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28/09/2022

on est très découragé quand les faux connaisseurs et les cabales décrient l’ouvrage à tort et à travers

... Fabrice Di Vizio, avocat borné et menteur, est un de ces malfaisants, avocat des "antivax" ( et bien entendu un chouchou de Cyril Hanouna qui se croit génial de mettre en lumière des minus habens de son niveau ) : https://www.la-croix.com/France/Lavocat-anti-vaccins-Fabrice-Di-Vizio-juge-pairs-2022-09-27-1201235148

et https://actu.orange.fr/societe/videos/opposition-au-pass-sanitaire-et-a-la-vaccination-six-mois-d-interdiction-d-exercer-la-profession-d-avocat-dont-trois-fermes-requis-contre-me-fabrice-di-vizio-CNT000001SUpFl.html

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

11è Avril 1767 

Je reçois deux lettres bien consolantes de M. d’Argental et de M. de Thibouville, écrites du 2 d’avril. Ma réponse est qu’on s’encourage à retoucher son tableau, lorsqu’en général les connaisseurs sont contents, mais qu’on est très découragé quand les faux connaisseurs et les cabales décrient l’ouvrage à tort et à travers . Alors on ne met de nouvelles touches que d’une main tremblante, et le pinceau tombe des mains.

Vous me faites bien du plaisir, mon cher ange, de me dire que mademoiselle Durancy a saisi enfin l’esprit de son rôle, et qu’elle a très bien joué ; mais je doute qu’elle ait pleuré, et c’était là l’essentiel . Madame de La Harpe pleure.

Je vais écrire à M. le maréchal de Richelieu 1, qui ne fait que rire de toutes les choses qui sont très essentielles pour les amateurs des beaux-arts, et je lui parlerai de mademoiselle Durancy comme je le dois. Mais vous avez à Paris M. le duc de Duras, qui a du goût et de la justice. Je suppose, mon cher ange, que vous avez raccommodé la sottise de Lacombe. Vous me demandez pourquoi j’ai choisi ce libraire : c’est qu’il avait rassemblé il y a deux ans, avec beaucoup d’intelligence, quantité de choses éparses dans mes ouvrages, et qu’il en avait fait une espèce de Poétique 2 qui eut assez de succès.

Il m’écrivit des lettres fort spirituelles. Je ne savais pas qu’il fût lié avec Fréron. Il me semble qu’il en a agi comme les Suisses, qui servaient tantôt la France et tantôt la maison d’Autriche. Enfin il me fallait un libraire, et j’ai préféré un homme d’esprit à un sot.

Il faut vous dire encore que, lorsque je lui envoyai la pièce à imprimer, mon seul but était de faire connaître aux méchants, et à ceux qui écoutent les méchants, qu’un homme occupé d’une tragédie ne pouvait l’être de toutes les brochures qu’on m’attribuait. Vous savez bien que je voulais prouver mon alibi.

A présent que je suis un peu plus tranquille et un peu plus rassuré contre la rage des Velches, j’ai revu les Scythes avec des yeux plus éclairés, et j’y ai fait des changements assez importants. Je crois que la meilleure façon de vous faire tenir toutes ces corrections éparses est de les rassembler dans le volume même ; j’y ferai mettre des cartons bien propres, afin de ménager vos yeux.

J’attends l’édition de Lacombe, pour vous renvoyer deux exemplaires bien corrigés. Mais croirez-vous bien que je n’ai pas cette édition encore ? La communication interrompue entre Lyon et mon petit pays me prive de tous les secours. J’ai vingt ballots à Lyon, qui ne m’arriveront probablement que dans trois mois. Je ne sais pas pourquoi je ris de la guerre de Genève, car elle me gêne infiniment, et me rend l’habitation que j’ai bâtie insupportable.

Si je ne puis avoir l’édition de Lacombe, je me servirai de celle des Cramer, quoiqu’elle soit déjà chargée de corrections qui font peine à la vue.

Quand vous aurez la pièce en état, je vous demanderai en grâce qu’on la joue deux fois après Pâques, en attendant Fontainebleau. Une fois même me suffirait pour juger enfin de la disposition des esprits, qu’on ne peut connaître que quand ils sont calmés.

Peut-être le rôle d’Athamare n’est pas trop fait pour Lekain. Il faudrait un jeune homme beau, bien fait, passionné, pleurant tantôt d’attendrissement et tantôt de colère, n’ayant que des paroles de feu à la bouche dans sa scène avec Obéide au troisième acte ; point de lenteur, point de gestes compassés.

Il faudrait d’autres vieillards que Dauberval, il faudrait d’autres confidents ; mais le spectacle de Paris, le seul spectacle qui lui fasse honneur dans l’Europe, est tombé dans la plus honteuse décadence, et je vous avoue que je ne crois pas qu’il se relève.

M. de La Harpe était le seul qui pût le soutenir ; le mauvais goût et les mauvaises intentions l’effraient. Il n’a rien, il n’a été que persécuté ; il pourra bien renoncer au théâtre, et passer dans les pays étrangers.

Vous me parlez des caricatures que vous avez de ma personne. Je n’ai jamais eu l’impudence d’oser proposer à quelqu’un un présent si ridicule. Je ne ressemble point à Jean-Jacques, qui veut à toute force une statue 3. Il s’est trouvé un sculpteur, dans les rochers du mont Jura, qui s’est avisé de m’ébaucher de toutes les manières . Si vous m’ordonnez de vous envoyer une de ces figures de Callot 4, je vous obéirai.

Je vous assure que je suis très affligé de n’être sous vos yeux qu’en peinture.

Mlle Saint-Val, comme je vous l’ai dit, me demande à jouer Olympie. Si elle a ce qu’on n’a plus au théâtre, c’est-à-dire des larmes : de tout mon cœur.

Vous trouvez qu’on peut faire un partage des autres pièces entre Mlle Dubois et Mlle Durancy . Votre volonté soit faite.

Je compte qu’une grande partie de cette lettre est pour M. Thibouville aussi bien que pour mes anges. J’obéirai d’ailleurs aux ordres de M. de Thibouville, à la première occasion que je trouverai.

Je me mets aux pieds de madame d’Argental. »

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