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24/12/2021

Je viens d’entendre des morceaux de Pandore ; je vous assure qu’il y en a d’excellents

... Cher ami Voltaire , je vous crois sur parole, mais permettez-moi de trouver supérieur ce qui suit : https://www.youtube.com/watch?v=xbhCPt6PZIU

Pour Noël : Stairway to heaven ! Eviva Led Zepp'!

Led Zeppelin - Stairway To Heaven (NOT LIVE) (Perfect Audio) - YouTube

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è septembre 1766

Mes divins anges, je vous avouerai longtemps que j’ai été pénétré de l’aventure que vous savez. Le jugement flétrissant porté unanimement contre ce monstre de Broutet a été une goutte de baume sur une profonde blessure. J’étais dans une si horrible mélancolie que, pour me guérir, j’ai fait venir toute la troupe des comédiens de Genève, au nombre de quarante-neuf, en comptant les violons. J’ai vu ce que je n’avais jamais vu, des opéras-comiques . J’en ai vu quatre. Il y a une actrice très supérieure, à mon gré, à Mlle Dangeville ; mais ce n’est pas en beauté : elle est pourtant très bien sur le théâtre. Elle a, par-dessus Mlle Dangeville, le talent d’être aussi comique en chantant qu’en parlant. Il y a deux acteurs excellents ; mais rien pour le tragique ni pour le haut comique en aucun lieu du monde. Cela prouve évidemment que le cothurne est à tous les diables, et que la nation est entièrement tournée aux tracasseries parlementaires, aux horreurs abbevilliennes, et à la farce. J’ai vu jouer aussi Henri IV . Vous croyez bien que cela n’a pas déplu à l’auteur de la Henriade.

J’ai reçu une lettre charmante de M. le duc de Choiseul . En vérité, c’est une belle âme ; lui et M. le duc de Praslin sont de l’ancienne chevalerie ; mais je doute que M. Pasquier en soit.

Le petit Commentaire sur les Délits et les Peines 1, d’un avocat de Besançon, réussit beaucoup dans la province et chez l’étranger.

Il y a dans le parlement de Besançon un procureur général 2 qui est un bœuf . Le parlement lui fait souvent l’affront de nommer le greffier en chef pour faire les fonctions de procureur général dans les affaires difficiles. Ce bœuf alla mugir, ces jours passés, chez un libraire qui vendait ce que les sots appellent de mauvais livres ; il le fit mettre en prison, et requit qu’on le fît pendre, en vertu de la belle loi émanée en 1756 . Car les Velches ont aussi quelquefois des lois. Le Parlement, d’une voix unanime, renvoya le libraire absous, et le bœuf, en mugissant, dit au libraire ,  Mon ami, ce sont les livres que vous vendez qui ont corrompu vos juges. 

Voilà de beaux exemples. Ô Welches  profitez ! Mais cependant je n’ai point encore le factum pour les Sirven 3; mes anges l’ont-ils vu ? Je crois que je me consolerais de tout si je gagnais ce procès . Non, je ne me consolerais point : le monde est trop méchant.

Jean-Jacques Rousseau est un étonnant fou.

J’ai chez moi actuellement M. de La Borde, qui met en musique le péché originel, sous le nom de Pandore 4. Le bon de l’affaire, c’est que monsieur le dauphin lui avait proposé cet opéra quelques mois avant sa mort.

Respect et tendresse.

V.

N. B. -- Je viens d’entendre des morceaux de Pandore ; je vous assure qu’il y en a d’excellents. »

3 Voir lettre du 8 octobre 1766 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6529

il avait fait quelques commissions pour vous . Il ne m’a pas dit ce que c’était

... Radio Bruits de couloirs : Non, madame , ni votre meilleure amie, ni votre concierge ne sauront vous révéler ce que monsieur va vous offrir , et c'est tant mieux ; si déception il y a, elle arrivera toujours bien trop tôt .

Ô magie de Noël ! comme dit l'innocent aux mains pleines .

PAQUES..... - Le blog de creationsmamapah.over-blog.com

http://creationsmamaph.over-blog.com/2015/04/paques.html

Un cadeau, c'est un cadeau ! Pas de saison pour ça .

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

19 septembre 1766 à Ferney

J’ai reçu, monsieur, la traduction de l’Exorde des Lois de Zaleucus 1, l’un des plus anciens et des plus grands législateurs de la Grèce. C’est un précieux monument de l’antiquité , il sert à prouver que nos premiers maîtres ont toujours reconnu un Dieu suprême qui lit dans le cœur des hommes, et qui juge nos actions et nos pensées. Il n’y a que la malheureuse secte d’Épicure qui ait jamais combattu une opinion si raisonnable et si utile au genre humain . La piété et la vertu sont de tous les temps.

