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16/04/2021

Je vous donne ma parole d'honneur, monsieur, que c’est tout ce qui s'est passé dans ce dîner

... de cons , menus à 200€, nourriture minable, taxe de 135€ non comprise, pour l'Etat . Pas de quoi se vanter !

Le dîner de cons - Théâtre La Comédie de Lille

 

 

« A Bénédict-André de Rodon 1

Ferney 25 décembre 1765 2

Il est vrai, monsieur, que M. de Hennin me fit l'honneur de venir dîner ici ces jours passés ; il est vrai que M. de Luc , l'aîné, et M. Vieussieux y vinrent aussi . J'eus l'honneur de les présenter à M. le résident, sans qu'il fût question le moins du monde des affaires de Genève . Les ancêtres de M. de Luc ayant possédé autrefois la terre de Ferney et M. de Luc étant venu plus d'une fois au château pour consulter les archives, j'en pris occasion de dire à M. de Hennin qui il était, et j'ajoutai qu'il était très savant dans l'histoire naturelle . M. de Hennin l'accueillit avec toute la politesse qu'on lui connaît et fut très content de lui aussi bien que de M. de Vieussieux . Il m'en parla ensuite avec éloge . Il ne fut pas dit un seul mot des différends qui partagent la ville de Genève . M. de Hennin parut seulement très sensible à toutes les marques personnelles de considération qu'on lui a témoignées à l'envi . Il l'exprima avec les termes les plus remplis de bienveillance pour tous les ordres de l’État . Je vous donne ma parole d'honneur, monsieur, que c’est tout ce qui s'est passé dans ce dîner . Je saisis cette occasion de vous dire combien j'ai de respect pour votre République et à quel point j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 L'édition Desnoiresterres donne à tort le nom du destinataire comme « Déodon » . une note du manuscrit explique le ton et le fond de cette lettre ; « M. Trembley-Caille ayant dit au […] sieur Chenaud que M. Hennin avait trouvé mauvais qu'au dîner qu'il fit le 19 décembre à Ferney les sieurs de Luc de Vieussieux s'y fussent trouvés, deux ou trois citoyens sous prétexte d'une gageure demandèrent à M. Tr[embley] s'il était vrai, etc., qu'il eût dit cela . L'ayant affirmé en termes moins forts, les sieurs de Rodon, etc. , se rendirent à Ferney pour en informer M. de Voltaire duquel ils obtinrent cette déclaration . »

De las cosas mas seguras, la mas segura es dudar ; " des choses les plus sûres, la plus sûre est de douter "

... Absolument ! sans aucun doute ajouté !

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A quoi bon douter ? Allons-y !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

À Ferney, 25è décembre 1765 1

Mon cher frère, connaissez-vous ce proverbe espagnol : De las cosas mas seguras, la mas segura es dudar ; « des choses les plus sûres, la plus sûre est de douter ? » Comment voulez-vous que Mme du Deffand ait ces Mélanges 2 dont vous me parlez, puisqu’ils ne sont pas encore achevés d’imprimer ? Il est vrai que Mme du Deffant a une lettre sur Mlle de Lenclos 3; c’est une épreuve du troisième volume, dont j’ai cru pouvoir la régaler, parce qu’elle me demandait avec la dernière instance de quoi l’amuser dans le triste état où elle est.

On ne vous a pas dit plus vrai sur les affaires de Genève. Les deux partis n’ont point promis de ne point prendre les armes : il n’a jamais été question de pareilles extrémités; tout s’est passé, se passe, et se passera avec la plus grande tranquillité ; et, si j’avais quelque vanité, je pourrais dire que je n’ai pas peu contribué à la bienséance que les citoyens ont gardée dans toutes leurs démarches. On exagère tout, on falsifie tout, on m’attribue tous les jours des ouvrages que je n’ai jamais vus, et que je ne lirai point. Je me suis résigné à la destinée des gens de lettres un peu célèbres, qui est d’être calomniés toute leur vie.

Je bénirai le jour où notre cher Élie de Beaumont m'enverra le factum sur les Sirven . Quand même il ne réussirait pas judiciairement, il réussira toujours à démontrer au public l'innocence de ses clients ; il réussira à confirmer sa grande réputation . Ces deux points importants consoleront du refus d'une attribution d'autres juges .

Jean-Jacques est toujours un grand fou, et souvent un méchant fou . Je crois qu'Helvétius a dû être bien étonné du prix que Jean-Jacques a mis à sa communion huguenote 4.

Adieu , mon cher frère, conservez votre santé . M. Boursier m'a mandé qu'il vous avait écrit . »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais, et suivie par les autres éditions, omet le 3è paragraphe et le début du 4è ( Je bénirai …. méchant fou .)

2 Il est fait mention de ce volume dans une note d'une lettre à Mme Du Deffand du 16 octobre 1765 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6136

3 Voir lettre du 16 octobre 1765 à Mme Du Deffand et sa réponse du 26 octobre 1765, dans laquelle elle se plaint qu'il lui manque les pages 12-61 de l'ouvrage en question : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6141

4 Voir note de la lettre du 30 août 1765 à Thieriot : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...

Vous avez mentionné mes faiblesses . Oubliez-vous que je suis un homme ?

... Orgueil ou appel à l'absolution ?

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

[23 décembre 1765]1

[Vous avez mentionné mes faiblesses . Oubliez-vous que je suis un homme ?]

1 On ne connait cette lettre que par ce qu'en dit Sender, éditeur des Hinterlassene Friedrichs der Grosse, I, xxxi . On se fera une idée plus précise des sujets évoqués par V* par la lettre antérieure de Frédéric du 25 novembre 1765 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6163

et voir la lettre du 10 janvier 1766 à d'Argental .

On paiera les vacations

... C'est bien le moins que l'on puisse  faire .

 

« A Joseph-Marie Balleidier, Procureur 1

à Gex

M. de Voltaire prie Monsieur Balleidier de faire chercher à Gex chez ses confrères et chez les notaires, s'il n'y a point quelques traces d'un Augustin Chevalier . On paiera les vacations .

A Ferney 23è décembre 1765. »

1 Wagnière a commencé la lettre par une adresse à « franc », mention qu'il a fortement biffée ensuite .