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31/10/2021

il est faux que je prenne le parti de l’énergumène

... Zemmour , coquin et calomniateur infâme, ou quasiment presque ,  honte et déchéance pour la France si jamais il réussissait à être président .

Heureusement, il est des gens plus agréables à écouter, je me suis régalé à l'écoute de "livre-et-châtiment" à propos de Candide , à vous maintenant : https://www.franceinter.fr/emissions/livre-et-chatiment/livre-et-chatiment-du-dimanche-31-octobre-2021

Candide ou l'optimisme de Voltaire

 

 

 

« A Théodore Tronchin , Premier

médecin de Mgr le duc

d'Orléans

au Palais-Royal

à Paris

4è auguste 1766 1

Le fait est, mon cher Esculape, que, le roi de Prusse ayant envoyé à ma recommandation cent écus aux Sirven, j'ai pris encore la liberté de lui parler de deux Suisses qui voudraient établir à Clèves une manufacture . Je lui ai dit que j’aurais souhaité être en état de faire le voyage avec eux . Voilà l'unique fondement de ce qu'il a dit à monsieur votre fils 2. Il est aussi faux (du moins quant à présent) que je songe à quitter l’agréable maison que j'ai bâtie, qu'il est faux que je prenne le parti de l’énergumène Du Luc contre le conseil de Genève .

Au reste, Jean-Jacques doit être content . Il est déclaré à la fois un coquin par M. Hume , et un calomniateur infâme par tous les médiateurs . Son orgueil sera un peu embarrassé à faire une bonne sauce de ces deux plats . Soyez sûr , mon cher Esculape, que je serai toujours tendrement attaché à vous et aux vôtres . Toute ma petite famille vous fait les plus sincères compliments . Mettez-moi , je vous en prie, aux pieds de Mme la duchesse d'Anville quand vous la verrez . Ne m'oubliez pas auprès de monsieur le fermier général 3.

Adieu, aimez toujours un peu votre admirateur et votre ami qui conservera ces sentiments jusqu'au dernier moment de sa vie .

V. »

1 L'édition Tronchin ne donne qu'un bref extrait ; ici, d'après « Lettres à Théodore Tronchin par Voltaire », Mercure de France du 1er octobre 1950, d'André Delattre

3 Jean-Robert Tronchin .

Il semble que ma destinée ait été de prendre le parti de ceux que des juges, ou prévenus ou trop sévères, ont inhumainement condamnés

... Quel meilleur avocat peut-on avoir que Voltaire , sa générosité et sa compassion colérique ?

Avec le bon coeur de Brassens , qui me semble inspiré par l'affaire de La Barre : https://www.youtube.com/watch?v=w7JGZwLeWeE 

Humour Tribunal: Le juge ne manque pas d'humour - Doc de Haguenau

 

 

 

« A Jean-Baptiste Targe 1

En réponse, monsieur, à la lettre dont vous m’honorez, du 25 juillet, je dois vous dire qu’il est très vrai que j’envoyai, en 1757, à l’amiral Byng, quelques mois avant sa mort 2, le témoignage que M. le maréchal de Richelieu avait rendu à sa conduite. Monsieur le maréchal avait été témoin du combat naval donné fort près du port : j’envoyai sa lettre originale à M. l’amiral Byng ; je l’avais vu à Londres en 1726 ; mais je ne crus pas devoir lui rappeler notre connaissance ; je crus que je le servirais mieux en paraissant être ignoré de lui . Mon paquet tomba dans les mains du feu roi d’Angleterre, qui l’ouvrit, et qui eut la générosité de l’envoyer à l’amiral.

La lettre de M. le maréchal de Richelieu fut présentée au Conseil de guerre ; elle fit pencher quelques juges en faveur de l’accusé ; mais la loi était précise contre lui, rien ne put le sauver. L’amiral, avant sa mort, recommanda sur le tillac, à son secrétaire, de m’écrire qu’il mourait mon obligé, et de m’envoyer tous les écrits qui contenaient sa justification.

Voilà, monsieur, tous les éclaircissements que je puis vous donner sur cette cruelle aventure. Il semble que ma destinée ait été de prendre le parti de ceux que des juges, ou prévenus ou trop sévères, ont inhumainement condamnés.

L’Histoire d’Angleterre, à laquelle vous travaillez, monsieur, offre plus d’un exemple de ces jugements sanguinaires ; et, quelque histoire qu’on lise, l’humanité gémit toujours. J’espère que la lecture de votre ouvrage sera un de mes plus grands plaisirs dans la retraite où je finis mes jours.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi 

Aux eaux de Rolle en Suisse, le 4 août 1756 .»

