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21/02/2022

Je crois qu’il est de votre intérêt de temporiser au moins quinze jours, et peut-être trois semaines

... C'est un conseil d'ami cher tzar Poutine , prenez exemple sur nous, en France, qui n'avons pas envoyé le moindre char d'assaut en Bretagne, ni en Corse ou Guadeloupe qui voulaient faire sécession, ce qui, vous l'avouerez est une grande preuve de courage et abnégation , leur perte entrainant de substantiels déficits de PIB . Vous ne me croyez pas ? tant pis , mais vous êtes prévenu , la honte sera sur vous .

Causons d'abord : https://www.laprovence.com/article/france-monde/6668086/direct-laprovence-crise-en-ukraine-le-kremlin-juge-premature-dorganiser-un-sommet-poutine-biden-air

 

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

20 novembre [1766] au soir 1

Je reçois votre paquet, monsieur. Il y a à la page 152, ligne 14, procrivit pour proscrivit. Je me souviens qu’il y avait aussi quelques fautes dans la pièce. Je ne peux vous les indiquer, parce que j’ai envoyé l’ouvrage au roi de Prusse, qui m’avait demandé si je ne pouvais pas lui faire avoir quelques vers nouveaux de Paris.

La Justification de Jean-Jacques est d’un sot 2 . Il méritait au moins d’être défendu par un fou qui eût de l’esprit.

Quand vous aurez achevé votre besogne, je vous supplierai de vouloir bien, monsieur, m’envoyer deux exemplaires que je garderai fidèlement . L’un est pour ma nièce, l’autre est pour moi.

Je vous demande encore en grâce de ne point ouvrir votre glacière au public de plus de quinze jours après l’impression . La raison en est qu’on va donner au théâtre quelque chose de fort chaud, à ce que l’on dit 3, et que la glace du Triumvirat pourrait trop refroidir le public sur les petits pâtés tout chauds qu’on va lui donner. Je vous confie tout cela sous le plus profond secret. Je crois qu’il est de votre intérêt de temporiser au moins quinze jours, et peut-être trois semaines. Vous sentez bien que, si les pâtés tout chauds étaient mangés avec plaisir, votre fromage à la glace serait bien mieux reçu.

La lettre à M. le docteur Pansophe n’est assurément point de moi ; on m’assure qu’elle est de l’abbé Coyer, et je crois y reconnaître son style. Elle est fort jolie, à quelques longueurs et quelques répétitions près , mais il est fort mal à l’abbé Coyer de mettre sous mon nom une chose que je n’ai point faite. C’est un procédé qui me fait beaucoup de peine. Je vous prie très instamment de désabuser ceux qui croient que cette lettre est de moi.

Recevez mes très tendres amitiés, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

V.

21è novembre 1766 4. »

1 Première date autographe, Cayrol change ce premier quantième en 21 .

2 Justification de Jean-Jacques Rousseau dans la contestation qui lui est survenue avec M. Hume , de Johann Heinrich Füssli : https://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Heinrich_F%C3%BCssli

3 Les Scythes ne seront pas joués avant le 26 mars 1767 .

4 Cette seconde date s'explique par le fait que la présente lettre dictée le 20 ne fut envoyée que le lendemain .

Ô anges ! je n’ai jamais tant été au bout de vos ailes

... Si cet énergumène de Zemmour fait appel à St Michel archange* comme chef des troupes angéliques qui doivent nous défendre du démon -donc tous ceux qui ne sont pas de son avis-, sur quel camp diabolique le fait-il aller combattre du côté de l'Ukraine ? Ce truqueur patenté a le trouillomètre à zéro et faute d'avoir 500 signatures de maires il fait appel aux anges guerriers . Je ne doute pas que d'ici peu il se réclame des signatures de zombies, dont il a déjà la trombine .

* Pour info : https://www.universalis.fr/encyclopedie/michel/

AlainTruong on Twitter: "#dessin de @nawak_dessins #generaldegaulle  #general #degaulle #ericzemmour #zemmour #cartoon #caricature #illustration  #politique #humour Reposted from @grisetsissi https://t.co/ThH5OuJplF" /  Twitter

Il n'y a pas que les anges qui soient fâchés par l'énergumène

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20 novembre 1766

Divins anges, vous vous y attendiez bien ; voici des corrections que je vous supplie de faire porter sur le manuscrit.

Maman Denis et un des acteurs 1 de notre petit théâtre de Ferney, fou du tripot, et difficile, disent qu’il n’y a plus rien à faire, que tout dépendra du jeu des comédiens ; qu’ils doivent jouer Les Scythes comme ils ont joué Le Philosophe sans le savoir 2, et que les Scythes doivent faire le plus grand effet, si les acteurs ne jouent ni froidement ni à contre-sens.