Vous me mandez que vous avez trouvé des barbares, indignes de la société des honnêtes gens, qui se sont élevés contre ce fragment si respectable. Il est triste que, dans notre nation, il y ait des gens si absurdes . C’est le fruit de l’ignorance où l’on vit dans la plupart des provinces, et de la misérable éducation qu’on y a reçue jusqu’à présent. La rouille de l’ancienne barbarie subsiste encore. On trouve cent chasseurs, cent tracassiers, cent ivrognes, pour un homme qui lit ; c’est en quoi les Anglais, et même les Allemands, l’emportent prodigieusement sur nous.

J’ai vu, ces jours passés, M. Boursier 2, qui m’a dit qu’il avait fait quelques commissions pour vous . Il ne m’a pas dit ce que c’était . Tout ce que je sais, c’est qu’il vous est attaché comme moi. Soyez bien persuadé, monsieur, des tendres sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire.»

1 Voir l'Essai sur les mœurs, page 78  : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Introduction#p78

V* fait apparemment allusion à la préface, faussement attribuée à Zaleucus, publiée par Strobée dans son Florilegium, XLIV, xx-xxi ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Stob%C3%A9e

et : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1755265

2 Il s’agit peut-être ici du Recueil nécessaire : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Introduction

Le Recueil nécessaire, à Leipzig, 1765, in-8°, contient : 1° Avis de l’éditeur ; 2° Analyse de la religion chrétienne (sous le nom de Dumarsais) ; 3° le Vicaire savoyard, tiré de l’Émile de Rousseau ; 4° Catéchisme de l’Honnête Homme (voir tome XXIV, page 523) ; 5° Sermon des Cinquante (voir tome XXIV, page 437) ; 6° Examen important, par milord Bolingbroke (c’est-à-dire par Voltaire ; voyez tome XXVI, page 195) ; 8° Dialogue du Douteur et de l’Adorateur (Voyez tome XXV, page 129) ; 8° Les dernières paroles d’Épictète à son fils (voyez tome XXV, page 125) ; 9° Idées de La Mothe Le Voyer (voyez tome XXIII, page 489).

vous n’ignorez pas tous les bruits qui ont couru

... Eh bien , moi , si !

Je me garde précieusement à l'écart des réseaux sociaux chronophages et m'offre le luxe de n'avoir pas à purger à longueur de journée ma boîte aux lettres . Des amis en chair et en os sont bien préférables, et à tous ceux qui se flattent d'avoir des kyrielles de followers , je rappelle ce que chante le Grand Jacques : " il est plus humiliant d'être suivi que suivant " https://www.youtube.com/watch?v=XVWaGlpOPnY

VIDEO. Réseaux sociaux: Notre addiction résumée en 99 secondes

Ce n'est pas faute d'avoir été prévenus : https://www.20minutes.fr/high-tech/1833499-20160425-video...

 

 

« A Jean-François de La Harpe

17 septembre 1766

Mon cher confrère et mon cher enfant, je vous remercie bien tard, mais j’ai été malade. J’ai pris les eaux, et pendant ce temps-là on n’écrit point. Vous savez aussi peut-être combien j’ai été affligé d’une aventure 1 dont vous avez entendu parler à Hornoy ; vous n’ignorez pas tous les bruits qui ont couru . Je suis sûr enfin que vous me pardonnerez mon silence . Comptez que je n’en ai pas moins été sensible à vos succès 2 et à votre gloire. Je suis persuadé que vous avez achevé actuellement votre tragédie, car vous travaillez avec la facilité du génie. Je ne sais si vous aurez des acteurs, . Je ne suis sûr que de vos beaux vers. Votre ami M. de Chamfort m’a envoyé sa pièce académique 3. Vous avez un frère en lui, vous êtes l’aîné ; mais ce cadet me paraît fort aimable, et très digne de votre amitié. Votre union fait également honneur au vainqueur et au vaincu . Je voudrais vous tenir l’un et l’autre dans ma retraite. Je vois que vous n’y viendrez que quand les beaux jours seront passés, mais vous ferez les beaux jours. Vous me trouverez peut-être vieilli et triste ; vous me rajeunirez, et vous m’égaierez. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V. »

1 Le supplice de La Barre.

3 Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort : L’Homme de lettres, discours philosophique en vers, 1766, envoyé à l'Académie en même temps que le poème de La Harpe pour le concours du prix de poésie.

: Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/11895962/te/page1