1 Jean-Baptiste Targe, né à Paris vers 1720, mort en 1788, est auteur de quelques ouvrages, et entre autres d’une Histoire d’Angleterre depuis le traité d’Aix-la-Chapelle en 1748, jusqu’au traité de Paris en 1763, qui parut en 1768, cinq volumes in-12,  ; voir : http://worldcat.org/identities/lccn-n87926821/

et : https://www.dlib.si/stream/URN:NBN:SI:doc-7NJPRPKO/1184602d-eded-466d-9c37-4596abdd7b39/PDF

Il y a grande apparence qu'on deviendra bientôt anthropophages, tant les mœurs se perfectionnent

... Petit Traité D'anthropophagie Politique   de yann wehrling  Format Broché

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« A Jean Ribote Charron

à Montauban

4è auguste 1766 1

Il y a environ six semaines qu'on adressa à M. Ribote par la diligence de Lyon, un paquet roulé en toile cirée, contenant le tableau […] des estampes, des livres . Il est prié de vouloir bien en accuser la réception .

Est-il informé de la boucherie d'Abbeville ? Sait-il que l'on brûle les hommes en Picardie pour n'avoir pas ôté leur chapeau quand la procession passe ? Il y a grande apparence qu'on deviendra bientôt anthropophages, tant les mœurs se perfectionnent . »

1 Original avec cachet « Genève », à Neuchâtel, fonds Boy de La Tour, où manque deux ou trois mots découpés au ciseau .

on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite, et qu’on l’oublie de même

... Plût à Dieu que ce ne soit pas en France ! Mais ça se pourrait pourtant . Il n'est qu'à voir pour qui certains sont prêts à voter .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 auguste 1766 1

J’ai communiqué à votre ami votre lettre du 28. Je vous ai écrit par nos correspondants de Lyon. Nous attendons, monsieur, des lettres d’Allemagne pour l’établissement en question. Je suis toujours très persuadé que votre ami de Paris y trouverait un grand avantage . Il n’y a peut-être que la mauvaise santé de mon correspondant de Suisse qui pût déranger ce projet ; mais si la chose était une fois en train, ni ses maladies ni sa mort ne pourraient empêcher l’établissement de subsister. Il ne s’agit que de se rassembler sept on huit bons ouvriers dans des genres différents, ce qui ne serait point du tout malaisé.

Le seigneur allemand 2 à qui on s’est adressé a eu la petite indiscrétion d’en dire quelque chose à un jeune homme 3 qui peut l’avoir mandé à Paris. On n’était point encore entré avec lui dans les détails . On ne lui avait point recommandé le secret ; on a tout lieu d’espérer qu’étant actuellement mieux instruit, cette petite affaire pourra se conclure avec la plus grande discrétion.

On soutient toujours à Hornoy que tout ce qu’on a dit du sieur Belleval est la pure vérité. Ces anecdotes peuvent très bien s’accorder avec les autres ; elles servent à redoubler l’horreur et l’atrocité de cette affaire, qui est peut-être entièrement oubliée dans Paris ; car on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite, et qu’on l’oublie de même.

Nous doutons fort que le Dictionnaire des Sciences et des Arts 4 soit donné de longtemps aux souscripteurs de Paris. Mais, quoi qu’il en soit, le projet de réduire cet ouvrage, et de l’imprimer en pays étranger, est extrêmement approuvé. Plût à Dieu que je visse le commencement de cette entreprise ! Je mourrais content, dans l’espérance que le public en verrait la fin.

On dit qu’on fait des recherches chez tous les libraires dans les provinces de France. On a déjà mis en prison, à Besançon, un libraire nommé Fantet 5. Nous ne savons pas encore de quoi il est question.

Toute notre famille vous fait les plus tendres compliments. Nous espérons recevoir de vous incessamment le mémoire en faveur du Breton 6, et ensuite celui du Languedochien 7.

Adieu, monsieur ; on vous aime bien tendrement.

Boursier et compagnie.

On me recommanda, ces jours passés, une lettre pour un notaire ; en voici une autre qu’on m'adresse pour un procureur ; l’amitié ne rougit point de ces petits détails . »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. où manque le post scriptum ; l'Edition Correspondance Littéraire , une fois d eplus omet le destinataire .

2 Frédéric II de Prusse .

3 Louis-François, fils de Théodore Tronchin . Voir les lettres de Frédéric II de Prusse : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6474

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6482

4 L’Encyclopédie .

5  Fantet ouvre une librairie à Besançon en 1751. Dénoncé par l'un de ses clients, il est arrêté le 18 juillet 1766 et incarcéré pour contrefaçon et vente de livres illicites

Voir la Lettre d'un membre du conseil de Zurich, de V* : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_d%E2%80%99un_membre_du_conseil_de_Zurich/%C3%89dition_Garnier

6 La Chalotais

7 Sirven