21/07/2021
le derrière de Son Excellence n’est pas si bon que sa tête
... Bon rétablissement au pape François, qui , je le souhaite, peut encore profiter du saint siège ( bien rembourré ) après son opération du colon . Les hosties , non plus que le vin de messe et les prières , ne semblent protéger efficacement le microbiote pontifical . Alors un petit tour à Lourdes, haut lieu de visites de chefs d'Etat ?
https://www.journaldesfemmes.fr/societe/actu/2728719-pape...
https://soirmag.lesoir.be/108515/article/2017-08-09/le-pa...
« Au chevalier Pierre de Taulès
28 avril 1766, à Ferney
Je vois, monsieur, que le derrière de Son Excellence n’est pas si bon que sa tête ; j’apprends qu’on lui a fait une opération 1 qu’il a soutenue avec son courage ordinaire ; je m’adresse toujours à vous pour lui faire parvenir les témoignages de mon respect et de ma sensibilité. Il doit savoir combien tout le monde s’intéresse à sa santé : il goûte le plaisir d’être aimé ; c’est un bonheur que vous partagez avec lui. Continuez-moi, monsieur, des bontés qui me sont bien chères, et daignez vous souvenir quelquefois d’un pauvre vieillard cacochyme qui vous aime comme s’il avait eu l’honneur de vivre longtemps avec vous. »
1 Le chevalier de Beauteville , opéré le 26 avril 1766 .
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est-ce que les livres font du mal ? est-ce que le gouvernement se conduit par des livres ?
... Je pense que la réponse à la première question est "non", et que la seconde est "oui" : les livres de comptes .
https://www.urtikan.net/dessin-du-jour/covid-19-le-gouver...
« A Etienne-Noël Damilaville
28 avril 1766 1
J’étais donc bien mal informé, mon cher ami, et je n’ai eu qu’une joie courte. On m’avait assuré que le grand livre paraissait, et vous m’apprenez qu’on m’a trompé. Par quelle fatalité faut-il que les étrangers fassent bonne chère, et que les Français meurent de faim ? pourquoi ce livre ferait-il plus de mal en France qu’en Allemagne ? est-ce que les livres font du mal ? est-ce que le gouvernement se conduit par des livres ? Ils amusent et ils instruisent un millier de gens de cabinet, répandus sur vingt millions de personnes ; c’est à quoi tout se réduit. Voudrait-on frustrer les souscripteurs de ce qui leur est dû, et ruiner les libraires ?
On me fait espérer l’ouvrage de Fréret 2, qui est, dit-on, achevé d’imprimer. Ceux qui l’ont vu me disent qu’il est très-bien raisonné. C’est un grand service rendu aux gens qui veulent être instruits : les autres ne méritent pas qu’on les éclaire. Il est certain, mon ami, que la raison fait de grands progrès, mais ce n’est jamais que chez un petit nombre de sages. Pensez-vous, de bonne foi, que les maîtres des comptes de Paris, les conseillers au Châtelet, les procureurs, et les notaires, soient bien au fait de la gravitation et de l’aberration de la lumière ? Ce sont des vérités reconnues, mais le secret n’est que dans les mains des adeptes. Il en est de même de toutes les vérités qui demandent un peu d’attention. Il n’y aura jamais que le petit nombre d’éclairé et de sage. Consolons-nous en voyant que le nombre augmente tous les jours, et qu’il est composé partout des plus honnêtes gens d’une nation.
Je m’attendais que vous mettriez dans le paquet le mémoire de M. de Beaumont pour les Sirven ; dites-moi, je vous prie, quand vous pourrez me l'envoyer .
J’ai dans la tête que la prochaine assemblée du clergé fait suspendre le débit de l’Encyclopédie 3. On craint peut-être que quelques têtes chaudes n’attaquent quelques articles auxquels il est si aisé de donner un mauvais sens. On pourrait fatiguer monsieur le vice-chancelier par des clameurs injustes : ainsi il me paraît prudent de ne pas s’exposer à cet orage. Si c’est là en effet la cause du retardement, on n’aura point à se plaindre.
Il y a un autre livre que nous attendions, et pour lequel j'avais souscrit il y a deux ans ; c'est un Racine avec les commentaires . Je crois vous en avoir déjà parlé . On ne sait point quel est le libraire qui a entrepris cette édition ; Merlin ne pourrait-il pas vous en informer ? Actuellement que ma bibliothèque est arrangée, je ne suis plus curieux que de livres ; c'est la consolation de ma vieillesse .
Non vraiment, mon cher ami, mes souscrivants pour l'estampe des Calas ne sont pas si libéraux que vous l'imaginez ; ils ont compté ne donner que leur écu par estampe et n'en donneront pas davantage . Je vous ai supplié de donner à M. de Beaumont de quoi payer la signature des avocats pour Sirven . Ce sont actuellement les Sirven seuls qui m’occupent, parce qu’ils sont les seuls malheureux. Ma santé s’affaiblit de jour en jour, et il faut se presser de faire du bien. Je vous embrasse tendrement. »
1A partir de la copie Beaumarchais, les éditions sont amputées du passage suivant le premier paragraphe, est-ce que le gouvernement... ; et du troisième paragraphe et des deux derniers en entier . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6325
2 Voir lettre du 26 avril 1766 à Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/20/le-monde-est-plein-de-pestiferes-qui-ont-besoin-de-contre-po-6328096.html
3 Cette assemblée se réunit en juin 1766 .
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le monde est plein de pestiférés qui ont besoin de contre-poison
... Du monde de l'esprit voltairien, nous sommes passés au concret combat contre un virus désolant . Que ceux qui refusent le "contrepoison" aient la décence d'appliquer les techniques enrayant la contamination : masque et distanciation, ce n'est quand même pas sorcier ; la liberté dont ils se gargarisent est respectée . Sinon qu'ils aillent au diable !
Antivax idéologiques , vous voyez, vous avez de merveilleux pays qui vous comprennent .
« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle,
Capitaine au Régiment
du roi
à Nancy
À Ferney, 26è avril 1766
Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, monsieur, la lettre dont vous m’avez honoré, du 28è mars. J’étais trop malade pour jouir des talents de la personne que vous avez bien voulu m’annoncer. Je vous supplie de vouloir bien engager le libraire à m’envoyer trois exemplaires du livre de Fréret 1 qu’il imprime. Il n’aurait qu’à les adresser au premier secrétaire de l’intendance de Franche-Comté, avec un petit mot par lequel ce secrétaire serait supplié de me faire tenir le paquet incessamment. C’est un ouvrage que j’attends depuis longtemps avec la plus vive impatience. Il est bon qu’il en paraisse souvent de cette nature : le monde est plein de pestiférés qui ont besoin de contre-poison, et il y a des médecins qui doivent faire une collection de tous les remèdes. Il y a des apothicaires qui les distribuent, et, en qualité d’apothicaire, je saurai où placer mes trois exemplaires. Le libraire n’aura qu’à me mander comment il veut que je lui fasse tenir son argent, et il sera payé avec ponctualité. Je vous demande bien pardon de la liberté que je prends ; mais je vous crois bon médecin, et j’implore vos bontés pour l’apothicaire, qui est votre très humble et très obéissant serviteur. »
1 L’Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, de Levesque de Burigny, publié sous le nom de Fréret ; voir lettre du 16 octobre 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/13/y-a-t-il-rien-de-plus-tyrannique-par-exemple-que-d-oter-la-l-6297342.html
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845348.image
et : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2002_num_34_1_2514_t1_0577_0000_2
et : https://data.bnf.fr/fr/12205928/jean_levesque_de_burigny/
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