24/05/2022
Il nous manque l’agrément de la peste
... Alors, modestement, contentons-nous de la variole du singe : https://www.midilibre.fr/2022/05/24/variole-du-singe-la-h...
« A Marie-Françoise-Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers-Remiencourt
A Ferney, 30è janvier 1767
A mon âge, madame, on ne peut plus satisfaire ses passions . Il y a un mois que je suis dans mon lit, et si je me faisais transporter à Lyon pour vous faire ma cour, vingt pieds de neige qui couvrent nos montagnes m'empêcheraient d'arriver .
Je ne sais si j'ai eu l'honneur de vous mander que nous avons la guerre et la famine dans la très belle et très détestable vallée où je comptais mourir doucement . Il nous manque l’agrément de la peste .
Je n'aurais pas été étonné, madame, qu'un ministre de six pieds , ou de trois et demi, m'eût refusé, si je lui avais demandé quelque chose ; mais je le suis qu'on ait eu si peu d'égard pour un prince beau et bien fait et qui a beaucoup d'esprit 1 ; il y a quelque chose qui a plus de crédit que lui .
Je ne sais, madame, si vous allez à la cour ou à la ville, mais en quelque lieu que vous soyez, vous ferez les délices de tous ceux qui seront assez heureux pour vivre avec vous . Cette consolation m'a toujours été enlevée . Votre souvenir peut seul consoler le plus respectueux et le plus attaché de vos anciens serviteurs .
V. »
1 Beauvau , voir lettre du 10 décembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/09/la-chose-presse-j-attends-tout-d-un-coeur-comme-le-votre-6370463.html
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