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20/04/2023

On dit que les vieillards n'aiment rien, cela n'est pas vrai

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« A Etienne-Noël Damilaville

4 septembre 1767 1

Je reçois, monsieur, votre lettre du 29 d'auguste. Tous les paquets arrivent de Paris en pays étranger, mais rien n'arrive de nos cantons à Paris.

Je vois très souvent votre ami, qui vous aime tendrement. Il voudrait bien avoir le Panégyrique de Louis IX 2. Mais je crois que l'impératrice russe méritera un plus beau panégyrique. Quelle époque, mon cher monsieur! Elle force les évêques sarmates à être tolérants, et vous ne pouvez en faire autant des vôtres. Ô Welches! pauvres Welches! quand l'étoile du Nord pourra-t-elle vous illuminer?

Savez-vous bien qu'on fait actuellement des vers à Petersbourg mieux qu'en France? savez-vous, mes pauvres Welches, que vous n'avez plus ni goût ni esprit? Que diraient les Despréaux et les Racine, s'ils voyaient toutes les barbaries de nos jours? Les barbares Illinois 3 l'ont emporté sur le barbare Crébilion . Le barbare Guillaume Tell le dispute aux Illinois par-devant l'auteur de Childebrand 4 : ah! mon Dieu, polissons que vous êtes! combien je vous méprise! Nous avons du moins chez nous deux hommes qui ont du goût 5, et c'est ce qui se trouvera difficilement à Paris. La nation m'indigne. Bonsoir, mon cher monsieur , vous avez dans mon voisinage un ami qui vous aime avec la plus vive tendresse, tout vieux qu'il est. On dit que les vieillards n'aiment rien, cela n'est pas vrai. Voici un petit billet qu'on m'a donné pour M. Delembertad 6.

Boursier. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. où manquent la dernière phrase et la signature ; édition de Kehl avec deux omissions .

3 Hirsa, ou les Illinois, tragédie de Sauvigny

4 On ne connaît pas de pièce de ce nom ; il doit s'agir de Childéric de Pierre de Morand ; voir lettre du 22 juin 1737 à d'Argens : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...

et du 5 août 1752 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1752/Lettre_2405

Voir pourtant aussi la lettre du 7 décembre 1767 à Chabanon , où V* cite Boileau parlant d'un Childebrand . Les mots Guillaume Tell sont omis dans l'édition de Kehl, de même que mon Dieu dans la suite de la phrase .

( D'après ce que Voltaire a dit dans la lettre 7000, le nom laissé ici en blanc est sans doute celui de Le Mierre, ou celui de son Guillaume Tell. . Moland . Voir lettre du 2 septembre à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/04/17/vivez-donc-mes-anges-pour-vous-opposer-a-ce-torrent-de-betis-6438795.html)

5 Chabanon et La Harpe .

6 Peut-être la lettre du même jour, mais ce n'est pas un « petit billet »

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