20/01/2023
Si j'étais une jeune et jolie femme, je sais bien comment je récompenserais un homme qui m'aurait adressé de si jolis vers
... Fi du 49-3 !
« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore etc.
rue Neuve-des-Capucines
à Paris
Je vous fais bien tard mes remerciements, monsieur ; ils n'en sont pas assurément moins sincères . Un petit voyage et les maladies qui accablent ma vieillesse ne m'ont pas permis de vous dire plutôt 1 avec quelle satisfaction j'ai relu votre héroïde, et le plaisir extrême que m'a fait votre épître 2 . Si j'étais une jeune et jolie femme, je sais bien comment je récompenserais un homme qui m'aurait adressé de si jolis vers ; il n'aurait pas à se plaindre de moi . Je n'ai rien vu d'écrit avec plus de grâce . Je suis persuadé que la dame vous a bien payé de vos peines . Les amants malheureux ne font pas des vers si agréables . Plus je lis ces ouvrages qui sont du meilleur ton, plus j'ai bonne opinion de votre commentaire sur Racine qui était le poète du sentiment . J’espère que nous aurons bientôt l'édition que vous nous avez promise . Ce sera un grand service que vous rendrez à la littérature ; je l'attends avec la plus grande impatience ; elle sera l'ornement de ma bibliothèque et l'occupation de mes journées .
J’ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
4è juillet 1767 à Ferney. »
1 C'est-à-dire plus tôt .
2 Une note de Blin de Sainmore sur une copie faite par lui de la lettre de V* précise qu'il s’agit d’une « nouvelle édition de l'héroïde de Calas précédée d'une épître à Mme*** [Élie de Beaumont) sur le sentiment », c'est-à-dire la Lettre de Jean Calas à sa femme et à ses enfants, 1767, tournée en « héroïde » à la mode du temps ; voir : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/2879b220932eff741dc05174d5803a45.pdf
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