce dans les cas graves ; il avait le droit de recevoir les bourgeois, etc. Il était dirigé par quatre syndics élus annuellement dans son sein par le conseil souverain. Le premier syndic présidait tous les conseils. Un conseil des Soixante s’assemblait seulement pour délibérer sur les affaires secrètes et politiques.

Telles étaient alors les hases du gouvernement de ce petit État. (Note de Hennin fils.) «