Maman Denis et mon vieux comédien de Ferney assurent qu’il n’y a pas un seul rôle dans la pièce qui ne puisse faire valoir son homme. Le contraste qui anime la pièce d’un bout à l’autre doit servir la déclamation, et prête beaucoup au jeu muet, aux attitudes théâtrales, à toutes les expressions d’un tableau vivant. Voyez, mes anges, ce que vous en pensez . C’est vous qui êtes les juges souverains.

Je tiens qu’il faut donner cette pièce sur-le-champ, et en voici la raison. Il n’y a point d’ouvrage nouveau sur des matières très délicates qu’on ne m’impute . Les livres de cette espèce pleuvent de tous cotés. Je serai infailliblement la victime de la calomnie si je ne prouve l’alibi. C’est un bon alibi qu’une tragédie. On dit : « Voyez ce pauvre vieillard ! peut-il faire à la fois cinq actes, et cela, et cela encore ? » Les honnêtes gens alors crient à l’imposture.

Je vous supplie, ô anges bienfaiteurs ! de montrer la lettre ci-jointe 3 à M. le duc de Praslin, ou de lui en dire la substance. Il sera très utile qu’il ordonne à un de ses secrétaires ou premiers commis d’encourager fortement M. du Clairon à découvrir quel est le polisson qui a envoyé de Paris aux empoisonneurs de Hollande son venin contre toute la cour, contre les ministres, et contre le roi même, et qui fait passer sa drogue sous mon nom 4.

Comme j'en étais là, je reçois votre lettre du 13 . je pense absolument comme M. le duc de Praslin, qu'il ne faut pas imprimer les lettres de Jean-Jacques tirées du dépôt 5 , avec l’authenticité d'une permission du ministère . Mais il faudra bien les imprimer et rectifier les dates, si Jean-Jacques ose nier son écriture, ce 6 qu'il fera sans doute en se prévalant de la méprise sur ces dates, on peut avoir eu ces lettres originales des héritiers de M. du Theil . Elles ne sont point censées devoir être dans le dépôt des Affaires étrangères, parce qu'elles ne regardent point les affaires d’État, et que ce n'est qu'une discussion entre un maître et un valet menacé de coups de bâton .

La lettre sous mon nom au docteur Pansophe est probablement de l'abbé Coyer . Si je l'avais écrite, je serais bien loin de la désavouer, elle est digne des Provinciales .

Mais prenez garde que je mentirais si ayant eu le bonheur d’écrire cette lettre charmante à Jean-Jacques je disais à M. Hume que je n'ai pas écrit à Jean-Jacques depuis 7 ans .

Cela est très vrai . Je ne mens point, ma lettre à M. Hume ne contient que des faits incontestables, et des faits qu'il m'était important d'éclaircir . Ce malheureux m'avait calomnié, et il a fallu me justifier 7 .

Voici la destination que je fais, selon vos ordres, des rôles pour l’académie royale du Théâtre-Français.

Ô anges ! je n’ai jamais tant été au bout de vos ailes.

V.

N. B. Il y a pourtant dans la Lettre au docteur Pansophe des longueurs et des répétitions. Elle est certainement de l’abbé Coyer.

N. B. Voulez-vous mettre mon gros neveu, l’abbé Mignot, du secret ? »

1 Voltaire lui-même.

4 Il s’agit toujours des lettres qui donnèrent lieu à l’Appel au public ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/589

5Elles sont publiées dans les Notes sur la lettre de M. de Voltaire à M. Hume (novembre 1766 ) : https://fr.wikisource.org/wiki/Notes_sur_la_lettre_%C3%A0_Hume

6 Ici se termine la quatrième page du manuscrit original ; la suite a été prise de la copie Beaumarchais-Kehl .

7 Les quatre paragraphes qui précèdent ont été biffés sur la copie Beaumarchais-Kehl et de ce fait manquant dans toutes les éditions . Cette suppression est caractéristique : les éditeurs de Kehl suppriment ce qui peut témoigner d'une hostilité trop violent à l'intérieur du groupe des « philosophes ».

Je suis bien malade, mon cher ami, mais je ne suis pas oisif

... Et j'en connais des qui ne sont pas malades et cependant oisifs plus que de raison : les ceusses de la SNCF (Société Nourrissant Certains Fainéants ), grévistes patentés .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 novembre 1766 1

Mon cher ami, j'ai écrit à M. Chardon ; j'ai fait souvenir M. le duc de Choiseul de la bonté qu'il a eue de nous le procurer pour rapporteur . Mme de Beaumont a dû recevoir la lettre que je vous envoyai pour elle . Je suis bien malade, mon cher ami, mais je ne suis pas oisif ; je mourrai en travaillant et en vous aimant . »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; l'édition Correspondance littéraire ne désigne toujours pas le destinataire .