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09/04/2022

quand il s’agit de faits, le pape même n’est pas infaillible

...Mais cependant, heureusement, le pape François sait dénoncer la "guerre odieuse" en Ukraine et exige "mettez fin à cette guerre" . Poutine va-t-il demander, comme le Staline de triste mémoire :"Le pape, combien de divisions ?"

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

5 janvier [1767], à deux heures

La poste part dans le moment ; nous n’avons que le temps de dire que nous venons de recevoir la copie du mémoire de mon cher ange à monsieur le vice-chancelier. Malheureusement ce mémoire contredit toutes nos requêtes ; nous avons toujours articulé que nous ne connaissions pas la dame Doiret. Nous avons commencé un procès contre elle, et tout cela est très vrai. Mon cher ange dit dans le mémoire que la Doiret est cousine de la femme de charge du château : c’est nous rendre évidemment ses complices. Nous conjurons mon cher ange de dire qu’il s’est trompé, comme il s’est trompé en effet. Cela n’arrive pas souvent à mon cher ange ; mais quand il s’agit de faits, le pape même n’est pas infaillible. Au nom de Dieu, tenez-vous-en à notre dernière requête à monsieur le vice-chancelier. Je vais dans le moment à Soleure rendre compte de plusieurs affaires importantes à monsieur l’ambassadeur. »

Vous savez que je n’ai absolument rien à me reprocher ; mais vous savez aussi que cela ne suffit pas

... pour me présenter avec un programme électoral meilleur que celui de mes concurrents et adversaires", telle doit être la conviction de la douzaine d'apôtres qui s'offre en sacrifice pour une destinée présidentielle ; quant à Judas , on attend 20h 05 demain pour connaître les résultats du casting ; avec la réjouissante perspective de sa pendaison , les fournisseurs de corde se bousculent au portillon .

Judas Iscariote.

Pour trente deniers, aujourd'hui, pas même de quoi acheter la corde ...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Dimanche soir, 4 janvier 1767

En attendant que je reçoive demain une lettre de vous, mon divin ange, sur cette malheureuse affaire, je dois vous instruire de tout dans le plus grand détail.

Cette femme innocente et infortunée est en route, comme je vous l’avais marqué. Mais ce nom de Lejeune, sous lequel elle était venue, me fait toujours trembler. Son mari lui avait donné un billet pour les Cramer, dans lequel il spécifiait les marchandises qu’elle devait acheter. Les Cramer, qui sont mes libraires, n’ont point de ces effets dangereux ; ils n’impriment que mes ouvrages. Elle s’adressa à un autre, et lui laissa par malheur la note de son mari, signée Le Jeune, valet de chambre de M. D. C’était une note particulière de son mari à elle : il faut qu’elle soit tombée par mégarde quand on faisait ses petits ballots, car elle est très prudente et ne compromet personne. Je retirerai ce billet ; n’en soyez point en peine ; ne grondez point votre valet de chambre, et encore moins cette pauvre femme ; ce qui est fait est fait : il ne s’agit que de se tirer de ce bourbier.

Après nous être tournés de tous les sens, il nous a paru que le procès criminel contre la Doiret était trop dangereux, parce qu’elle est trop connue sous le nom de Lejeune, parce que tous nos domestiques seraient interrogés ; parce que cette femme ayant demeuré huit jours avec eux, ils ont su qui elle est et qui est son mari ; parce qu’enfin, ayant resté plusieurs jours chez nous et s’étant servie de notre équipage, nous sommes présumés être ses complices, quoique assurément nous en soyons bien éloignés. Le mieux est sans doute d’étouffer l’affaire ; mais comment s’y prendre ? Je n’en sais rien, au milieu de mes neiges, avec un quart d’apoplexie et la faiblesse où je suis.

Je pense même que monsieur le vice-chancelier y sera fort embarrassé . Il ne le serait pas si vous étiez son ami intime. Je crois pourtant que vous étiez assez lié avec lui quand il était premier président. Enfin vous êtes sur les lieux ; mais peut-être un vieux vice-chancelier n’a point d’amis, et moi j’ai beaucoup d’ennemis. Vous savez que je n’ai absolument rien à me reprocher ; mais vous savez aussi que cela ne suffit pas.

Je persiste entièrement dans mon premier avis, qui est que monsieur le vice-chancelier se fasse représenter les malles adressées à la dame Doiret, de Châlons, qu’il fasse brûler secrètement ce qu’elles contiennent, et qu’il laisse Mme Denis disputer son droit en matière civile contre la saisie illégale de ses équipages. Il est certain que cette saisie ne peut se soutenir en justice réglée ; les commis mêmes ne l’entreprendront pas. Cette tournure, que je proposai d’abord, me parait encore la meilleure de toutes, quoiqu’elle me soit venue dans l’esprit, et que je n’aie pas d’ordinaire grande foi à mes expédients. Mme Denis vous embrasse cent fois, elle est consternée et malade . Je serais au désespoir de la quitter dans cet état.

Voici cependant un exemplaire que vous pourrez faire lire à Lekain. Je vous adresserai bientôt l’ouvrage avec la musique en marge 1. Vous voyez que l’état horrible où je suis ne me fait pas négliger les belles-lettres, qui sont, après vous, la plus douce consolation de ma vie. Adieu, mon très cher et très adorable ange.

V. »

1 C’est-à-dire avec le jeu des acteurs en marge des Scythes.

vieilles fêtes oubliées qui plaisent fort peu le même jour qu'on les donne, qui affadissent le lendemain

... Au soir du premier tour ce dimanche !

 

 

« A Gabriel Cramer

[3 janvier 1767] 1

Voilà, monsieur Caro, des choses intéressantes qui vous fourniront un joli tome bien complet, et meilleur 2 que de vieilles fêtes oubliées ( qui plaisent fort peu le même jour qu'on les donne, qui affadissent le lendemain ; et qu'on ne peut jamais lire [ )].

Tâchez de me trouver un correcteur d'imprimerie, car je pars, après avoir été douze ans votre premier garçon .

Je suis d'ailleurs un très mauvais réviseur de feuilles . Je vous recommande instamment l’ouvrage de M. d'Alembert .

Je vous ai envoyé hier par un domestique, à 4 heures du soir, un errata des Scythes qui est immense avec les deux cartons nécessaires . Dans l'un il y avait un vers oublié, et dans l'autre quatre . Il y a des pages qui ne sont point numérotées, d'autres qui le sont mal .

Je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 Cette lettre et la suivante est datée par référence à la visite de Beauteville à Soleure ; voir lettre du 5 janvier 1767 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-3.html

2 L'édition Besterman porte et le meilleur, qui ne donne pas de sens satisfaisant ; au reste il est difficile de dire ce que sont les « vielles fêtes oubliées » .